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EAN : 9782072803390
128 pages
Gallimard (01/11/2018)
4.08/5   72 notes
Résumé :
Refus d'obéissance rassemble le texte « Je ne peux pas oublier », publié en 1934 dans la revue Europe, dans lequel Jean Giono livre un véritable plaidoyer pour la paix, et quatre chapitres inédits du Grand troupeau, où il décrit dans une langue bouleversante de réalisme la vie, l'attente et surtout la peur des soldats de la Grande guerre.
Résumé éditeur :
«Je ne peux pas oublier la guerre. Je le voudrais. Je passe des fois deux jours ou trois sans y pe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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REFUS D'OBÉISSANCE - Extrait de : Écrits pacifistes" - Jean Giono - Folio - 2 euros. Lu en novembre 2018.
Je me devais de lire un livre sur la guerre 14/18 dont nous venons de commémorer le 100ème anniversaire et j'ai choisi Refus d'obéissance dont à ce jour il n'a été fait qu'une seule critique, ce qui est dommage.
Jean Giono écrit pour la première fois ses idéaux pacifistes avec un grand talent. Publié en 1937, à la veille de la seconde guerre mondiale, il a voulu dénoncer les horreurs qu'une guerre entraîne. Cette guerre 14/18 l'a marqué au plus profond de lui, il nous parle de son expérience personnelle de ces 4 années passées sous les armes.
Il écrit ceci : "Il faut se moquer, en tout cas se méfier des bâtisseurs d'avenir. Surtout quand pour bâtir l'avenir des hommes à naître, ils ont besoin de faire mourir les hommes vivants. L'homme n'est la matière première que de sa propre vie. Je refuse d'obéir".
Son livre commence par : "je ne peux pas oublier..." tant la guerre a imprimé en lui une grande souffrance, "il la sent, il la revoit, il l'entend, il la subit encore et il a peur" (page 15).
Il a été soldat dans l'infanterie dans des régiments de montagnards, il nous parle de son capitaine M.V.,ils sont à peu près les seuls survivants de la 6ème compagnie.
Il écrit : "L'horreur de ces quatre ans est toujours en moi, tous les survivants portent la marque".
Il nous décrit d'une manière très imagée que les hommes n'étaient que des produits de consommation.
Ainsi, il compare les soldats morts lors de batailles à des blés juste coupés. "Quand le boisseau était vide d'hommes, enfin, quand il n'en restait plus que quelques un au fond, comme des grains collés dans les rainures, on le remplissait de nouveau avec des hommes frais"
J. Giono rend aussi un hommage à ses camarades de combat disparus "je vous revois, je vous entends, je te reconnais..."
Pour lui, ils ne sont pas morts, ils sont dans ses tripes : "vous êtes le monde, vous êtes moi"
Il s'adresse également à l'état, page 27 : "La guerre est le coeur de l'état capitaliste. La guerre irrigue de sang frais toutes les industries... Puisqu'on n'a pas entendu nos voix. Puisqu'on ne nous a jamais répondu quand nous avons gémi. Puisqu'on s'est détourné quand nous avons montré les plaies de nos mains, de nos pieds et de nos fronts. Puisque, sans pitié, on apporte de nouveau la couronne d'épines et que déjà, voilà préparés les clous et le marteau"
Il dit encore ceci : page 16 : "Je n'ai pas honte de moi. En 1913 j'ai refusé d'entrer dans la société de préparation militaire qui groupait tous mes camarades. En 1915 je suis parti sans croire à la patrie. J'ai eu tort. Non pas de ne pas croire : de partir. Ce que je dis n'engage que moi... En 1920 on m'a donné puis retiré une pension de quinze francs tous les trois mois avec ce motif : "légers déchets esthétiques". Je n'ai jamais été décoré, sauf par les Anglais
et pour un acte qui est exactement le contraire d'un acte de guerre. Je suis sûr de n'avoir tué personne. J'ai fait toutes les attaques sans fusil, ou bien avec un fusil inutilisable (tous les survivants de la guerre savent combien il était facile avec un peu de terre et d'urine de rendre un Lebel pareil à un bâton). Je n'ai pas honte."
Le monde de Giono a basculé, son livre extrait comme dit plus haut d' Écrits pacifistes" est néanmoins un grand cri de colère et de rage. J'espère n'avoir pas été trop longue et que vous aurez le courage de me lire jusqu'au bout. Merci.


