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Critique de jamiK


René Goscinny au sommet !

Je n'avais pas ouvert cet album depuis des lustres, et pourtant, je le connais par coeur, et c'est même, pour moi, avec le Domaine des Dieux, le summum du talent de René Goscinny.

Tout est parfait dans cet album, il est à se tordre de rire, on y rit de tout, on passe du burlesque à l'humour intello en l'espace d'une case, les répliques sont fines, pratiquement chaque parole est un gag, et on éclate de rire pour un coup de massue dans la tronche. Chaque personnage est très finement élaboré, les petits rôles ont leur importance, j'adore Savancosinus avec sa massue, c'est la première fois que les porteurs d'Abraracourcix on un véritable rôle, et les femmes aussi prennent de l'importance, pas vraiment très flatteuse. Les idées sont délirantes, cette histoire de guerre psychologique est une trouvaille géniale pour entretenir un running gag qui n'a rien de psychologique. La graphie des texte participe à la dynamique du récit, avec les phylactère qui verdissent quand les disputes deviennent plus amères, encore une autre trouvaille géniale. Les auteurs trouvent même le moyen de se moquer d'eux même par l'intermédiaire de Bonemine : “Eh bien, si des imbéciles écrivent un jour l'histoire de notre village, il n'appelleront pas ça, les d'aventures d'Abraracourcix le gaulois !!!”

Aussi, il s'agit de l'intrigue la plus complexe et originale de René Goscinny, qui avec son personnage de Tullius Detritus nous enseigne ici l'art de la calomnie, sujet encore plus actuel aujourd'hui avec les théories du complot et fake news qu'on voit fleurir sur les réseaux sociaux. Il démontre bien le processus, avec les ragots, les mauvaises interprétations, l'exagération... Les méthodes de ce Tullius Detritus sont très élaborées : avec juste un geste, celui d'offrir un vase, il parvient presque à détruire le village des irréductibles gaulois. C'est certainement l'ennemi d'Astérix et Obélix le plus intéressant de tous, le mieux conçu, le plus subtil et le plus tordu.

Quand mon père a ramené cet album à la maison, à sa sortie, j'avais six ans et je ne comprenait pas trop cette histoire de vase, ce qui me plaisait surtout, c'est la grande illustration de la bataille, parce que comme le dit Obélix :”Cette bataille a été un succès, il y avait un monde fou !”.

Il date des années Pompidou. Je l'ai relu des dizaines de fois, découvrant de nouvelles choses au fur et à mesure, et 50 ans après, j'éclate encore de rire. Il est génial parce qu'il est intemporel, et propose, comme dans les meilleurs récits de René Goscinny, plusieurs lectures, à plusieurs niveaux.

Pour les curieux qui voudraient savoir de qui se sont inspiré Goscinny et Uderzo pour créer Tullius Detritus, sachez que son physique lui vient de Michel Jobert qui n'était pas encore ministre à la sortie de cet album, je me souviens qu'il était régulièrement la cible de dessins de presse, jouant sur sa petite taille et son air pas vraiment joyeux, je me rappelle de lui parce que je regardais les dessins dans le Canard Enchainé que mon père laissait trainer dans le salon, mais c'était peut-être un peu plus tard, lorsqu'il était ministre des affaires étrangères (1973-1974). en 1970, il était conseiller de Pompidou, spécialisé des relations avec les États-Unis et l'URSS. À ses côté, Lino Ventura dans le rôle du centurion Aérobus. Les auteurs, lorsqu'ils plaçaient des caricatures dans leurs albums, ne cherchaient pas forcément à ce qu'ils coïncident avec le caractère du personnage.

Il y a quand même quelque chose de cruel lorsqu'on relit cet album, il nous fait entrevoir la relative pauvreté de tout ce qui a été réalisé dans cette série sans René Goscinny au scénario.

Faites comme moi, relisez La Zizanie !
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