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Critique de 5Arabella


Un classique de la littérature britannique, écrit par le fils d'un pasteur irlandais, publié en 1776. C'est l'unique roman de son auteur, genre qui au XVIIIe siècle n'avait pas encore complètement conquis ses lettres de noblesses. Oliver Goldsmith a d'ailleurs pratiqué à peu près tous les genres littéraires : poésie, théâtre, essais, littérature « scientifique », « histoire » « biographie » etc. Victime des éditeurs qui l'exploitent, il doit écrire beaucoup pour essayer de survivre : dans son roman il évoque d'ailleurs cette vie de galérien imposée aux hommes de lettres pauvres.

Nous suivons donc les destinées d'un pasteur anglican et de sa famille dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Homme profondément croyant et bienveillant, il voit s'abattre sur lui et les siens, toute une série de désastres, sans se départir de son amour de Dieu et de ses créatures. Il se trouve ruiné suite à la fuite de son banquier, ce qui empêche le mariage de son fils aîné, qui doit partir gagner son pain loin de la famille. Les mésaventures de ce fils, George, ressemblent pas mal à la vie qu'a pu mener l'auteur lui-même, réduit à un moment de vivre de ses talents de musiciens, et d'homme de lettres bien entendu. le méchant seigneur de l'endroit veut séduire une de ses filles, qui s'enfuit avec lui. Un incendie détruit la maison et les biens de la famille, et le comble des malheurs est atteint lorsque notre brave ecclésiastique se trouve enfermé en prison pour dettes, à cause des menées du seigneur, qui craint que le témoignage de notre pasteur ne nuise au mariage projeté avec l'ex fiancée de George. Mais cela n'empêche pas le brave homme de glorifier Dieu,et de pardonner à ses ennemis. Il tente même d'amender et convertir les autres prisonniers, qui sont là pour de bonnes raisons. Un retournement de situation va lui permettre de retrouver tout ce qu'il a perdu.

Nous ne sommes pas encore complètement dans le roman, tel que nous le connaissons maintenant. La vraisemblance est tout à fait accessoire, l'analyse psychologique plutôt sommaire, les personnages sont plus des types que des personnes. Même si ce roman annonce par certains aspects ceux de Jane Austen, il est loin de leur finesse d'analyse et de caractérisation. Il y a un côté parabole dans le récit de cette chute, qui ne provoque aucun doute ni récrimination chez la victime : nous ne sommes pas loin du Job biblique. Et comme pour Job, la situation est rétablie en un tour de main par une sorte de providence. Par ailleurs, l'auteur développe des discours politiques, économique, religieux… sans doute normaux chez un homme d'église. Plutôt intéressants et dont certains n'ont pas perdu leur actualité, comme le fait de montrer que la mondialisation profite aux riches et puissants, mais qui ralentissent forcément la marche de l'intrigue, qui par ailleurs est plutôt prévisible dans nombre de ses développements.

Malgré cela, c'est un très bon texte, intéressant et très agréable à lire, avec un humour au second degré toujours en embuscade. Il ne faut juste pas s'attendre à une trame romanesque parfaitement tenue et maîtrisée, et une galerie de personnages fine et très bien construite.
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