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Critique de Marie-Nel


Je ne connaissais pas du tout Dmitry Glukhovsky, et pourtant, son roman Metro est célèbre. Je suis contente d'avoir pu le découvrir grâce à ce dernier roman qui me donne envie maintenant de lire ses romans précédents.

On suit ici Ilya. Il revient chez sa mère après avoir été emprisonné sept ans. Il arrive malheureusement trop tard car sa mère est décédée. Il accuse difficilement le coup et noie sa douleur dans l'alcool. Il décide le soir de retrouver celui à cause de qui il est allé injustement en prison. Leur rencontre se passe mal, il le tue. Se rendant compte le lendemain de son geste, il décide de rassembler de l'argent pour payer une sépulture pour sa mère. Il va ainsi utiliser le téléphone volé à sa victime et faire ainsi croire à ses contacts qu'il est toujours en vie et pouvoir leur soudoyer l'argent. Car cette victime n'est autre qu'un officier véreux qui trempait dans des magouilles pas claires. Ylia sait qu'il a peu de temps pour récolter de l'argent, le corps de l'officier pouvant être découvert à tout moment. Ylia va s'immiscer dans la vie du mort, prendre des décisions personnelles à sa place, chercher le pardon auprès de ses proches. Mais à force de jouer le rôle du mort, Ylia finit par en perdre sa propre identité…comment va-t-il pouvoir s'en sortir ? Les contacts sont-ils se rendre compte de la supercherie ? Quelle sera leur réaction ? Comment tout cela va-t-il se finir ?

Toutes ces questions, je me les suis posées régulièrement tout au long de ma lecture. J'avais beaucoup de mal à me dire qu'il pouvait s'en sortir sans dégâts. Prendre l'identité d'un autre est dangereux, et encore plus en Russie, avec, comme si ce n'était pas suffisant, un policier ayant des contacts très louches et influents. Toute l'action se passe en 2016, sur un espace temps assez court, moins d'une semaine. On suit Ylia avec appréhension, on a peur pour lui, il a parfois des idées tellement farfelues qu'on se demande comment il va pouvoir se dépêtrer de tout cela. Je l'ai trouvé très culotté et en même temps irresponsable et surtout impulsif. Il prend des décisions sans réfléchir aux conséquences, il ne prend pas le temps de réfléchir à la portée de ses actes et paroles. Car par texto, il rend le policier plus humain auprès de ses proches, chose assez étonnante. Je n'ai pas réussi à m'attacher à Ylia, mais je pense que ce n'était pas ce à quoi cherchait l'auteur. J'ai trouvé Ylia parfois lymphatique et lent, j'avais parfois envie de le secouer.

Pour ce qui est de l'écriture et du style de Dmitry Glukhovsky, je me suis régalée. Il parle à merveille de Moscou, la dépeint sans fards, brute de pomme, sans chercher à la rendre belle, elle est décrite comme elle est. L'ambiance est également très bien retranscrite, que ce soit dans les petites rues et quartiers sombres ou dans le métro, comme les cafés et les grandes places célèbres. J'ai ressenti le froid de l'hiver, la chaleur d'un bistrot, tout ce qui peut-être représentatif de cette ville. L'auteur livre un portrait de Moscou, comme il l'a fait pour ses personnages. La ville tient autant de place que le héros.
Le style d'écriture est incisif, puissant, parfois brute ou contemplatif. Les chapitres sont assez longs mais il se passe tellement de choses pendant que je ne les ai pas vus défiler. J'avais lu des avis où il était mentionné des longueurs. Je n'ai pas trouvé pour ma part. Cette impression de longueur est pour moi rendue à cause de la nonchalance et une certaine lenteur d'Ylia à certains moments. Il faut dire aussi qu'Ilya, étant seul tout au long du roman, se parle à lui-même très souvent, réfléchissant à ce qu'il doit faire. Ces passages sont écrits en italique, sont généralement à la première personne du singulier, ce qui permet de se mettre encore mieux dans la tête du héros. Il s'adresse à lui-même ou à sa mère ou aux autres personnes qu'il côtoie. J'ai bien aimé ce procédé.
J'ai vraiment beaucoup aimé cette histoire. L'auteur met l'accent sur les travers du téléphone portable, que ce soit dans les comportements des gens qui ne se parlent plus, ayant les yeux rivés à leur téléphone ou que ce soit dans les dangers de voir des informations privées divulguer si le téléphone tombe dans d'autres mains. Un phénomène de société qui a déjà chamboulé celle-ci dans les comportements ou les relations. Combien de fois, je vois des couples aux terrasses de café préférant regarder leur téléphone plutôt que profiter de l'autre ou du paysage. Et je ne parle même pas des informations privées contenues dans ces objets qui peuvent être découvertes ou encore à l'opposé de l'absence de traces, d'écrits, tout se passant maintenant par Sms et non plus par courrier… Quand on y pense, on se rend compte des changements qui ont pu avoir lieu ces dernières années…Bref…tout ça pour dire que ce roman questionne, interroge, pousse à la réflexion, et ça j'aime beaucoup.

Texto est donc un roman noir, sombre, psychologique, prenant, on a tellement envie de savoir comment tout cela va se terminer, savoir comment le héros va se dépêtrer des situations parfois difficiles, que l'on tourne les pages assez rapidement. Et pour aboutir à un final auquel je ne m'attendais pas, et pourtant en y réfléchissant bien, je ne vois pas vers quelle fin on pouvait aboutir. Ce roman doit être adapté au cinéma, et franchement, l'auteur a tellement une écriture très visuelle que j'avais l'impression de voir défiler l'histoire sur grand écran. Je serai curieuse de découvrir cette adaptation d'ailleurs, même si c'est en VO.
Je pense que je vais me procurer rapidement son autre roman Métro qui est apparemment un grand succès de Dmitry Glukhovsky. Je suis très contente d'avoir lu ce roman, il sort de mes lectures habituelles par l'ambiance slave et c'est toujours plaisant d'explorer d'autres lieux.
Un roman que je vous recommande donc, un auteur russe à lire assurément.
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