Citations sur Angélique, tome 12.1 : La route de l'espoir (10)
C'est un des dons de l'enfance que d'aimer tout ce qui l'initie.
Ces hommes et ces femmes avaient dû fuir leur propre patrie et s'exiler dans ce continent sauvage afin uniquement d'échapper aux persécutions des divers gouvernements de l'Angleterre, royaux ou républicains, les uns partisans du diable, les autres trop faibles pour maintenir la religion pure et invincible.
Angélique avait fait pour eux tout ce qu'elle pouvait et tout ce qui dépendait d'elle. Les mettre au monde, les amener à la lumière avec le plus de maîtrise et de rapidité possible, ménageant leur faiblesse. Faisant taire toutes angoisses, toutes alarmes, elle ne songea qu'à remplir au mieux sa tâche de femme. L'angoisse et les alarmes commenceraient ensuite lorsque, séparés d'elle, leur survie ne dépendrait plus de ses seules forces.
Plus redoutable que le loup, que l'Indien cruel, que la forêt hostile, est cet ennemi du genre humain que nul ne peut circonvenir : l'Indien sauvage entraîné par le jésuite !
Lorsqu'on hait avec une telle force, ne peut-on poursuivre jusque dans l'au-delà ses projets de vengeance ? Elle avait été si habile, cette femme envoyée par le jésuite pour les détruire.
Elle voulait s'installer dans cette nouvelle ère heureuse qu'annonçaient les augures, s'assurer que ce n'était pas un leurre, s'habituer à l'état de trêve et à l'existence quotidienne près de lui, son amour de toujours, son maître et son ami. Il lui fallait plus encore, goûter la certitude de cette entente amoureuse qu'elle sentait brûler entre eux comme une flamme ardente, douce et sereine, que rien désormais ne pourrait faire vaciller.
Une vie à lutter, à mordre, à griffer, à se défendre, à se disculper, pour ses enfants, son pain, son honneur...
Contre ce courant de passions qui les entraînait dans un tourbillon de joies et de surprises sans nom, le diable n'avait pu gagner la partie, malgré ses batteries déployées.
Car l'amour est le premier ennemi du grand destructeur.
« Pourquoi ai-je voulu un enfant ? »
Sait-on jamais les raisons qui éveillent ou réveillent au cœur d'une femme ce grand besoin vital de maternité ? Elles sont une et multiples, toutes évidentes et pourtant aucune n'est la vraie, car cela ne se raisonne point.
Le pire était que ces massacres qui secouaient convulsivement le Nouveau Monde de part et d'autre, prenaient l'ampleur de phénomènes irrépressibles, car le sang appelait le sang.