Le mot geek (dérivé de "geck", mot désignant un idiot, simple d'esprit ou dupe, en usage au moins dès le XVIè siècle et jusqu'au XIXè) était généralement ignoré dans son acceptation carnavalesque d'homme primitif qui décolle avec ses dents des têtes de poulet ou de serpents vivants, jusqu'à ce que Gresham l'introduise au grand public dans Nightmare Alley. En novembre 1947, le fameux trio de Nat "King" Cole a enregistré un disque intitulé The Geek.
Préface de Nick Tosches.
Ce livre, publié pour la première fois en 1946, est né en hiver, entre la fin de 1938 et le début de 1939, dans un village près de Valence où William Lindsay Gresham, l'un des volontaires des brigades internationales venus défendre la République dans la cause perdue de la guerre civile espagnole, attendait son rapatriement. En attendant, il but des verres avec un homme, Joseph Daniel Halliday, qui lui parla d'une chose à la fois repoussante et terrifiante: une attraction de foire portant le nom de geek, un ivrogne tombé si bas qu'il arrachait des têtes de poulet et de serpent rien que pour pouvoir se procurer sa dose d'alcool.
Préface de Nick Tosches.
- Je suis un arriviste, nom de Dieu. Comprenez-vous cela, espèce de garce à la face glacée ? Je tiens à gagner de l'argent par n'importe quel moyen. Dans ce foutu asile d'aliénés qu'est le monde, il n'y a que le fric qui compte. Quand vous en avez, vous êtes le maître.
(P. 281)
- Quand vous vous allongez sur ce divan, vous passez toujours la main sur vos cheveux avant de vous y étendre. Pourquoi faites-vous cela ?
- C'est un geste de préparation.
- Expliquez-vous.
- Tout artiste de music-hall a un tic, un geste qu'il fait, dans les coulisses, au moment d'entrer en scène.
- Qu'est-ce qui vous y pousse ?
- Je l'ai toujours fait. Quand j'étais gosse, j'avais une mèche rebelle et ma mère me disait continuellement de l'aplatir.
-Est-ce là l'unique raison ?
- Quelle importance cela a-t-il ?
(P.277)
Les gens sortaient de la tente où s'était produit le geek, mornes, distraits et silencieux, à l'exception du pochard. Stan les contempla, un étrange sourire, doux et distant, sur le visage ; le sourire d'un prisonnier qui vient de trouver une lime dans une miche de pain.
(P.26)