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Citations sur L'aube (18)

Les choses se créent peu à peu, et quand on en est à cette minute numéro douze de l’aube, est créée la concierge qui sort de la coquille du porche demeuré ouvert et balaie avec acharnement les restes du jour précédent, ses cheveux perdus, ses épingles, ses enveloppes déchirées en petits morceaux.
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Il faut une bonne vie pour voir l’aube. La plupart de ceux qui la traversent pensent à des choses ignobles, en essayant de pêcher des portefeuilles ou des mégots, les mégots, les bancs de mégots dont sont pleines les rues.
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L’aube transforme en gare d’arrivée toute la ville. Tout a un air de grande gare, de haute lucarne, d’immense marquise vitrée.
Voici l’esprit qui veille.
Les autres dorment.
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Prologue
J’ai été un espion de l’aube.
Plus que tout autre, j’ai fait ce livre avec la mort en moi ; la mort claire, sèche, maligne, sarcastique, inconvenante, mondaine, fluide, très fréquentable et très valeureuse.
J’ai mis longtemps à le distiller.
En le préparant j’ai détruit par erreur de nombreuses pages écrites dans les aubes de Paris pendant un hiver glacé, couvert de deux manteaux, de deux gilets et de deux couvertures, à l’affût de l’instant de l’aube, le visage gercé, les yeux pleins d’escarbilles, la langue brûlée par mes dernières pipes.
On dirait que la Providence, comme qui cherche des papiers compromettants et achète même le voleur qui doit les voler, m’a fait me tromper et déchirer ces pages que je m’avoue incapable de pouvoir jamais reproduire.
J’avais dû dire dans ces pages glacées quelque chose que la Providence ne voulait absolument pas que je dise, et elle m’a imposé sa censure implacable.
Cette vision-là de l’aube avait été celle d’une adolescence mi totalement stupide, mi totalement éveillée, dont je ne pourrais plus retrouver la claire tonalité de persiennes qui donnaient sur la pure idiotie.
Quoi qu’il en soit, voici finalement ce livre si souvent annoncé à travers les années et qui est, de mes livres, celui que j’ai le plus épuré dans mes cornues, filtres et alambics.
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On voit comme ils sont vieux les toits et comme ils sont quelque chose qui ressemble à beaucoup de vieux souliers réunis, quelque chose par où toute maison un peu ancienne révèle sa vétusté.
Les toits sous l’aube avouent leur âge, leur misère, et ce en quoi ils ne sont pas une de ces choses très relevées qu’ils croient être à d’autres heures.
On voit les toits comme le haut de la tête des enfants qui s’approchent. On voit comme ils se sont fait leurs nombreuses raies qui ne signifient rien.
On caresse peut-être du regard, comme quelque chose de très modeste, ces toits atteints et convaincus de toiturité à cette heure qui se lève sur tout le monde et donne à contempler l’exactitude parce que c’est l’heure exacte.
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À l’aube, toutes les voitures doivent rouler lentement, toutes roulent très lentement, même celles qui ont été louées. Tous les cochers, à l’aube, inclinent la tête sur le rebord de leur capote, sans forces déjà, blessés par l’attentat de l’aube.
Aussi celui qui va en voiture a-t-il la responsabilité d’un meilleur pourboire. Il a éveillé la voiture et le cheval. Il fait nager le cheval dans le courant du fleuve de l’aube et lui fait presque arriver l’eau à ses grandes narines, par les orifices desquelles il semble qu’il pourrait se noyer.
Celui qui rentre chez lui dans un fiacre de l’aube ne regarde pas autour de lui, il ne se fait pas remarquer, il ne sait pas que moi je le vois toujours.
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Dans les pharmacies il ne faut pas perdre de temps à l’aube, il faut remuer le pharmacien, il faut qu’il vous serve avant que ne passe l’aube ; au besoin avec un pistolet il faut vaincre cette parcimonie de l’homme endormi qui cuisine au fond de l’arrière-boutique.
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À l’aube, les espadrilles résonnent d’une manière atroce ; les chaussures à talon Louis XV des prostituées qui ont été lâchées parmi les délégations font un bruit de chaussures vides, et les bottes des hommes produisent ce bringuebalement des fers à chevaux détachés. (À leur écho, on pourrait savoir combien les bottes cloutées de semences ont de clous, car chacun produit sa note dans cet air si subtil.)
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Oh la pétoche de l’aube ! Pétoche d’authentique Jugement dernier avec quelque chose d’une fausse angine de poitrine du monde.
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À l’aube on éprouve la honte du poste qu’on a… On voit ses compagnons épuisés… Passe l’idée de tables de bureau ensanglantées d’encre… On voit les ampoules sans lumière, fondues… C’est l’heure où les employés de bureau sont morts, raides, inanimés, secs, sans poste ni ombre… Quelle idée réconfortante de voir comme tout est raté ; du moins pendant l’aube de tous les jours !
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