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Un article contre la guerre et quatre chapitres inédits du roman « le grand troupeau ». J'ai cherché, sans succès, la raison pour laquelle ils n'ont pas été intégrés à la version définitive du roman.
Ces chapitres, ce sont des scènes de guerre, du front, de boue, de mort, de blessures abominables, de terreur et d'épuisement, autant moral que physique. Ces quatre chapitres sont terribles. Et je me demande s'il ne faudrait pas les lire avant le manifeste écrit par Giono en 1934, qu'il a intitulé « Je ne peux pas oublier » et qui figure en tête du recueil. Ces quatre chapitres disent à quel point c'est inoubliable, mieux que tous les discours et tous les manifestes.

Mais dans cet article de 1934, Giono affirme que non seulement il n'oublie pas, mais qu'il ne veut plus. Plus de cette destruction qui n'a de sens pour personne, ou seulement pour ceux qui, sans risquer ni leur peau ni même leur confort, tirent leur épingle de ce jeu macabre. « (Le capitalisme) n'a de lois que pour le sang et pour l'or ».
Giono se déclare pacifiste et s'engage à ne plus obéir à aucun ordre de conscription.
Giono met son éloquence, son talent, au service de sa déclaration et elle est convaincante, bien évidemment, percutante, et bouleversante quand il nomme ses camarades tués à ses côtés, vingt ans plus tôt. Eux qui ont été « sacrifiés à la patrie (on n'ose déjà plus guère le dire), mais enfin, à votre prochain, à vos enfants, aux générations futures. Et ainsi de suite, de génération en génération. Qui donc mange les fruits de ce sacrifice à la fin ? »

Pourtant, en 1940, Giono obéira et rejoindra son centre de mobilisation. Sa notoriété de pacifiste lui vaudra d'être arrêté et incarcéré pendant deux mois, puis d'échapper à la conscription.
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Ce livre recueille un article contre la guerre intitulé "Je ne peux pas oublier" et quatre chapitres inédits du "Grand troupeau".
Tous sont donc consacrés à la guerre de 14 – 18.
L'article antimilitariste est le plus saisissant. Il fut publié en 1934, donc à une époque où la prégnance de la guerre et le culte de ses héros étaient encore forts et où les positions antimilitaristes étaient combattues. Giono ne mâche pas ses mots : il vise ceux qui, aux plus hauts niveaux, ont entretenu l'esprit guerrier, entretenu le culte de la « revanche » et sacrifié une génération. Il termine en évoquant quelques camarades de combat qui y ont laissé leur vie. Et ces deux phrases qui claquent : "Je ne peux pas oublier. Je ne peux pas pardonner".
Suivent les quatre chapitres inédits du "Grand troupeau" où l'on retrouve la plume admirable du romancier.
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« L'homme n'est la matière première que de sa propre vie. Je refuse d'obéir »… Cri d'un homme qui a rencontré l'enfer terrestre : Jean Giono

Giono, auquel on reprochera le pacifisme jusqu'au-boutiste lors de la Seconde Guerre mondiale au point le lâchement l'accuser de collaboration avec l'ennemi, livre d'abord un plaidoyer contre la guerre qu'il a faite.

Mais la guerre, pour Giono, n'est qu'un moyen de servir un ogre qu'il n'hésite pas à désigner : « L'état capitaliste a besoin de la guerre. C'est un de ses outils. On ne peut tuer la guerre sans tuer l'état capitaliste. »

De là le goût passionné de Giono pour la Nature et ses rythmes. Car la Nature, il l'oppose à l'industrieux capitalisme, qui produisit les canons massacrant ses camarades d'infortune.

