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Critique de 5Arabella


Beaucoup de ses lecteurs (dont moi) considèrent que le Journal de l'auteur, composé de trois très lourds volumes, est le sommet de son oeuvre. Et voilà que l'épouse de l'écrivain ressort un journal secret, celui qu'il écrivait pour lui, et qui d'après ce qu'elle dit, est la chose qu'il lui recommandait de sauver en premier en cas d'un incendie. Alors évidemment cela intrigue, et donne une envie irrésistible à tout amoureux de Gombrowicz d'aller voir de quoi il s'agit.

Gombrowicz a commencé à écrire Kronos en 1953, il a fait une reconstitution sommaire des événements précédents de sa vie, il est remonté ainsi jusqu'en 1922, l'année où il a obtenu son bac, mais c'est parfois fort bref. Cela s'étoffe à partir de 1939, et devient réellement relativement détaillé à partir de l'année où il a commencé à le rédiger.

Ce texte est très différent du Journal, pas réellement littéraire, parfois cela relève d'un style télégraphique. Gombrowicz décrit ce qui lui arrive, d'une façon factuelle. Il résume chaque année, les rubriques qui reviennent concernent sa santé, l'état de ses finances, son travail d'écrivain (surtout du point de vue de sa reconnaissance) et sa vie érotique. Il ne faut vraiment pas y cherche un intérêt artistique, ni espérer des détails à proprement parlé croustillants, c'est très sec

C'est donc très différent du Journal, et n'aura pas de réel intérêt pour ceux qui ne connaissent pas l'oeuvre et au moins un peu l'homme. C'est un document, un témoignage. C'est une lecture qu'il vaut mieux espacer, car cette notation de faits, dont la plupart seraient insignifiants chez le commun des mortels, pourrait vite devenir lassante.

Mais c'est une véritable mine pour ceux qui s'intéressent ou se passionnent pour Gombrowicz, et même si cela à mon sens ne change pas en profondeur les lectures que l'on peut avoir de ses oeuvres, en particulier celles de fiction, cela permet d'avoir une autre vision de l'homme. Un homme qui a connu à certaines périodes la véritable misère, qui a eu d'énormes soucis de santé, qui a connu divers déboires en rapport avec son homosexualité. Une existence très amère, terminée par une mort précoce (65 ans) au moment où les choses allaient incontestablement mieux pour lui.

Il me sera difficile de relire le Journal, avec ses ironies et son humour féroce, son impitoyable façon de disséquer les hommes et le monde, ses fanfaronnades et provocations, sans penser à ce que fut sa vie quotidienne au même moment.
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