AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de jcjc352


Pour la deuxième enquête (la première ayant vu une apparition très furtive de Méndez) on retrouve dans ce livre les deux héros préférés de Ledesma: la ville de Barcelone et le policier Méndez. Ils ont en commun l'aspect suranné, la patine que seul le temps peut donner.
Autrement dit deux héros du passé Barcelone toujours grouillante de vie, excessivement vivante et sexuelle mais nimbée des souvenirs tout aussi sexuels de Méndez du bon vieux temps et Méndez lui-même vieux serpent philosophe sacrément instruit et intuitif adepte de la manière forte, à la Franco, mais bridé par les méthodes de chefs technocrates et modernes mais toujours sous la tutelle de politiques.
Méndez grossier personnage que les suspectes, putes, petites frappes, journaleux ne respectent pas fait corps avec les bas-fond barcelonais Il est intéressant de constater que ce sont les personnages féminins qui sont les plus agressifs avec lui, les plus méprisants, bien plus que les personnages masculins qui ont toujours la crainte d'un tabassage en règle. Et pourtant
Méndez est un humaniste il aime et comprend la nature humaine même la plus vile et à Barcelone ce n'est pas ce qui manque. A grands coups de sentences pleines d'esprit et de vérités historiques il mène ses perfides interrogatoires de sa langue fourchue. Jamais à court d'une cochonnerie, d'une muflerie, d'une obscénité, d'une inconvenance selon les cas il se taille une réputation pas piquée des vers.
Un aspect peu reluisant du personnage Méndez qui peut rebuter le lecteur si celui-ci fait fi du reste, de tout le reste. Ce reste c'est la description des rues, des bas-fonds barcelonais de Barcelone, c'est la description des paumés de ces bas-fonds, de ce monde interlope, c'est l'analyse pointue de l'ethnologue, de l'âme humaine dans ce qu'elle a de plus effrayant, ce sont des références politiques des régimes espagnols, les affaires financières, immobilières
Autrement dit quelque chose de très complet ce qui pose parfois problème pour un polar (et pour le lecteur pressé que seule l'intrigue intéresse) car c'est très dense et il semble que l'intrigue passe à l'arrière plan. Il n'en est rien et lorsque il y a suffisamment de faits Méndez devient un Hercule Poirot, un Holmes, une Marple, un Montalbano, un Carvalho tout à la fois et nous livre des déductions démontrant la roublardise diabolique de l'intrigue.
Dans ce monde perverti et vénéneux Ledesma glisse des îlots de fraîcheur, de personnages propres ou supposés tels qui permettent de souffler un peu, des digressions qui sont prétexte à philosopher et à se souvenir bref un polar assez riche au style soutenu, loin des polars d'actions échevelées.
Un personnage acrimonieux, libidineux et finassier mais très attachant
Un écrivain à découvrir
Commenter  J’apprécie          41



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}