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Critique de berni_29


Aujourd'hui c'est mercredi et mercredi, c'est... ?
« Les histoires à Berni ! »
Sandrine, la maîtresse d'école a fait entrer les élèves dans la classe.
Tous les élèves se demandaient ce que j'allais raconter comme histoire cette fois-ci. L'épaisseur du livre ne leur avait pas échappé, ils étaient intrigués, un peu inquiets même.
Quelques jours plus tôt, je me suis rendu dans ma médiathèque préférée. Je me suis aussitôt dirigé vers le rayon jeunesse et j'ai rencontré sa jeune responsable.
« Tiens, Berni ! Quel plaisir de te retrouver ici. Quel bon vent t'amène donc vers moi aujourd'hui ?
- Écoute, tu vas sûrement pouvoir m'aider. Je recherche cette fois-ci la perle rare, un récit qui pourrait être lu dans une classe de CE2 et qui pourrait répondre à un item un peu tordu d'un challenge sur Babelio, il faut qu'il y ait des représentations de plusieurs animaux sur la couverture.
- Eh bien ! Rien que ça Berni ? Dis donc, quelle aventure, dis-moi. Je vais te trouver la perle rare. Tu es tombée sur la bonne personne, suis-moi dans les rayonnages, nous partons à l'aventure... You hou ! Allez, dépêche-toi, vite, ne traîne pas, je n'ai pas que ça à faire... »
Je ne l'avais jamais vu aussi enthousiaste. Je la sentais tout de même un peu moqueuse aux entournures. Elle m'a suggéré plusieurs idées et brusquement, ce fut le coup de coeur partagé.
« Celui-ci sera idéal pour toi, dit-elle en me faisant un clin d'oeil. Il s'appelle le vent dans les saules. »
J'ai feuilleté les pages du livre. Il n'avait pas dû être emprunté depuis longtemps, il y avait encore beaucoup de poussière dans tous les angles. Des illustrations un peu désuètes ont retenu mon attention.
- Il n'est pas un peu daté ?
- 1908. Autant dire, intemporel.
- Oui, dit comme ça...
- Et en plus, si tu l'empruntes, tu le sauves d'un désherbage promis.
- Un désherbage ? Oh alors, je l'emprunte tout de go. Si mon projet permet de sauver un livre, alors j'y vais.
- Quel sauveur ! Tu es un vrai héros, Berni. Je l'ai toujours su. Hé ! Tu parleras de moi gentiment cette fois-ci sur Babelio ? La dernière fois, ce n'était pas top. Tu sais que je te suis, hein... »
Je ne sais pas pourquoi, je l'ai devinée un tantinet ironique ce jour-là.
Et me revoilà dans la classe de CE2 de Sandrine.
« Les enfants, aujourd'hui je vous emmène faire une balade à la campagne. »
Tous les élèves se sont alors rués dans un cri de joie vers les portemanteaux pour saisir les vêtements accrochés. Sandrine, la maîtresse d'école a dû venir tempérer leur ardeur.
« Bernard voulait dire que, par sa manière inventive de raconter une histoire, il va vous transporter dans un autre monde imaginaire et champêtre. »
Elle est bien Sandrine, elle a toujours l'art et la manière de trouver les mots justes pour rassurer.
Cela dit, ça me collait brusquement une sacrée pression, tout de même. Ce n'était pas gagné.
Je me suis approché du groupe d'élèves et j'ai commencé à introduire le récit.
« Ce livre a été publié en 1908 par un Monsieur anglais du nom de Kenneth Grahame qui, au début, n'était pas écrivain. Il était souvent loin de ses enfants à cause de son travail et il leur écrivait le soir des lettres dans lesquelles il inventait des histoires avec des animaux pour les divertir. Certains de ses enfants avaient vos âges, ils ont adoré ces histoires, alors plus tard leur père a eu l'idée de les rassembler dans un livre et de les publier. »
Alors Sandrine la maîtresse d'école est venue discrètement me souffler dans l'oreille : « je crois qu'ils se moquent de tout ceci, va vite dans le récit, sinon on va les perdre. »
Elle est formidable Sandrine, vraiment sans elle, je ne pourrais pas bien raconter les histoires du mercredi.
Cependant, la petite Anna avait retenu un détail de mon propos qui ne lui avait pas échappée et elle s'est avancée vers moi avec un air mine de rien qui avait envie d'en savoir un peu plus.
« 1908 ? Whoua ! Berni-Chou tu nous impressionnes. Mais dis-nous, tu n'aurais pas confondu ce matin le chemin de l'école avec celui de l'Ehpad d'à côté ? »
Sandrine m'a fait un petit geste de la main, m'invitant à embrayer à la vitesse supérieure...
Alors j'ai commencé à leur raconter quelques péripéties du livre et qui touchent les quatre principaux personnages, à savoir Rat, Taupe, Blaireau et Crapaud.
