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Critique de babounette


REFUS D'OBÉISSANCE - Extrait de : Écrits pacifistes" - Jean Giono - Folio - 2 euros. Lu en novembre 2018.
Je me devais de lire un livre sur la guerre 14/18 dont nous venons de commémorer le 100ème anniversaire et j'ai choisi Refus d'obéissance dont à ce jour il n'a été fait qu'une seule critique, ce qui est dommage.
Jean Giono écrit pour la première fois ses idéaux pacifistes avec un grand talent. Publié en 1937, à la veille de la seconde guerre mondiale, il a voulu dénoncer les horreurs qu'une guerre entraîne. Cette guerre 14/18 l'a marqué au plus profond de lui, il nous parle de son expérience personnelle de ces 4 années passées sous les armes.
Il écrit ceci : "Il faut se moquer, en tout cas se méfier des bâtisseurs d'avenir. Surtout quand pour bâtir l'avenir des hommes à naître, ils ont besoin de faire mourir les hommes vivants. L'homme n'est la matière première que de sa propre vie. Je refuse d'obéir".
Son livre commence par : "je ne peux pas oublier..." tant la guerre a imprimé en lui une grande souffrance, "il la sent, il la revoit, il l'entend, il la subit encore et il a peur" (page 15).
Il a été soldat dans l'infanterie dans des régiments de montagnards, il nous parle de son capitaine M.V.,ils sont à peu près les seuls survivants de la 6ème compagnie.
Il écrit : "L'horreur de ces quatre ans est toujours en moi, tous les survivants portent la marque".
Il nous décrit d'une manière très imagée que les hommes n'étaient que des produits de consommation.
Ainsi, il compare les soldats morts lors de batailles à des blés juste coupés. "Quand le boisseau était vide d'hommes, enfin, quand il n'en restait plus que quelques un au fond, comme des grains collés dans les rainures, on le remplissait de nouveau avec des hommes frais"
J. Giono rend aussi un hommage à ses camarades de combat disparus "je vous revois, je vous entends, je te reconnais..."
Pour lui, ils ne sont pas morts, ils sont dans ses tripes : "vous êtes le monde, vous êtes moi"
Il s'adresse également à l'état, page 27 : "La guerre est le coeur de l'état capitaliste. La guerre irrigue de sang frais toutes les industries... Puisqu'on n'a pas entendu nos voix. Puisqu'on ne nous a jamais répondu quand nous avons gémi. Puisqu'on s'est détourné quand nous avons montré les plaies de nos mains, de nos pieds et de nos fronts. Puisque, sans pitié, on apporte de nouveau la couronne d'épines et que déjà, voilà préparés les clous et le marteau"
Il dit encore ceci : page 16 : "Je n'ai pas honte de moi. En 1913 j'ai refusé d'entrer dans la société de préparation militaire qui groupait tous mes camarades. En 1915 je suis parti sans croire à la patrie. J'ai eu tort. Non pas de ne pas croire : de partir. Ce que je dis n'engage que moi... En 1920 on m'a donné puis retiré une pension de quinze francs tous les trois mois avec ce motif : "légers déchets esthétiques". Je n'ai jamais été décoré, sauf par les Anglais
et pour un acte qui est exactement le contraire d'un acte de guerre. Je suis sûr de n'avoir tué personne. J'ai fait toutes les attaques sans fusil, ou bien avec un fusil inutilisable (tous les survivants de la guerre savent combien il était facile avec un peu de terre et d'urine de rendre un Lebel pareil à un bâton). Je n'ai pas honte."
Le monde de Giono a basculé, son livre extrait comme dit plus haut d' Écrits pacifistes" est néanmoins un grand cri de colère et de rage. J'espère n'avoir pas été trop longue et que vous aurez le courage de me lire jusqu'au bout. Merci.


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