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Laurent Graff (Autre)
EAN : 9791030800180
160 pages
Le Dilettante (02/09/2020)
3.68/5   22 notes
Résumé :
Bertrand Le Marec, unique héritier de la première fortune de France, consacre tout son temps à la marche à pied, loin des affaires. Il est assisté de Martial, ancien infirmier militaire et ex-taulard, qui s’occupe avec soin de la logistique.
D’une randonnée à l’autre, les deux compères vont d’hôtel en maison d’hôtes, parcourant ainsi campagnes, vallons et bords de mer sur plusieurs centaines de kilomètres. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Monsieur Minus, c'est le faux nom pour préserver son anonymat que s'est donné lui même Bertrand le Marrec, héritier malheureux de la plus grosse fortune de France, au moment de se faire mettre une puce sous la peau à Bruxelles. S'il l'a fait, c'est pour être localisable, malgré la distance qu'il a décidé de mettre avec son héritage. Oui, on peut aussi se rebeller contre une famille nantie et refuser d'avoir à subir son emprise capitaliste. Bertrand le Marrec a choisi quant à lui de marcher, marcher et encore marcher, planifier ses escapades sur le long terme géographique et temporel. Pour cela il profite quand même de son argent et se paye le service d'un intendant à plein temps, pour organiser son périple et la logistique. Martial qu'il s'appelle, le logisticien, un ancien voleur de bijoux qui a payé de quinze ans de vie en prison (Un voleur de vedette aussi j'ai pensé, tant la place qu'il a prise par moments m'a paru importante). Les deux hommes vivotent leur cohabitation, parfois pépère voire monotone, même si des éléments inopportuns comme par exemple un taureau retarde un rendez-vous de fin de randonnée. Voilà en gros pour le pitch, avant que ça ne s'emballe avec l'irruption d'éléments sociétaux.
J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans ce roman qui m'a paru décousu, construit à l'emporte-pièces, sans parler de certains passages, d'images, de sensations, de traits de personnages convenus, gros ou inappropriés.
Par exemple j'ai frémi d'un énorme je-ne-sais-trop-quoi en tombant sur ce passage : « Il monta à l'avant à la place du passager en étirant ses jambes. « Tu n'as pas quelque chose à boire ? J'ai fini ma bouteille. » Martial lui tendit de l'eau. « C'était bien ? », s'enquit le chauffeur avec un coup d'oeil à l'intégrité physique de son voisin. Bertrand résuma en deux mots sa promenade : plat et monotone - c'était bien. ».
Ennui au possible en lisant ça. Et en même temps je me suis dit, mais c'est génial ! Tu t'es ennuyé alors même que c'est (presque) le sujet. Néanmoins, je me pose avec le recul une question littéraire (à deux balles d'importance) : l'auteur est-il obligé de faire ressentir l'ennui au lecteur sous prétexte que le passage évoque la platitude et la monotonie ? (et là je pense à Oblomov)
Il y a bien eu quelques velléités de début de flamme, des passages qui m'ont semblé ciselés. Mais rapidement étouffés par le rythme chaotique, et la désagréable sensation de lignes qui s'effilochent dans un projet incohérent.
Quant à la fin et au climax, ils me font l'effet d'un cocotier secoué par un 33 tonnes : des fruits magnifiques en sont tombés, révélateurs d'évènements plus qu'improbables. le contexte politique attrayant (le début de la fin du capitalisme) n'a pas sauvé le roman pour ma part.
Resté à quai trop longtemps dans le récit, comme scotché sur la ligne de départ, je n'ai pas réussi à rattraper les personnages dans leur périple, et suis resté en lisière de leur balade, en observateur médusé à qui le dernier kilomètre tardait malgré tout.
Un rendez-vous manqué, tout simplement.

Merci malgré tout aux éditions le Dilettante pour cet envoi dans le cadre de masse critique.
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Il me plait bien ce Monsieur Minus, pour son audace et son air de rien ! Il pourrait être le roi du pétrole dans un bureau de la Défense, héritier d'une lignée d'hommes d'affaire. Mais non, ce qu'il veut, c'est juste marcher, dans des conditions correctes accompagné d'un assistant qui organise son trajet et lui tient éventuellement compagnie. Il ne l'a d'ailleurs pas choisi par hasard, retenant parmi les arguments ceux qui auraient plutôt joué en sa défaveur pour n'importe quel autre employeur.
Pendant qu'il aligne les kilomètres se trament à son insu de sombres manigances et des rêves de richesse…

Leçon de sagesse d'un homme qui renonce au pouvoir qu'il était cessé exercer, ce roman met en scène toute une série de personnages hauts en couleurs. le contraste est frappant entre le rythme tranquille du marcheur et la violence en toile de fond, orchestrée par tous ceux que la richesse potentielle attire.

