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Critique de oran


oran
17 février 2017
Résidant à Manosque, dans le petit département rural les Basses Alpes (qui deviendront Hautes ! en 1970), Giono suit avec pessimisme les événements qui s'accélèrent depuis l'Anschluss et se désespère de voir se profiler le spectre d' une autre guerre. Alors lui, le pacifiste va tenter de convaincre une classe sociale qu'il connait bien, celle des paysans locaux qu'il côtoie au quotidien , dont il connait le bon sens légendaire, les "derniers possédants du sens de la grandeur" , pacifistes comme lui, qui ont composé la majeure partie des soldats pris dans la tourmente de la Grande Guerre de 1914-1918, pour leur faire prendre conscience de la guerre imminente , les faire réagir, si c'est encore possible pour essayer d'éviter ce drame.
Pour dire des choses importantes, essentielles, il faut les écrire plutôt que se les dire , et « ces choses écrites pourront, ainsi, être diffusées plus largement , posées par écrit, elles permettent de prendre le temps pour une réflexion plus acérée , une prise de conscience individuelle plus intense , évitant que d'autres le fassent, car le paysan est ainsi, un homme qui prend son temps à l'instar de la nature dans laquelle il est immergé.
La Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix est écrite durant l'été entre le début juillet et la mi- août 1938, la guerre est désormais inévitable.
Ici , le Giono le romancier bucolique laisse place à un pamphlétaire à la fois pacifiste et libertaire, à la limite de l'anarchiste . Les paysans de France mais aussi ceux du monde entier doivent s'unir contre la guerre et contre l'État même si la lutte est perdue d'avance.
En interpellant les paysans, Giono s'adresse, en fait à un auditoire plus élargi : tous ses lecteurs, car ce qu'il dénonce est valable pour tous « tous les peuples du monde sont prisonniers ». Toutes les classes sociales sont désormais aux prises avec le culte de la vitesse, de la technique prégnante , du progrès, confrontées à l'impérialisme de l'argent qui annihile la liberté, qui engendre aussi, à terme, la pauvreté ce qui entraîne une escalade de la violence et qui aboutit à la guerre.
Alors il invite à la révolte , non pas collective, mais individuelle.
Giono , à travers cette lettre véritable réquisitoire contre la guerre nous invite à réfléchir, et à tenter de nous faire retrouver une certaine liberté, une certaine autonomie, retrouver la vraie richesse, la meilleure, celle de la paix, car la guerre prend la richesse de ceux qui n'ont pas beaucoup. Mais la paix passe par la violence car il faut lutter pour la sauvegarder.
En lisant ce texte, j'ai les images de la chanson de Ferrat qui défilent :
"Ils quittent un à un le pays
Pour s'en aller gagner leur vie
Loin de la terre où ils sont nés
Depuis longtemps ils en rêvaient
De la ville et de ses secrets
Du formica et du ciné"...

Mais les idées vantées par Giono sont, hélas, utopistes.
Après la guerre il y eu la CECA qui selon Schuman était un moyen d'empêcher un nouveau conflit entre l'Allemagne et la France, la CEE, la Mondialisation avec tous les effets que l'on connaît…
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