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Critique de Rodin_Marcel


Grainville Patrick – "Bison" – Seuil/Points, 2014 (ISBN 978-2-7578-4953-8)

Il s'agit ici d'une biographie romancée du peintre états-unisien George Catlin (1796-1872), qui parcourut de 1821 à 1860 les vastes espaces correspondant grosso modo aux États-Unis actuels pour y vivre auprès des tribus indiennes – surtout les Sioux dans le présent récit – et y peindre tout à la fois des scènes de chasse, des portraits, des paysages, avant que tout cela ne soit anéanti par les colons blancs nés sur place ou venus d'Europe.
Avec l'auteur Patrick Grainville, la qualité d'écriture est toujours au rendez-vous, même lorsqu'il "se limite" comme dans ce récit, à une relation relativement "documentaire" appuyée sur une documentation précise (le peintre Catlin a laissé de nombreux écrits ainsi que ses carnets de voyage).
Il se concentre ici principalement sur les années 1832-1837 (cf pp. 32-33), avec des échappées sur les disparitions à venir, comme l'inventaire des défaites indiennes face au déferlement des blancs (cf pp. 58-59) ; son récit est exempt de toute mièvrerie, de tout romantisme rousseauiste, à l'image des qualités qu'il décèle chez son personnage (cf p. 32). A plusieurs reprises, il rend compte des contacts entre les indiens et les marchands blancs apportant la dégradation des moeurs, comme par exemple avec l'alcoolisme (cf pp. 123-128).

Il a un véritable talent pour rendre des scènes très visuelles, comme la chasse aux bisons ou les "immenses vols de grues et d'oies des neiges" (p. 73), mais nous sommes loin ici de la recherche fouillée sur les ressorts profonds de l'acte de peindre, effectuée avec "L'atelier du peintre" (voir recension).
Notons les comparaisons avec les autres peintres qui traiteront de sujets similaires, comme Alfred Jacob Miller (p. 32), Bodmer (p. 57), John James Audubon (pp. 128-130), William Jacob Hays (p. 276), Frederic Remington (p. 277). Au passage, je relève une allusion furtive à Bethsabée (p. 106).

Une lecture plaisante et agréable, même si elle nous rappelle que les États-Unis furent fondés sur la destruction de contrées restées quasiment inviolées jusqu'à l'arrivée des colons, sur l'anéantissement de la faune sauvage dont principalement les gigantesques troupeaux de bisons et surtout, surtout, sur le génocide systématique des tribus indiennes.

Un livre à lire et recommander.
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