Une belle découverte, due à Calimero29 que je remercie !

160 pages le dilettante 2 septembre 2020

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Terre, Minus !
La grande randonnée est le graal de Bertrand le Marec : « Ce qui l'intéressait, c'était la continuité dans l'effort. Il atteignait, dans l'exercice de la marche, des états seconds ou plutôt premiers. Il voyageait avec grâce ». Dilettante patenté, Bertrand s'est baptisé Minus, acceptant d'être tracé électroniquement si son père, richissime entrepreneur, le laisse vaquer librement sur les chemins balisés de France, loin de l'affairisme frénétique et des obligations subséquentes. Bertrand a recruté Martial, placide organisateur au passé tumultueux, ordonnateur de l'hébergement et du ravitaillement. Bertrand marche, rêvasse, Martial ravaude, planifie. Si les deux hommes s'estiment, des pièges jalonnent les itinéraires et l'argent, ce « maître » étalon sans âme, peut ruiner bien des entreprises fussent-elles altruistes et débonnaires.
Laurent Graff a conçu Bertrand le Marec comme un alter-ego détaché des systèmes, en apesanteur dans la traversée des mondes. Avec élégance, l'écrivain mêle le trivial et l'éthéré, filant avec humour et brio la métaphore : « Un homme face à la mer contemple toujours son destin ». Les bonheurs d'écriture fréquents et la finesse des observations aimantent et enthousiasment. La fluidité et la précision des phrases entraînent. Nul temps mort dans ce vagabondage existentiel. Seule la dystopie où des groupes d'action violente antisystème frappent les nantis montre quelques faiblesses de par son traitement lapidaire mais le propos n'est pas là. En navigant aux marges de la société, Bertrand Minus sait que les petites attentions développent une véritable considération, pour les hommes et pour la nature : « Il n'existe qu'un chemin, celui que l'on prend… Dans tous les cas, c'est la vie. La seule qui soit ».
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"La marche lui avait fait découvrir une liberté cachée - enfouie sous le tapis -, un moyen simple et sain de s'esquiver." tiré de Monsieur Minus, de Laurent Graff (qui sort ces prochains jours): un roman malin, drôle, fantaisiste, mélancolique et philosophique. Un homme marche pour fuir sa condition, son destin, sur fond de mouvements sociaux (véganisme, black block, anticapitalisme etc. le plus amusant étant le "mea culpa" - s'accuser soi-même), parfois violents car "les dégâts, les débris, le feu, les ruines" sont "le plus beaux des poèmes". Une histoire qui pense le contemporain et s'amuse aller au-delà - l'imaginaire comme miroir déformant, c'est ce qui fait la force de ce nouveau Laurent Graff qui plaira aux amateurs de Toussaint et d'Echenoz et même aux lecteurs de Houellebecq ou de Tesson, qui trouveront dans Monsieur Minus matière à réfléchir, à rêver aussi. Excellent.
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Petit livre, petit tirage (2222 exemplaires, il n'y en aura pas pour tout le monde.) mais très sympathique.
Nous suivons un moment de la vie de Bertrand le Marec, héritier de la fameuse marque L.M première fortune de France. Sauf que Bertrand s'en fiche et renie ce statut, lui ce qu'il veut c'est "qu'on lui f.... la paix"
Alors il marche, accompagne en véhicule par Martial 20 ans de plus que lui, qui a fait de la prison, mais qui accepte ce "travail". Et oui, recruté par L.M et Bertrand, pour cela.
Oh, il s'en passe des choses dans ces 156 pages, que j'ai lu, bien évidemment en peu de temps. Il est vrai que je randonne également, certes pas 30 kilomètres par jour, mais il m'est arrivé d'en parcourir pas mal sur plusieurs jours. Et je comprends tout à fait cette ivresse solitaire du randonneur une fois que le départ est pris.
J'ai ressenti beaucoup de sensations que décrit Laurent GRAFF, ça fait du bien. D'autant plus que cette marche est agrémentée de réflexions de tous ordres, ça aussi j'ai bien aimé. En fait Bertrand est un marginal qui a les moyens financiers.
Bon, il y a parfois des aventures, qui interviennent dans ce roman qui pourraient être évitées, mais on les vis, on respire, et on passe à la suite.
Il arrive à se sortir de sa condition grâce à des évènements graves, décrits par l'auteur qui semblent assez causasses, mais c'est un roman...
Il faut parfois interpréter ce qu'on lit, afin de percer l'état d'esprit de Monsieur Graff.
Voila, une bonne note, et bonne lecture à celles et ceux qui veulent essayer un autre style.

