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Critique de elleaimelire


Justine, Laurette et Ninon. Elles sont trois. Trois soeurs. Les trois filles d'Anton et Rebecca. Les fillettes.

Anton trime au travail. Il enchaîne les chantiers. Pour faire vivre sa petite famille. Il porte la démission involontaire de sa femme à bout de bras dans l'espoir qu'un jour Rebecca se lève et redevienne enfin elle-même.

"Quelque chose, très souvent, venait vandaliser un moment de bonheur, et alors tout devenait triste. Pourquoi…"

Car Rebecca ne travaille pas. Elle est trop embrumée le matin, souvent pour se lever. Toute la journée n'est ensuite que lutte pour ne pas succomber à la tentation d'une canette de bière ou de la drogue. Rebecca est toxicomane.

"A moi seule, je constituais une hallucinante famille, un trio déchaîné : les produits, la dépendance, le manque. Dans la cité dévastée de mon corps, trois aliénés passaient leur temps à se cogner dessus jusqu'à l'abrutissement."

Rebecca se repose sur l'amour qu'elle porte à ses filles. Elles sont sa bouffée d'air et de bien-être jusqu'à ce que l'appel de la drogue soit plus fort que tout. Alors, elle lâche tout. Elle s'enfonce. Elle perd pied. Jusqu'à oublier d'aller chercher les filles à l'école le soir.

Les fillettes c'est le récit d'un amour. Un amour infini mais pas suffisant pour terrasser l'élément drogue, le sixième membre de la famille. Les fillettes sont alors livrées à elles-mêmes. Elles doivent grandir, trop vite, se débrouiller. Tout n'est pas toujours facile à assumer et à comprendre quand on ne devrait être qu'une enfant. L'insouciance se mêle alors à la réalité de la situation. La dépendance de la mère dépasse tout, jusqu'à l'effondrement. Jusqu'à l'éclipse.

"Leur mère est comme la lune : la plupart du temps elle est là et elle brille… Mais parfois, elle est très haut perchée et on ne la voit presque pas."

Dans ce foyer, il est évident que malaise et amour cohabitent. Mais l'amour peut-il sauver une âme à la dérive ? Aimer ou fuir ? Se laisser tenter… exprimer tout ce qui est enfoui…

"Pourquoi fuir ? Pour provoquer l'inquiétude ? Susciter de l'intérêt autour de ma personne ? Pour ne plus être là ? Quand on prend le goût à la fuite, on sait que c'est foutu – c'est pour la vie. Deux autres choses m'ont procuré cet effet : la drogue et l'écriture."

La plume de Clarisse Goroghoff est belle, laissant transparaître énormément d'émotions. C'est brut de décoffrage. C'est triste et beau à la fois. On ressent la force de l'amour que Rebecca porte à ses filles, on sait qu'il est infini, qu'il est une évidence malgré sa difficulté à tenir son rôle à chaque instant.

"[…] petite, j'étais chimiste-apothicaire, puis je suis devenue aspirante-écrivain et enfin, me voilà mère-à-la-dérive."

Et si les propos des fillettes m'ont d'abord paru trop matures pour leurs jeunes âges, finalement tout me semble crédible. Les souvenirs d'enfance sont souvent édulcorés. Mais surtout, on n'est pas un enfant ordinaire quand on grandit dans un foyer pareil.

Les fillettes… Je suis comme en vrac depuis que j'ai refermé ce livre. L'épilogue m'a remuée, renversée.

En bref, Les fillettes, c'est le récit de la chute d'une femme. A travers les yeux et les émotions de ses filles. le récit d'une enfance pas comme les autres. Bouleversant.
Lien : https://ellemlireblog.wordpr..
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