Après avoir visionné le passionnant documentaire de Ric et Ken Burns sur la Guerre de Sécession (The Civil War), j'ai eu envie d'orienter mes lectures en direction du
Sud des États-Unis. Ce faisant, j'ai découvert ce roman de
Julien Green, écrivain français d'origine américaine.
Plus que son héroine, très inspirée de Scarlett O'Hara, jeune femme sensuelle et capricieuse, j'ai apprécié à la lecture de
Dixie l'évocation de paysages tour à tour grandioses, sublimes et inquiétants et la description d'une nature envoûtante par ses excès.
Cependant, le sujet de cet ouvrage reste avant tout la Guerre de Sécession -ici dans son déroulement au cours de l'année 1862. Elle est relatée au travers de grands moments historiques jalonnés de figures célèbres mais aussi au travers de ses répercussions dans la vie de tous les jours des habitants du
Sud. Son pouvoir sur l'imagination des enfants, protagonistes sensibles et attachants et sur la vie amoureuse de son personnage principal, rendu vorace par une force vitale qui vient contrebalancer la morbidité des champs de bataille, constitue une des facettes originale de ce roman.
La question de l'esclavage y est à peine évoquée : en 1862, le conflit qui oppose l'Union et les États Confédérés est davantage motivé par la Sécession opérée par les uns et combattue par les autres au nom d'une grande nation unie.
Mais peut-être est-ce aussi du au fait que le
Sud de
Julien Green est un
Sud mythique dont la réalité aurait été déformée par le prisme des souvenirs, comme il semble le confirmer dans une déclaration lue en quatrième de couverture :
- "C'est pour retrouver ce que m'ont dit mon père et ma mère que j'ai écrit mes romans sur le
Sud. Maman surtout. J'avais douze ans lorsqu'elle m'a avoué que, malgré toutes nos victoires, nous avions été battus. le
Sud avait perdu. Cela a marqué toute ma
jeunesse, et je revois encore maman se cachant le visage. Curieusement, dans mon livre, les enfants ont neuf, dix, onze ans, l'âge où je croyais encore à mon pays vainqueur..."