Suivent des chapitres inédits du Grand troupeau – récit de guerre effroyablement visuel. Dans l'un de ces chapitres, on lit cette phrase traduisant tout l'épuisement de ces hommes perdus : « Ils sont là plus de vingt qui, d'instinct, marchent du même pas parce que cette cadence aide, parce qu'ainsi on n'est plus seul, on est tous les vingt à porter son poids et sa peine et, à vingt, c'est plus léger. »

Plus loin :
« ––Qu'est-ce que c'est ça ? demande Olivier.
––Ça quoi ?
––Cette ville ?
––Verdun, fait Doche.
––L'abattoir, dit Marroi. »

Un autre extrait : « On entend les vers qui mangent dans la poitrine du coureur mort. » Et l'on songe aux copains disparus de Giono : « Vos visages sont dans les brumes, vos voix sont dans toutes les saisons, vos gémissements dans toutes les nuits, vos corps gonflent la terre comme le corps des monstres gonfle la mer »…

Ces chapitres inédits du Grand troupeau suintent la peur ; la peur naturelle, humaine, de mourir. Sauf pour un général qui passe, dans son auto, avec l'indifférence de celui qui ne se bat qu'avec des cartes d'état-major : « Il ne regarde pas les soldats », ces soldats qui subissent jour et nuit « le hurlement de toute cette terre en transe ».

« de la cervelle d'homme sur une jante de roue » ; celle d'un autre mort ressemble « à un champignon blanc dans les cheveux ». Giono ne raconte pas une histoire, il décrit le réel d'une guerre qu'il a faite. Enfin, le cri déchirant : « C'est pas pour ça qu'on a été créés »…
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J'aime beaucoup « Fictions / Samedi noir » l'émission de Blandine Masson sur France Culture… Dernièrement, j'ai ainsi écouté en podcast une très belle lecture de Refus d'obéissance de Jean Giono par Denis Podalydès

Refus d'obéissance est un petit recueil qui regroupe le texte « Je ne peux pas oublier », publié en 1934 dans la revue Europe, et quatre chapitres inédits du Grand troupeau.
J'ai eu ce livre entre les mains alors que je m'intéressais plus à ses lectures et à sa bibliothèque qu'à la posture pacifiste de Jean Giono… Ainsi, je sais que cet autodidacte a découvert Stendhal avec La chartreuse de Parme qu'il a emportée pendant la guerre de 1914 dans les tranchées dans une édition Nelson en petit format, très annotée. Mais je sais aussi que son imaginaire a été fortement marqué par les horreurs dont il a été le témoin, comme l'ont été d'autres écrivains ou poète tels Apollinaire, Bernanos ou Céline…
Jean Giono sera d'ailleurs emprisonné deux fois : pour cause de pacifisme, notamment à la libération sous l'accusation de collaboration à cause de publications littéraires, accusation sans fondement. Mais il en conservera une profonde amertume et un immense pessimisme quant à la question politique.

Ce recueil est important à connaître car c'est un véritable playdoyer pour la paix et une terrible illustration, particulièrement parlante et visuelle du quotidien des soldats de la grande guerre.

https://www.facebook.com/piratedespal/
https://www.instagram.com/la_pirate_des_pal/

