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Critique de Takalirsa


J'avais abandonné ce livre à la première lecture, mais comme entre temps j'ai découvert d'autres titres sur la conquête de l'Ouest américain et que j'ai désormais quelques références, je me suis dit que ça passerait mieux. En réalité, cela n'a pas changé grand-chose.
Il s'agit non pas d'un roman mais d'un fait divers sur lequel l'auteur a enquêté : des meurtres d'Indiens osages dans une réserve dont les terrains regorgent de pétrole… le contexte est bien expliqué, rappelant la (mauvaise) influence américaine sur les peuples autochtones : accaparation des terres (« en finir avec la vie communautaire et faire des Indiens des propriétaires »), processus d'acculturation (les prénoms changés, les traditions gommées, l'école catholique obligatoire, la langue imposée, etc. pour « assimiler la société des Blancs »), et mise sous contrôle des ressources attribuées (« Ils firent en sorte que personne ne revende ses parts, on ne pouvait qu'en hériter »).

Malgré tout, les Osages sont d'habiles négociateurs et savent rentabiliser le pétrole découvert après qu'on les a parqués dans la réserve (c'est ballot pour les Américains). Ils ne tardent pas à prospérer, ce qui agace bien sûr les Blancs. Ceux-ci ripostent avec la mise sous tutelle, « une loi attribuant un tuteur à tous les Indiens que le ministère de l'Intérieur jugeait « incompétents » » (autant dire : quasiment tous). Cette décision, qui les réduit à l'état de « citoyens de seconde zone », permet de garder la mainmise sur les terres et même de « saigner les Indiens à blanc » puisqu'ils ne peuvent dépenser leur argent sans l'autorisation de leur tuteur !

Les Américains ne se contentent malheureusement pas d'être des Blancs corrompus et racistes : ce sont également des meurtriers. Ils seront plusieurs représentants de l'ordre à tenter de résoudre ces affaires criminelles (24 Indiens tués au total… officiellement, car on se rendra compte plus tard que d'autres ne sont pas morts naturellement mais ont été empoisonnés). L'accent est mis sur certains d'entre eux (la famille de Mollie), ce que j'ai trouvé pertinent : cela donne un côté réel, renforcé par les nombreuses photos. Par contre je me serais passé des digressions sur les enquêteurs, plutôt ennuyeuses et inutiles, et qui m'ont embrouillée dans les différentes personnalités.

La résolution viendra de Tom White, dépêché par Edgar J. Hoover à la tête du tout nouveau BIO (« Bureau of Investigation ») : c'est en effet la toute première enquête de ce que l'on appelle aujourd'hui le FBI (« Pour Hoover, cette affaire devint la vitrine du nouveau Bureau, elle venait démontrer que le pays avait besoin d'une police nationale composée de professionnels ayant suivi une formation technique et scientifique »). Tom White réalise vite qu'il se trouve au coeur d'un véritable « complot pour assassiner de riches Indiens » (et leurs héritiers) : agents doubles, hécatombe de témoins potentiels, nombreuses machinations, « conspirateurs mutiques »… Il ne sera pas simple de confondre le coupable et que justice soit faite (« Est-ce qu'un jury composé de douze hommes blancs pourrait condamner un autre Blanc pour avoir tué des Indiens ? »).

Cependant l'enquête aura eu le mérite d'étaler aux yeux des Américains « ces crimes effacés de notre Histoire ». Elle apportera aussi la fin du « système pourri des tutelles ». Dans la troisième et dernière partie, que j'ai survolée, l'auteur explique sa démarche d'investigation pour recomposer les événements. Je n'y ai pas trouvé grand intérêt, à part l'évocation de sa rencontre avec la petite-fille de Mollie (« Pendant qu'elle parlait, je pris conscience d'à quel point les ravages commis pendant le Règne de la terreur avaient eu des conséquences sur des générations entières », en terme de répercussions psychologiques) et le fait que les malins Osages ont, « comme d'autres tribus, trouvé d'autres sources de revenus », notamment les parcs éoliens et les casinos (voir à ce sujet le roman « Une dose de rage » d'Angeline Boulley). Il n'empêche que les discriminations, elles, sont toujours bel et bien présentes…
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