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Johanne n'est pas un roman qui raconte la vie de Jeanne d'Arc. Ce n'est pas une énième biographie de la Pucelle d'Orléans ; inventée, réinventée, niée, magnifiée, l'héroïne de la guerre de cent-ans ne manque pas d'adaptation.
Marc Graciano n'offre pas ici à son lecteur son interprétation de Jeanne. Il l'annonce dès le titre, ce sera sa "Johanne". En quelques tableaux, il offre une fenêtre par où on regarde quelques épisodes avant qu'elle ne devienne fameuse.
Ce qui est surtout intéressant à vrai dire dans ce livre, comme dans tous ceux de Graciano, c'est plutôt la narration et le style de l'auteur. Chaque chapitre n'est qu'une phrase, longue, rythmée, pleine de mots désuets mais très précis, qui donnent sa musicalité à la phrase, au parlé de l'écriture qui est donc chantante, même si parfois âpre, rude, cruelle, nue, un mélange de beauté dans tout ce que la vie a de dur et de brutal, de sacré aussi.
C'est donc une plongée dans quelques bouts de vie médiévaux, dans des forêts, des nuits, la froidure, les rivières de la France d'il y a 600 ans...
Un livre magnifique.
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Quand j'ai reçu le mail des éditions le Tripode pour présenter cette parution à venir, j'ai d'abord été totalement séduit par cette incroyable couverture présentant un portrait de Jeanne d'Arc de Georges Peignard. C'est ensuite la promesse d'un roman enchanteur par sa langue unique qui m'a convaincu de le solliciter auprès de l'éditeur.

Le récit s'ouvre sur l'enfance de Johanette, la petite Johanne, où un homme se présentant comme l'ancien chambellan du duc de Lorraine s'arrête dans la maison de ses parents et partage des contes fantastiques et des histoires de saints autour d'un repas chaud, puis offre à Johanne une médaille de Saint Michel, patron des chevaliers.

Quelques années plus tard, dans l'hiver 1429, Johanne convainc le capitaine de son village de lui fournir une escorte de quelques hommes afin de rejoindre le Dauphin à Chinon pour lui livrer un message de la part de Dieu.

Pendant plusieurs nuits d'hiver et au risque de croiser les soldats anglais ou bourguignons, ils traverseront une partie de la France et feront des rencontres douloureuses et inattendues avant d'arriver enfin à Chinon après un long et dangereux périple de près de cinq cent kilomètres à cheval.

En voilà une lecture hors norme ! Pas question ici d'une nouvelle biographie de la Pucelle, l'auteur ne s'est intéressé qu'à ce périple incroyable de son village jusqu'à Chinon, même si on trouve ça et là des références à son procès et à sa condamnation au bûcher. L'écriture est incroyable, chaque chapitre est constitué d'une très longue phrase à la langue atypique, ce qui peut être difficile au départ mais rend rapidement ce roman captivant. Une écriture féerique pour un personnage mythique : un livre à ne pas manquer !

