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Critique de ego_lector_


Tout y est. Gracq l'auteur arpenteur de lieux est bien à l'oeuvre dans ces pages : le sous bois, la lande, le lieu déserté, l'eau qui serpente...

« Une douzaine de kilomètres avant d'arriver à A..., la route nationale, qui commence ici à descendre doucement à travers les étendues de plateaux bas […] une tache lépreuse au milieu du paysage bocager, une étendue de campagne remarquablement hostile et déserte. »

Le thème du lieu enchanteur où foisonnent les signes qui attendent d'être révélés est peut-être celui qui m'emporte le plus à chacun de ses livres . Comment ne pas penser à la ruine d'Argol ou à la maison forte du Balcon ? Ces lieux qui ne sont pas seulement le décor d'une intrigue mais qui sont racontés à travers tous les sens du marcheur aventureux.
À travers La Maison, nous apercevons des maisons, celle aux fenêtres ouvertes du poète Keats, celle des Usher chez Poe :

“ le sentiment d'accablement qui de près persistait pourtant et même s'approfondissait dans la lumière rajeunie venait d'ailleurs ”

La décadence, le mystère et un certain érotisme ne sont pas en reste. Et le sortilège veut qu'au détour d'une phrase j'ai même pensé à Hill House :

“courbant encore après des années puissamment l'âme sous le flétrissement de ces stigmates mornes, ici pour toujours une porte s'était refermée”

Certains parleront de maniérisme, je préfère le goût du mot rare : « une couleur pulvérulente », « une terre gâte », « une végétation naine et déjetée », « ces taillis crayeux », celui de la poésie. Celui où le verbe n'est plus le messager mais devient poésie et convoque l'imagination. le mot, comme une clef qui ouvre à cet autre monde, celui que l'on devine, mais que l'on ne voit pas sans le sortilège du mot. Sans cela ce récit se résumerait finalement en tout et pour tout au coup de la panne au milieu de nulle part.

Enfin, observer cette voix narrative toujours aussi intense en train de se construire dans les dernières pages fac-similées était un beau cadeau qui prolonge le plaisir de lecture suffisamment bref pour me laisser orpheline.
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