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critiques presse (1)
LaCroix
12 octobre 2020
Avec un humour teinté de mélancolie, Laurent Graff trace la trajectoire d'un riche héritier qui a pris la tangente sur les sentiers de grande randonnée.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
" La silhouette du marcheur se détachait dans les champs comme une image d'un autre temps. On circule à moteur de nos jours, même hors des routes, c'est la règle et la norme d'une bonne intégration, une garantie d'honnêteté, c'est aussi la vitesse de déplacement en vigueur, on deçà de laquelle on perd ses droits, sa légitimité. Le marcheur, en semaine, quand il devrait travailler, s'apparente à un vagabond sans le sou, à un attardé, un hurluberlu ou un franchement douteux, un marginal à contourner. Le week-end, ça peut encore aller, c'est un sportif, un adepte de la marche de loisir, qu'on reconnait à sa tenue Decathlon. Combien de fois Bertrand avait-il essuyé sur son passage des regards de méfiance et de mépris? On lui avait tourné le dos, on avait fait semblant de ne pas le voir, on l'avait klaxonné, on l'avait éclaboussé, on l'avait poussé dans le fossé. Le piéton est un humain de seconde zone. En bord de route, c'est un total intrus, un empêcheur, un emmerdeur ; on n'est pas complètement en tord en le renversant, il l'a bien cherché. "
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Il passa par différentes périodes et échappatoires. Il se réfugia dans la solitude, dans l'oubli, dans l'excès. il lui fallut du temps, des années, pour capituler. Aujourd'hui, sur les chemins, il menait sa vie au gré d'un balisage blanc et rouge, déroulant le tapis de ses pas, qu'ils lui appartinssent ou non, et s'il se présentait un signe, il le prenait comme un clin d'œil, une marmotte sortant de son terrier, un visage passant la porte. La marche lui avait fait découvrir une liberté cachée - enfouie sous le tapis -, un moyen simple et sain de s'esquiver.
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Le ciel était nuageux sans être menaçant. En prison, il avait passé des heures, des jours, au total peut-être une année entière, à regarder le ciel par la fenêtre à barreaux de sa cellule. C'était un ciel petit, un string de ciel. un ciel de trou de serrure, qui ne défilait même pas tant il manquait d'espace. La privation de liberté était devenue un exercice d'évasion par la fenêtre. Il creusait des tunnels dans le ciel; Il attrapait au vol un avion qui traversait le rectangle de la lucarne pour se faire la belle. La météo faisait passer le temps. La pluie surtout tenait compagnie, toute proche, à portée de main. De tous, le ciel de nuit était le plus ennuyeux, qui se dressait en miroir de l'insomnie. A les porter aux nues, il avait usé ses yeux comme des semelles. Le jour de sa libération, personne ne l'attendait, excepté le ciel.
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Cependant, on a beau se couper les veines, l'argent reste le sang du monde. Il est en chaque chose, il circule, fluide, immatériel, empruntant toutes sortes de réseaux, contaminant tout ce qu'il atteint, imposant sa marche.
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"La mer. Un homme face à la mer contemple toujours son destin. C'est un rendez-vous d'entretien. Une salle de bains sans murs, avec un miroir si lointain qu'il nous fait tout petit. On se lave l'âme à grande eau, à grand ciel et à grand vent. On a les yeux qui pique d'infini. La bouche qui parle le vent. Les oreilles qui entendent le fond de l'air. La peau qui vieillit sur les os. Un homme face à la mer se met dans la balance. ça penche toujours du côté de la mer. Il se retient à la balustrade de sa vie. Puis il rompt le face-à-face, repousse la bouteille d'océan sur le comptoir de l'horizon. Il a son compte."
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