🔗 Service de presse adressé par l'éditeur.
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Si j'en eusse eu le courage et le talent, j'aurais aimé faire une critique qui évoque l'écriture de Marc Graciano, son écriture originale, au sens de singulière, son écriture qu'il faut apprivoiser, qu'il faut mêmement savoir dompter aussi parfois, principalement au début, car, si je suis habituée à la façon de surplomber la phrase proustienne, si je connais le style de Pierre Michon et ses très longues périodes avec des expressions revenant en spirale, une écriture qui avance par des retours en arrière, il m'a néanmoins fallu m'habituer à l'écriture de Marc Graciano, cette phrase qui n'en finit pas, qui s'étire, qui s'allonge, sur tout un chapitre, de plusieurs dizaines de pages, avançant par des virgules progressives, qui, peu à peu, apportent des éléments nouveaux, mais cette écriture n'est pas qu'un effet de style puisque cela permet de rentrer au plus près dans les pensées de Johanne, ou plutôt celles de son écuyer, cela permet de suivre le rythme de la chevauchée de ses premiers compagnons d'armes, de suivre le rythme des chevaux de la troupe, les mots eux-mêmes nous permettent de rentrer intimement dans cette fin de Moyen-Âge, non qu'il y ait des fioritures de langage, mais, au contraire, car tous les mots utilisés sont ceux du XV ème siècle, pas d'anachronisme ou d'effet de style, pas de recherche de pittoresque, cependant chaque mot sonne justement car évoquant une réalité qui nous est un peu étrangère mêmement familière, éloignée dans le temps mais aussi assez proche, car, si on ne connaît pas parfaitement le sens de tous les mots, le contexte nous aide à comprendre et à ne pas être totalement perdus, comme Johanne qui quitte son village mais qui reste mêmement en territoire familier puisqu'elle arpente la terre de France, mêmement l'usage fréquent des adverbes nous étonne un peu et progressivement nous séduit, mêmement le subjonctif imparfait indique le temps du récit, car, puisque c'est l'écuyer qui raconte, il sait ce qui s'est passé, il sait ce qui est arrivé et qui devait arriver, et ce temps des verbes permet d'inscrire le récit dans la légende, dans le mythe, mais surtout dans le conte, le conte de la petite bergère, et également dans la parabole puisque ce n'est pas un roman historique qu'on lit, ce n'est pas un roman historique qu'a écrit Marc Graciano, non, vous ne trouverez pas de combat ou de bataille, mais juste le récit de formation d'une âme, et le récit du voyage d'une troupe menée par une jouvencelle qui sera sainte, et pour qui tout est signe, même si, pour moi, lectrice, il me manquait certaines références bibliques pour toutes les repérer, puisque tout évoque un parallèle entre Johanne et saint-François, des stigmates aux oiseaux, voire entre Johanne qui sera martyre et le Christ qui subît la Passion, du baiser au lépreux à la naissance de l'agneau puis à la Cène, c'est donc pour cela que nous lisons le récit d'une sainte qui sauvera la France, qui le sait puisque ses voix lui ont dit, ce que savent ses compagnons, et ce que nous savons déjà, et que nous n'avons pas besoin de lire puisqu'on nous l'a déjà raconté, nous voyons les signes car ils sont partout, des bûches de Noël dans la maison paternelle à la ferme incendiée par les routiers, de l'épée miraculeuse trouvée dans une chapelle aux chérubins blonds qui embrassent Johanne, oui, le feu annonce les combats et annonce le bûcher, ce sont des signes pour nous, lecteurs, doués de prescience, pour nous aussi tout devait arriver et tout arrivera, dans un autre livre peut-être puisque ce récit s'arrête avant que Johanne rencontre le Dauphine, le beau portrait de couverture étant finalement lui aussi un signe du futur qui n'est pas encore arrivé à la Johanne du livre, mais qui sera celui de la Jeanne d'Arc de l'histoire.
J'ai fait une longue phrase, j'ai mis beaucoup d'adverbes, j'ai utilisé des virgules - moi qui pourtant préfère les tirets, mais je n'ai pas mis d'imparfait du subjonctif. Et, surtout, je n'ai pas le talent de Marc Graciano. C'est dépaysant, déroutant, un peu long parfois, mais onirique et impressionnant. Et merci à l'émission de Patrick Boucheron "Histoire de" sur France Inter qui m'a fait connaître cette oeuvre.
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Une vie de Jeanne d'Arc dans les détails, les exaltations et les enchantements, l'entêtement et les visions. Johanne est surtout le contact avec une langue rare, ancienne et à ce titre saturée d'impression, d'invention, mais aussi le toucher d'une conscience par une réussite impressionnante de la captation d'un rythme vitale, fascinant. Par son style sidérant, Marc Graciano nous révèle son univers, l'enchantement de la Nature, d'une invraisemblable cohérence.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Marc Graciano est un enchanteur. Ses livres des incantations. Ses phrases de longs fils d'Ariane nous reliant à des temps anciens. Car Marc Graciano évolue dans un univers sémantique bien différent du notre. Bien loin de ce que la littérature contemporaine propose, ce nouveau roman ne fera pas consensus. Mais pour moi, c'est une oeuvre qui offre un véritable repos, un prélassemant dans cette langue toute de mots étranges, anciens, dont le sens n'est pas de suite accessible. Comme le préconise Hartmut Rosa, Marc Graciano rend le langage, et le monde, partiellement indisponible. On s'étonne alors à prononcer ces mots inconnus du bout des lèvres, à déceler les mécanismes, les rouages de son imaginaire foisonnant. Et ce voyage jusqu'à Chinon devient alors une épopée splendide, bienfaisante.

