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Critique de Totophe17


Qui sont Michèle et Marie-Claire Chevalier, interpellées par la police un matin de janvier 1972 à 6h ? Deux femmes qui vont être jugées pour avortement, Marie-Claire, dix-sept ans pour avoir avorté et Michèle, sa mère, pour l'avoir aidée à le faire.

Nous sommes en 1972, l'avortement n'est pas légal, c'est un crime. Il n'y a pas encore eu de propositions pour modifier la loi. Mais déjà des voix s'élèvent face à cette situation de santé publique. Tous les ans des femmes avortent pour des raisons diverse et variées, souvent parce qu'elles n'ont pas le choix. Mais toutes les femmes ne sont pas égales devant l'avortement. En fonction de leur situation sociale, les conditions pour avorter ne sont pas les mêmes. Riches ou célèbres, elles peuvent passer par des cliniques spécialisées à l'étranger ou avoir recours à des praticiens. Pour les femmes plus modestes, l'argent est une barrière et elles ont parfois recours à des faiseuses d'anges aux méthodes pas toujours sécurisées mettant leurs vies en danger et courant parfois le risque de ne plus pouvoir enfanter.

Dans les années soixante-dix, des voix s'élèvent pour protester contre cette injustice faite aux femmes. En 1971, le manifeste des 343 est publié par Le Nouvel Observateur. 343 femmes célèbres ou anonymes reconnaissent avoir eu recours à l'avortement et en demande la légalisation.

Bobigny 1972 retrace le procès de Michèle et Marie-Claire Chevalier, défendues par Gisèle Halimi. On entre dans le prétoire et on assiste au débat. Les deux femmes sont mises en accusation par un jury composé d'hommes.

La plaidoirie de Gisèle Halimi est mise en images. C'est intéressant car ce projet va faire faire avancer les choses et certainement favoriser la loi de 1975 proposée par Simone Veil, ministre de la santé du Président Giscard d'Estaing. Deux femmes anonymes, victimes de leurs conditions sociales et du peu de courage d'un lâche géniteur, vont être défendues par Gisèle Halimi, qui décide de s'engager pour cette cause, pour la libération des femmes du joug des hommes.

Revenir sur ce procès, c'est aussi rendre hommage et celles et ceux qui sont venus témoigner et apporter leur soutien, prenant leurs responsabilités. On retrouve les témoignages de Simone de Beauvoir, Delphine Seyrig mai aussi le professeur Monod, le professeur Milliez et Michel Rocard.

C'est un vrai débat de société, comme un combat entre les anciens et les modernes ou plus simplement pour une juste égalité entre hommes et femmes. Ce procès est un coup de projecteur, le moyen d'une médiatisation importante.

Ce roman graphique permet aussi de retracer les parcours d'une mère et d'une fille. Leurs angoisses fassent à une grossesse non voulue, celles pour une recherche de solution. On évoque leur sentiment de honte et d'injustice, la peur de la jeune fille devant subir l'avortement.

Les graphismes de Carole Maurel sont parfaitement adaptés au récit de même que les couleurs choisies, correspondant aux couleurs des Bd de l'époque. Tout est fait en finesse sans fausse pudeur grâce à l'utilisation judicieuse de gros plans qui suggèrent plutôt qu'imposer.

J'ai beaucoup apprécié cette lecture, de revenir sur un fait de société historique ayant eu des conséquences sur l'évolution des lois jusqu'à l'inscription récente de la légalisation de l'avortement au sein de notre constitution.

Lecture émouvante, éducative, politique. Un grand moiment pour moi.
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