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Critique de 5Arabella


Un peu par hasard, suite au visionnage d'une adaptation télévisée de la pièce, j'ai repris un vieil exemplaire datant de mes années de lycée. A l'époque la pièce m'avait ennuyée, peut-être à cause du contexte scolaire. Et maintenant, je lui trouve un charme fou. Je vais tenter d'essayer de résoudre cette dissonance.

La pièce a été écrite pendant la seconde mondiale, en 1942, spécialement pour Louis Jouvet, qui s'était exilé au Brésil, et qui crée la pièce à Rio de Janeiro la même année. Elle sera reprise à Paris en 1947 par la Compagnie Louis Jouvet de retour en France.

C'est une petite pièce en un acte, à l'intrigue très simple. Une jeune femme, Agnès, vient au dépôt des « Petites et grandes inventions » pour tenter de décrocher un emploi. Elle n'arrive pas à passer le barrage de l'huissier, qui refuse de la faire accéder au Président. Un inconnu, originaire de bellac, lui vient en aide. Il lui révèle un moyen infaillible de réussir auprès des hommes : il suffit de dire à celui dont elle souhaite quelque chose, qu'il est beau. Interloquée, Agnès, qui est plutôt docile de nature, s'essaie aux différents hommes de l'institution, en commençant par l'huissier. Et arrive à ses fins grâce au procédé de l'inconnu. Tous les hommes cèdent à ses demandes. Et même plus : le Président est non seulement prêt à licencier sa secrétaire pour donner son poste à Agnès, mais au final à se séparer de sa femme pour épouser la jeune femme qui n'en demandait sans doute pas tant. Car elle commence à se poser des questions sur la nature de cette beauté qu'elle accorde à tous, en fait à des hommes qui en sont dépourvus.

C'est sans aucun doute spirituel, léger, charmant, Mais le texte, l'air de rien, analyse le besoin de plaire, de séduire, d'être aimé, de s'aimer soi-même dans le regard de l'autre. le besoin de ce regard pour exister pleinement. Avec beaucoup de finesse et justesse Giraudoux aborde la question de l'image, de son manipulation, du pouvoir que cela peut donner. Mais aussi du vide et des frustrations que ces manipulations peuvent engendrer.

D'une certaine manière, ce sont des questionnements très actuels. Comme la construction de la pièce l'est aussi. le mystérieux Monsieur de bellac, qui est le moteur de l'action, sans que l'on sache exactement qui il est, permet de projeter beaucoup de choses. Les personnages qui passent, avec qui Agnès noue un contact rapide, allant à chaque fois à l'essentiel, donnent énormément de rythme à l'action. Jusqu'à cet affairement des personnages qui se donnent de l'importance, qui ont un rôle social, dans une activité un peu fantasque, dont on peut se poser la question de sa réelle utilité.

C'est vraiment une jolie réussite.
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