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Critique de Merik


Merik
23 septembre 2020
Monsieur Minus, c'est le faux nom pour préserver son anonymat que s'est donné lui même Bertrand le Marrec, héritier malheureux de la plus grosse fortune de France, au moment de se faire mettre une puce sous la peau à Bruxelles. S'il l'a fait, c'est pour être localisable, malgré la distance qu'il a décidé de mettre avec son héritage. Oui, on peut aussi se rebeller contre une famille nantie et refuser d'avoir à subir son emprise capitaliste. Bertrand le Marrec a choisi quant à lui de marcher, marcher et encore marcher, planifier ses escapades sur le long terme géographique et temporel. Pour cela il profite quand même de son argent et se paye le service d'un intendant à plein temps, pour organiser son périple et la logistique. Martial qu'il s'appelle, le logisticien, un ancien voleur de bijoux qui a payé de quinze ans de vie en prison (Un voleur de vedette aussi j'ai pensé, tant la place qu'il a prise par moments m'a paru importante). Les deux hommes vivotent leur cohabitation, parfois pépère voire monotone, même si des éléments inopportuns comme par exemple un taureau retarde un rendez-vous de fin de randonnée. Voilà en gros pour le pitch, avant que ça ne s'emballe avec l'irruption d'éléments sociétaux.
J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans ce roman qui m'a paru décousu, construit à l'emporte-pièces, sans parler de certains passages, d'images, de sensations, de traits de personnages convenus, gros ou inappropriés.
Par exemple j'ai frémi d'un énorme je-ne-sais-trop-quoi en tombant sur ce passage : « Il monta à l'avant à la place du passager en étirant ses jambes. « Tu n'as pas quelque chose à boire ? J'ai fini ma bouteille. » Martial lui tendit de l'eau. « C'était bien ? », s'enquit le chauffeur avec un coup d'oeil à l'intégrité physique de son voisin. Bertrand résuma en deux mots sa promenade : plat et monotone - c'était bien. ».
Ennui au possible en lisant ça. Et en même temps je me suis dit, mais c'est génial ! Tu t'es ennuyé alors même que c'est (presque) le sujet. Néanmoins, je me pose avec le recul une question littéraire (à deux balles d'importance) : l'auteur est-il obligé de faire ressentir l'ennui au lecteur sous prétexte que le passage évoque la platitude et la monotonie ? (et là je pense à Oblomov)
Il y a bien eu quelques velléités de début de flamme, des passages qui m'ont semblé ciselés. Mais rapidement étouffés par le rythme chaotique, et la désagréable sensation de lignes qui s'effilochent dans un projet incohérent.
Quant à la fin et au climax, ils me font l'effet d'un cocotier secoué par un 33 tonnes : des fruits magnifiques en sont tombés, révélateurs d'évènements plus qu'improbables. le contexte politique attrayant (le début de la fin du capitalisme) n'a pas sauvé le roman pour ma part.
Resté à quai trop longtemps dans le récit, comme scotché sur la ligne de départ, je n'ai pas réussi à rattraper les personnages dans leur périple, et suis resté en lisière de leur balade, en observateur médusé à qui le dernier kilomètre tardait malgré tout.
Un rendez-vous manqué, tout simplement.

Merci malgré tout aux éditions le Dilettante pour cet envoi dans le cadre de masse critique.
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