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Critique de StCyr


StCyr
22 novembre 2023
Le présent livre qui relève du roman d'apprentissage tant les traverses par lesquelles passe le héros éponyme forgent son caractère et sa force d'âme et le décille sur les principes qui régissent la société des hommes aurait bien mieux mérité de s'appeler les Tribulations de Caleb Williams, le récit étant plutôt qu'une succession d'épisodes à rebondissement, la narration, lente et implacable, relevant du supplice chinois, de la persécution d'un jeune homme ardent et opiniâtre en bute à l'arbitraire des préjugés et à l'injustice qui en découle.

La faute vénielle de Caleb Williams à l'origine de son martyr est d'avoir été un peu trop curieux sur le chapitre des raisons du comportement erratique de son maitre le squire Farkland, dont la réputation de bonnes moeurs et la probité sont pourtant l'ornement des terres de son domaine. Les circonstances obligent le maître à une complète et fatale confession qui lie de manière irrévocable son destin et sa réputation - dont il est fort jaloux, à son serviteur. Farkland ne se fait pas faute de lui faire savoir qu'en conséquence Caleb Williams s'est aliéné sa liberté : il restera à son service sans avoir droit à l'affection qu'il lui témoignait auparavant, service pour lequel il recevra des émoluments mais il sera l'objet de sa haine comme salaire de sa faute, et surtout, qu'un mot malheureux lui échappe, ou que son comportement éveille les soupçons du voisinage ou la défiance de son seigneur et s'en sera fini de lui. Caleb Williams, frappé par les termes et les implications terribles de ce marché décide de prendre la fuite, non sans avoir laissé à son maître une lettre motivant sa décision. le malheureux devient alors la victime de l'ire redoutable et inextinguible de Farkland qui va mettre tout ce que sa réputation, sa situation de noble avec des milliers de livre de rente, lui octroient comme crédit face à un homme de rien, pour lui faire expier sa franchise et son indépendance d'esprit.

Oeuvre romanesque phare d'un théoricien politique précurseur des pensées anarchiste et utilitariste, roman de la fin du XIXème siècle, les Aventures de Caleb Williams se ressent de l'influence du Jean-Jacques Rousseau des Confessions tant dans son style déclamatoire que dans le motif de l'honnête homme victime des rouages d'une société injuste qui perverti tout. le roman porte aussi à ses prémisses le sceau de la construction imbriquée et laborieuse des oeuvres romanesques de ce siècle. Passée la première moitié un brin pénible, le récit devient vraiment remarquable à partir du moment où les rigueurs de l'appareil judiciaire s'abat sur le héros. L'évocation du système carcéral de l'époque est bien documentée, l'ingéniosité que met Caleb Williams à recouvrer la liberté et la traque dont il est l'objet élèvent le présent livre à la dignité de modèle de la fiction moderne.
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