AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de JML38


JML38
06 décembre 2019
Clovis Narigou apprend de la bouche de Biscottin - avec quelques difficultés dues à des problèmes de dentier de son vieil ami - que Zach Nicholl, un peintre Irlandais de leur connaissance, a été assassiné dans son atelier à Marseille.

Il n'en faut pas plus pour que Clovis, après une petite hibernation dans ses collines au milieu de ses chèvres, reprenne du service pour découvrir qui s'est permis de s'en prendre à un pote.
L'Irlandais étant toujours resté discret sur son passé, ses amis ne connaissent de lui que sa période phocéenne, son épouse Irlandaise, et son parcours qui l'a vu s'illustrer dans le Street art avant de se laisser séduire par un certain confort au grand dam de quelques anciens compagnons de rue qui n'ont pas vu cette reconversion d'un très bon oeil.

Les maigres pistes suivies par la police sont celles d'un cambriolage qui a mal tourné – quelques toiles d'une valeur certaine ayant disparu -, d'un règlement de comptes dans le milieu de l'art mural, et d'une éventuelle résurgence du passé de l'artiste qui se serait d'abord illustré dans les quartiers de Belfast où les admirateurs de l'époque scrutaient plus son talent à travers la lunette d'un fusil.

Clovis, que la curiosité professionnelle attire vers une verte Érin qu'il affectionne tout particulièrement, profite de la proposition de la veuve du peintre qui cherche une bonne âme pour l'accompagner en Irlande et la soutenir dans la dure épreuve consistant à affronter sa belle-famille.
Fort d'un carnet d'adresses bien rempli depuis des reportages effectués pendant les heures sombres des troubles nord-irlandais, le reporter se charge de compléter les investigations de la police marseillaise, et plus particulièrement d'Emma, sa fliquette punk androgyne préférée, passablement remontée contre lui, et qu'il doit réapprivoiser après quelques mois d'abandon.

Ce qui ne l'empêche pas de succomber aux charmes d'une autre veuve, celle du frère de Zach abattu des années auparavant par les unionistes. Car c'est son point faible à ce brave Clovis, son talon d'Achille, il ne se contente pas de défendre la veuve et l'orphelin, il lui faut impérativement donner de sa personne pour consoler la veuve, et il semblerait que plus les aventures s'enchaînent et qu'il avance en âge, plus sa libido s'avère exacerbée.

Comme presque à chaque roman de Maurice Gouiran, l'intérêt se trouve autant dans le contexte et le cadre historique que dans l'intrigue elle-même, et j'avoue avoir enrichi mes connaissances sur cette période pourtant relativement utilisée en toile de fond de romans noirs. L'auteur nous éclaire sur l'évolution de l'IRA, l'organisation la plus connue des néophytes, dont les rangs sont régulièrement secoués par des scissions au fil des désaccords qui apparaissent entre partisans de l'apaisement et tenants d'une ligne combattante pure et dure. J'ai découvert avec surprise l'existence d'artistes portant la contestation sur les murs de Belfast à travers leurs fresques, au risque de se faire allumer par des snipers adverses, et plus globalement, la condition des femmes dans la société Irlandaise qui apparaît bien rétrograde.

Pour l'inconditionnel de l'oeuvre de Maurice Gouiran que je suis - et de ce fait particulièrement exigeant -, cet avant-dernier opus n'est vraiment pas le meilleur, tout en restant dans une honorable moyenne. J'espère que « Qaraqosh », le suivant et pour l'instant dernier en date, sera un cran au-dessus au niveau intrigue, et je ne saurais trop conseiller à Monsieur Narigou de prendre ses gouttes, afin que ses états d'âme et ses ardeurs d'ordre sexuel ne deviennent pas plus envahissants.
Commenter  J’apprécie          10



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}