Nous sommes à la campagne dans un univers tranquille, apaisé, rassurant... Tout commence par Rat qui invite son ami Taupe à un pique-nique en empruntant une barque sur la rivière. Les voilà partis avec plein de victuailles.
La petite Dori a demandé s'ils avaient pensé à embarquer du chocolat. Je lui ai répondu que ce détail n'était pas précisé explicitement mais que forcément, à mon avis, ils y avaient pensé. Ça a eu l'air de la rassurer. Ouf !
Bientôt, ils vont rencontrer Crapaud, personnage totalement déjanté, puis Blaireau qui a une conception bourgeoise du monde et qui lui vit dans la forêt sauvage, c'est-à-dire déjà dans un autre univers vers lequel nos amis vont s'aventurer, c'est un monde totalement inconnu pour eux. Il y a ici l'idée que réside l'aventure à deux pas de chez eux.
J'ai tenté de leur transmettre ce que j'avais aimé dans ce livre, la douceur de vivre, l'amitié, l'entraide, l'esprit d'aventure, la beauté de la campagne.
Je voyais bien que toutes ces valeurs leur plaisaient, qu'ils adoraient surtout le personnage de Crapaud, le personnage le plus foutraque de l'histoire, mais qu'il y avait quelque chose qui ne passait pas pour emporter les enfants dans un enthousiasme total. Alors avec Sandrine, la maîtresse d'école, nous avons eu l'idée de déconstruire le récit et de le revisiter à leur manière.
J'ai alors proposé : « Nous allons déconstruire le récit.
- Ok, a dit du tac au tac la petite Manue, amène ton bouquin, on va le déconstruire façon puzzle. »
La petite Manue a commencé à vider son sac, je sentais qu'elle allait sortir la sulfateuse ; le petit Pat lui a tendu une clé de douze.
« C'est peut-être ça que tu cherches, a-t-il tenté timidement.
- Tu es mignon, Patounet, mais sur cette affaire, on a besoin de l'artillerie lourde. »
Alors elle a sorti de son havresac l'objet rare, essentiel, indispensable pour une telle opération : la tourniquette pour faire la vinaigrette !
Sandrine la maîtresse d'école leur a alors demandé : « s'il fallait réécrire cette histoire aujourd'hui, qu'est-ce qu'on garderait ? Et qu'est-ce qu'il manquerait ? Qu'est-ce que vous voudriez rajouter à l'histoire ?
« du chocolat dans les victuailles à embarquer pour le périple ! s'est écriée la petite Dori.
- Des personnages féminins, s'est écrié la petite Chrystèle.
- On dirait que les personnages de la forêt sauvage sont idiots ou inférieurs aux autres, ce n'est pas très sympa je trouve, a dit la petite Nico.
- Tu as raison, Nico-Choute, cela m'a aussi un peu choqué, ai-je répondu.
- Et si on gardait quelque chose de ce livre, ce serait quoi ? a demandé Sandrine.
- Les amis, l'entraide, savoir sur qui on peut compter, a dit le petit Pat.
- L'idée de partir de chez soi et de revenir, a dit la petite Anna qui venait de faire un long périple en Grèce durant les jours derniers.
- La douceur de vivre, a dit la petite Anne-Sophie.
- Avoir des compagnons un peu fous comme Crapaud, lol, a dit la petite Sonia.
- Partir dans une barque sur une rivière et se poser pour pique-niquer à un endroit qu'on ne connaît pas », a dit la petite Sylvie.
- Se dire que quelques années plus tard, on se retrouvera au même endroit pour pique-niquer ensemble, a dit la petite Gaëlle. On aura grandi, on se retrouvera de nouveau comme maintenant et tu viendras nous raconter encore des histoires, camarade... »
Brusquement, je me rendais compte que le récit devenait effectivement peu à peu intemporel sous leurs yeux et leurs idées. Et dans leurs regards émerveillés, innocents, je voyais des berges, des barques qui accostaient, des rires d'enfants qui gambadaient sur l'herbe, se chamaillaient, je voyais la petite Nico qui courait après la petite Dori pour essayer de lui attraper sa tablette de chocolat. Je voyais le caméléon du petit Paul qui essayait de gober toutes les mouches et les moustiques qui passaient au bord de la rivière.
J'ai fermé les yeux. On était bien ensemble... Au loin, on entendait seulement le jukebox du petit Pat et ça nous faisait du bien :

♫ Quand on s'promène au bord de l'eau
Comme tout est beau ♬
Quel renouveau ♫
Paris au loin nous semble une prison
♫ On a le coeur plein de chansons
L'odeur des fleurs
Nous met tout à l'envers ♬
Et le bonheur
♪ Nous saoule pour pas cher
Chagrins et peines
De la semaine ♪
Tout est noyé dans le bleu dans le vert ♫

Un seul dimanche au bord de l'eau ♬
Au trémolo ♬♬
Des p'tits oiseaux
♫ Suffit pour que tous les jours semblent beaux
Quand on s'promène au bord de l'eau ♫♫♫
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