#lesglosesdelapiratedespal
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critiques presse (1)
Culturebox
07 août 2023
Jean Giono, avec Refus d'obéissance, s'attaque […] à la guerre. Frontalement.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Quand je disais "jamais plus", ils me répondaient tous:"non, non, jamais plus". Mais, le lendemain, nous reprenions notre place dans le régiment civil bourgeois. Nous recommencions à créer du capital pour le capitaliste. Nous étions les ustensiles de la société capitaliste. Au bout de deux ou trois jours, l'indignation était tombée. D'abord le travail avait fourni assez de dureté, de souci et de mal, de choses mauvaises immédiates pour que les malheurs passés soient effacés et les amis morts oubliés. Et surtout parce que le rythme du travail avait été depuis longtemps étudié pour nous endormir. Ce rythme qui était passé de nos grands-pères dans nos pères, de nos pères dans nous. Cet esprit d'esclavage qui se transmettait de génération en génération, ces mères perpétuellement enceintes d'enfants conçus après le travail n'avaient mis au monde que des hommes portant déjà la marque de l'obéissance morale.
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Je trouve que personne ne respecte plus l'homme. De tous les côtés on ne parle plus que de dicter, d'obliger, de forcer, de faire servir. On dit encore cette vieille dégoûtante baliverne : la génération précédente doit se sacrifier pour la génération future. On le dit même de notre côté, ce qui est grave. Si encore nous savions que c'est vrai ! Mais, par expérience, nous savons que ce n'est jamais vrai. La génération future a toujours des goûts, des besoins, des désirs, des buts imprévisibles pour la génération présente. On se moque des diseurs de bonne aventure. Il faut sinon se moquer, en tout cas se méfier des bâtisseurs d'avenir. Surtout quand pour bâtir l'avenir des hommes à naître, ils ont besoin de faire mourir les hommes vivants L'homme n'est la matière première que de sa propre vie.
Je refuse d'obéir.
Préface.
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L’air tremble.
Des coups de masse tombent dans la ville (…) Dans la fumée des gravats jaillissent comme des vols de pigeons. Ca s’éclaircit un peu, on voit une espèce d’église, pattes raidies en l’air, gros ventre ballonné, morte.
- C’est ça, l’Alsace ? fait Maroi.
- Qu’est-ce que c’est ça ? demande Olivier
- Ca quoi ?
- Cette ville ?
- Verdun, fait Doche.
- L’abattoir, dit Maroi.
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Je ne peux pas oublier la guerre. Je le voudrais. Je passe des fois deux jours ou trois sans y penser et brusquement, je la revois, je la sens, je l'entends, je la subis encore. Et j'ai peur. Ce soir est la fin d'un beau jour de juillet. La plaine sous moi est devenue toute rousse. On va couper les blés. L'air, le ciel, la terre sont immobiles et calmes. Vingt ans ont passé. Et depuis vingt ans, malgré la vie, les douleurs et les bonheurs, je ne me suis pas lavé de la guerre. L'horreur de ces quatre ans est toujours en moi. Je porte la marque. Tous les survivants portent la marquent.
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Je ne peux pas oublier que vous avez été des hommes vivants et que vous êtes morts, qu'on vous a tués au grand moment où vous cherchiez votre bonheur, et qu'on vous a tués pour rien, qu'on vous a engagés par force et par mensonge dans des actions où votre intérêt n'était pas. Vous dont j'ai connu l'amitié, le rire et la joie, je ne peux pas oublier que les dirigeants de la guerre ne vous considéraient que comme du matériel. Vous dont j'ai vu le sang, vous dont j'ai vu la pourriture, vous qui êtes devenus de la terre, vous qui êtes devenus des billets de banque dans la poche des capitalistes, je ne peux pas oublier la période de transformation où l'on vous a hachés pour changer votre chair sereine en or et sang dont le régime avait besoin.
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Vidéo de Jean Giono
Denis Infante a publié son premier roman Rousse publié aux éditions Tristram le 4 janvier 2024. Il raconte l'épopée d'une renarde qui souhaite découvrir le monde. Un ouvrage déroutant par sa singularité. Son histoire possède la clarté d'une fable et la puissance d'une odyssée et qui ne laissera personne indifférent. L'exergue, emprunté à Jean Giono, dit tout de l'ambition poétique et métaphysique de ce roman splendide : "Dans tous les livres actuels on donne à mon avis une trop grande place aux êtres mesquins et l'on néglige de nous faire percevoir le halètement des beaux habitants de l'univers."
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