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Critique de domi_troizarsouilles


Bon, bon, bon…
Comment entamer une critique de livre quand (i) il s'agit d'un tome 2, dont on a lu le tome précédent, que l'on a beaucoup aimé, mais dont on n'a encore rédigé aucun commentaire et que (ii) le présent livre a récolté des notes ahurissantes (une moyenne oscillant entre 18,2 et 18,6/20 selon les plateformes !), alors qu'on est nettement plus mitigé ? et pour le coup, ce n'est pas que je n'aie pas aimé ce 2e tome, mais franchement : tout ça pour ça ?...

Il ne me reste qu'à entrer dans le vif du sujet (et penser à rédiger très vite mon commentaire du 1er tome !), comme ça je crève l'abcès, et tant pis si cela donne lieu à une levée de boucliers !
Pour commencer, je ne comprends absolument pas l'intérêt de réécrire tout un livre, si c'est pour raconter exactement la même chose que dans le tome précédent, avec la seule « nuance » que l'on prend un autre point de vue, et que l'on ajoute ici ou là quelques chapitres flash-back sur le vécu, un an plus tôt, du nouveau personnage principal, donnant ainsi juste un peu de piment à une sauce qui n'a plus vraiment de goût par ailleurs… Oui, je sais, ma vision exposée ici est un peu (beaucoup ?), et volontairement réductrice, mais bon, c'est quand même bien de cela qu'il s'agit ! Vous savez (si vous me suivez) que j'avais déjà eu le même genre d'expérience avec le tome 2 de « T'as qu'à maigrir » de Mo Gadarr (une autrice que j'aime beaucoup par ailleurs, et que je continue de suivre avec grand plaisir) : les quelques nouveautés par rapport au tome 1, et le changement de point de vue, n'empêchent pas un grand nombre de redondances, et ciel que c'est lassant !

Cela dit, cette redondance aurait peut-être été supportable, si seulement notre nouveau héros n'était pas aussi geignard et autocentré, malgré quelques flashes de lucidité de temps en temps.
Oui, Nate est un (grand) ado qui se cherche ; oui, Nate souffre de sa différence tout en s'employant à l'assumer ; oui, Nate offre en permanence une façade heureuse alors qu'il ne l'est pas fondamentalement (mais quel ado est réellement heureux à 100%, quelle que soit sa vie ?) ; oui, Nate a été trahi – par son grand-père qui ne lui a pas avoué sa maladie ; par son prétendu meilleur ami, dont on devine les intentions bien avant qu'elles soient révélées au lecteur ; par son propre père, qu'il aime envers et contre tout, alors qu'il sait qu'il ne pourra jamais le contenter dans une image de « fils idéal » (et, au passage, on notera le beau cliché, hum hum, du militaire homophobe qui use de ses poings à temps et à contretemps ! cliché qui apparaissait déjà dans le tome 1, mais qui est ici exacerbé) ; et même par sa mère qui, toute psy qu'elle soit, peine à percevoir la détresse de son grand fils et est finalement bien peu présente !

Bref, tout cela, je peux le comprendre et j'imagine que le but des autrices était de provoquer l'empathie du lecteur. Il semble que ça a marché pour la grande majorité ; mais pour moi, comme je disais plus haut, ça m'a peu à peu paru insupportable. Au lieu de jouer un rôle et de se perdre dans des amours sans lendemain, et de s'auto-apitoyer tout au long de 522 interminables pages, qu'il se batte, notre Nate ! qu'il envoie valser Xander et son père, qu'il secoue Finn au lieu d'attendre il ne sait trop quoi lui-même, ou que sais-je encore… En d'autres mots : pourquoi ne prend-il pas sa vie en mains, au lieu de passer son temps à pleurnicher sur son pauvre petit sort nombrilesque ? alors que, rappelons-le aussi, l'objet de son amour juste à côté de lui, souffre de bien d'autres fêlures, qu'il perçoit certes mais qu'il interprète comme si c'était lui le coupable : il est encore et toujours occupé à tout ramener à lui-même, même le malheur des autres, incapable qu'il est de voir au-delà de lui-même ! c'est ça l'amour qu'il porte à un autre ?? ça fait peur, dans le fond…

Vous me direz, alors, que ce sont là des symptômes d'une certaine hypersensibilité, et que je n'y ai rien compris ? Peut-être… sauf que l'histoire n'est pas vraiment exploitée autour d'un tel trouble, que l'on devine vaguement mais avec lequel Nate est « abandonné », même par les autrices !, tandis qu'elles mettent bien davantage l'accent autour de l'homosexualité de Nate, de la relation compliquée (et autodestructrice) avec son père qui en découle, et de ses amours impossibles, les deux, comme par hasard, avec des mecs plutôt hétéros ! pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué… Certes, on ne choisit pas de qui on tombe amoureux, mais là, c'est juste « trop », tout simplement ! Ah ! et j'oublie : son incapacité à refaire confiance après avoir été trahi – mais cela n'est pas typique de l'hypersensibilité, c'est tout simplement « normal » pour tout un chacun !
Oui, vous voyez, j'ai perçu (au moins un peu) de cette hypersensibilité qui semble scotchée à Nate, et dans laquelle il est complètement englué, mais je n'y ai pas vraiment cru, peut-être justement à cause de son auto-apitoyement excessif, qui « casse » le mythe de l'hypersensible empathique envers les malheurs des autres – ce qui n'est pas le cas de Nate, en tout cas bien moins qu'envers lui-même !

Ce qui sauve (un peu) ce livre, c'est son écriture : malgré les redondances qui ont fini par me lasser, malgré le ton pleurnichard quasi constant de Nate qui a fini par m'agacer, l'écriture est belle et fluide. On ne peut nier qu'il y a des moments poignants, même si, pour la plupart, on les avait déjà vécus « de l'autre côté » avec Finn dans le 1er tome, et/ou qu'on les voit venir comme le nez au milieu du visage et qu'un quelconque effet de surprise est dès lors plutôt raté.

Je me dis au final que je suis peut-être tout simplement trop « vieille » pour un tel livre, qui est quand même très marqué young adult à mon sens. Mais voilà : je ne vais pas faire semblant d'avoir à nouveau 18 ans ! (quand j'ai en plus de 30 de plus) Je suis plutôt dans la démarche de penser à mon fils de 15 ans, qui est désormais dans la tranche d'âge cible d'un tel livre… et, très honnêtement, je ne le lui recommanderais pas, car l'obsession de Nate pour lui-même et ses malheurs, , une certaine apologie de sa détresse, me dérange beaucoup : ce n'est pas le genre de livre à mettre entre les mains d'un ado qui, par définition, est à la recherche de lui-même… et finirait par en avoir des idées noires sous couvert de drame littéraire !
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