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Critique de Domichel


Regain.
Je connaissais le film de Pagnol, avec Orane Demazis, vu il y a forcément longtemps, car il y a bien longtemps qu'on ne passe plus ces films sur le petit écran.
Je connaissais le sens de ce mot, le retour d'énergie, de santé, de sentiment.
Mais avais-je jamais su le sens original du mot ? Pas sûr en tout cas, cette repousse de la végétation après les moissons, est aussi une belle image quand elle s'apparente au retour vers la nature de l'homme qui s'en est éloigné petit à petit, cédant aux mirages de la ville.

Giono en a fait un livre magnifique, composé de deux parties, très différentes.
La première un peu déroutante, nous présente pêle-mêle quelques personnages qui sont les dernières âmes d'Aubignane, petite bourgade perchée sur la montagne de Lure en Haute-Provence. D'abord le père Gaubert, ancien forgeron, qui sent ses forces l'abandonner et décide de partir chez son fils, finir ses jours entouré de sa famille. Ensuite, Zia la “Mamêche” qui n'en finit pas de pleurer son petit, mort dans ses bras, et de son homme disparu sous l'éboulis d'un puits. Et puis il y a Panturle, homme puissant et encore jeune, qui à force de solitude, va se fondre dans la nature sauvage, laquelle vient dévorer le peu qui reste du village. Deux autres personnages s'en viennent à la rencontre de Panturle, sans le savoir, menés par des manifestations bizarres dans le paysage, qui les forcent à s'éloigner du chemin qu'ils comptaient prendre au départ. Gédémus le rémouleur qui va de village en village, accompagné d'Arsule, jeune femme recueillie un jour, et qu'il utilise comme bête de somme pour tirer sa meule.
La deuxième partie, plus classique, relève davantage du récit naturaliste tel que Giono aime à le composer. Sans rien révéler de l'histoire, on assiste à une véritable explosion humaniste de sentiments, contenus dans les âmes et qui ignorent le verbe, mais qui se font jour à travers tous les gestes du quotidien, et de petites attentions entre des êtres qui se découvrent mutuellement avant de n'en devenir qu'un.
Tout le talent de l'auteur prend vie sous sa plume, à travers un ruisseau qui saute d'une rive à l'autre, ou au soleil qui vient percer les nuages, à un souffle de vent qui annonce le printemps, et puis aussi à un vol de grives, ou bien un lièvre au milieu du chemin, qui d'un bond va disparaître dans les genévriers.
Ce troisième tome de la Trilogie de Pan, indépendant par son histoire des deux premiers, vient clore provisoirement une oeuvre que Giono voulait écrire en de nombreux volumes à la façon des écrivains du XIXe siècle. Peu importe qu'il n'ait pas réalisé son “grand oeuvre” comme on disait jadis, les livres qu'il nous laisse sont autant d'odes à la nature qui nous permettent de quitter un présent morne et agité pour s'évader dans un passé poétique et éclatant de vie.
Encore un coup de coeur.
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