'Johanne' honore la puissance et la richesse de la langue française, notre héritage, et confirme un auteur dont la discrétion, l'humilité et la sympathie sont admirables.

Le travail éditorial du Tripode vient enfin magnifier ce texte pour en faire un livre qui s'impose au lecteur.
Chapeau bas.
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Avec ce livre des plus originaux, c'est la découverte d'un auteur atypique avec un style auquel je ne suis pas habitué.
Un style qu'il faut réussir à apprivoiser "hypnotique litanie, toute de mots rares et vieux, de répétitions et d'énigme, de merveilleux et d'effroi" (Fabienne Pascaud, Télérama).
En tout cas, un style qui ne m'a pas laissé indifférent et qui a attisé ma curiosité envers cet auteur et son oeuvre.
Un livre pour lecteurs et lectrices avertis qui nous plonge dans un moyen âge rude et réaliste sur les traces de Jeanne d'Arc, qui va à la rencontre de son destin !

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Mes cent premières pages d'un livre en cent mots :

Johanne de Marc Graciano est un OLNI, un objet à part. Ce qui attire en premier lieu, c'est l'intensité de l'illustration en couverture. Puis la quatrième parle : 1429, Jeanne d'Arc, un voyage de cinq cent kilomètres vers Chinon. Ce qu'elles ne disent pas, c'est la prouesse littéraire. L'entrée dans le roman est semée d'embuches, comme ce premier chapitre écrit en une phrase d'une soixantaine de pages qui nous invite dans la maison de l'enfance. On sort essoufflé de cette scène dédaléenne, soufflé par les mots et ensorcelé par la langue d'un enchantement au sens le plus merlinesque qui soit.
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Le sujet du roman, Jeanne d'Arc, m'intéressait énormément et le livre promettait des détails historiques intéressant. Sur cela, je n'ai pas été déçu. Je me suis sentie plongée dans le Moyen Âge, sans jugements de valeur, sans clichés et j'ai beaucoup apprécié l'image que l'on peut s'en faire à travers ce récit. On y aborde les croyances des contemporains, l'organisation d'un village ou d'une famille… le roman va aborder plusieurs passages de l'enfance de Jeanne , puis son chemin vers le Dauphin avec son armée. Cependant, l'histoire est (volontairement) décousue et le style d'écriture (un chapitre = une seule phrase !) rend difficile la compréhension de la trame.
C'était une expérience de lecture très intéressante du point de vue du style mais pas très agréable pour ma part. Comme toujours, le Tripode nous surprend !
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J'avais été aimantée par la puissance évocatrice de cette couverture (immense bravo à l'artiste) et curieuse de ce regard littéraire sur Jeanne d'arc.

Malheureusement grosse désillusion à la lecture, épuisée par le flux et le martèlement des virgules je n'ai absolument pas pu me laisser porter l'écriture de l'auteur, impossible pour moi de me concentrer sur une phrase de 60 pages. J'ai trop besoin de voir la page rythmée par des points !
J'abandonne donc mais curieuse d'avoir découvert Marc Graciano, auteur atypique et je garde dans mon coeur ce portrait puissant de la couverture.
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En treize tableaux (de l'enfance à Chinon), Marc Graciano exhume le destin étrange et aventureux (voire controversé) de Jeanne la pucelle et de ceux qui l'ont suivie, galvanisés par les discours de cette jeune paysanne qui affirmait avoir été choisie par Dieu pour libérer la France du joug anglais. Un livre qui ne ressemble pas à ce qui a été fait sur Jeanne D'Arc et qui interpelle au fond des tripes. Un ouvrage qui fait jaillir autant l'incandescence de la violence d'une époque que sa crédulité et sa piété.
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