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Critique de Stelphique


🔪Chronique🔪

« -Donc toi tu dis, tout le monde est véreux? »

En fait, ce n'est pas le monde qui est véreux, Noodles, c'est le système. Tu avais quoi comme option d'ailleurs, à part celui de devenir gangster? Je crois qu'il ne t'en restait guère des options, bien que tu sois intelligent, et justement parce que tu l'étais, tu avais vite compris, que dans cette Amérique, les contes de fées n'y avaient pas leurs places, et tes propres chances étaient minces. Pauvre, juif, discriminé pour une raison ou pour une autre, il te fallait trouver vite une voie, et tu as choisi celle de la facilité. Celle de l'argent facile. Avec tes potes, vous avez partagé les coups durs, les coups du sort, et les coups de chances. Les années 20 étaient folles, et vous, affamés, c'était presque couru d'avance, ce chemin tout tracé du gangster. Comme les cinq doigts de la main, avec tes fidèles amis, vous y avez croqué à pleine dent, à cette croissance et tout ton environnement s'y prêtait. La mafia, peu importe son origine, a toujours adoré les enfants. Vos innocences, vos potentiels, vos malléabilités, sont des aubaines pour eux. Avec quelques pièces ou des charlottes russes, elle vous a façonné, vous a armé, vous a aguerri. de gamins libres, vous êtes passé à mercenaires à la solde de la Coalition…La corruption, la Prohibition, l'économie souterraine n'avaient plus de secrets pour vous, et vous avez joué de ces frasques, avec brio…Certes, le véreux, forcément, tu le voyais partout, Noodles, tu l'as même avalé à pleine bouche, cette grande pomme, n'y laissant pas même un trognon, et cela, t'as gâté. Lentement mais sûrement, tu t'es laissé pourrir de l'intérieur. Tu jouais du couteau, comme tu jouais de la vie, sans état d'âme. Alors dis-moi, Noodles, est-ce le monde qui est véreux, ou la projection de ton esprit que nous saisissons, dans ce roman?

« OK, notre audace et notre énergie excessive pourraient trouver des voies plus nobles pour s'exprimer, mais qui a la patience? »

Ce que j'aime dans ces histoires sur la mafia, c'est la pulsion de vie. Tout y est excessif, grandiose, puissant. Je ne me lasserai jamais de les lire, car elles sont un pouls très particulier. Je n'entendais que ça. Encore plus, je trouve quand elles parlent des enfants, tombés malgré eux dans ces ondes malfaisantes. Comme s'ils savaient déjà en embrassant cette voie du crime, que même à un cheveu de la mort, le plus important, c'est l'instant présent. de vivre vite et fort. de brûler le moment sans s'inquiéter du danger, des conséquences, des vies autour. Ils se donnent sans compter, ces minots, parce qu'ils n'ont pas la maturité suffisante pour cerner les causes et les répercussions de leurs actions. La notion de plaisir, chez eux, est de l'ordre de l'immédiateté et de l'intensité. En cela, j'ai trouvé le récit de Harry Grey, d'une grande sincérité, d'abord, mais aussi, d'une forte emotion. On suit, ces jeunes garçons nés dans le dénuement le plus total dans leurs débuts de banditisme, puis progresser peu à peu, dans cette escalade croissante de la violence, s'installer dans leurs rôles de voyous, mais ils gardent jusqu'à la fin, cette ombre prégnante de gamins frustrés jusqu'à la moelle, de n'être au fond, considérés par l'Amérique et le monde, que comme des moins-que-rien. Ils ne cherchaient qu'un peu de reconnaissance, qui pourrait le leur reprocher? Ils ne voulaient prouver, qu'au fond, ils étaient là aussi, et ont fait, eux aussi, l'Amérique. Pour moi, ces enfants sont des étoiles filantes. Noodles et les autres ont brûlé leurs vies, leurs chances, leurs potentiels pour être vu, ne serait-ce que pendant un millième de seconde…

« Affreux, affreux, c'est affreux, Noodles. »

Il me faudra bien suriner le Surineur, à un moment quand même…Mais affreux, c'est exactement le mot que j'aurai choisi pour son comportement envers les femmes. Entre ses actes et ses pensées, c'est répugnant, mais malheureusement, à l'image des usages de l'époque. Heureusement, qu'il y a eu des avancées politiques et sociales en Amérique depuis, mais le voir, comme ça, dénigrer, agresser, objectifier tout le long de cette lecture, toutes les femmes qu'il rencontre, ne m'a pas permis d'avoir un attachement possible avec lui…

Qu'est-ce que tu penses de la qualité?

Je pense qu'elle est effective. J'ai été happée par ce thriller, du début à la fin. le rythme est soutenu, nul ennui dans ces pages! Cette bande court d'un danger à un autre, d'un casse à l'autre, d'une arnaque à une autre et tout le long, l'auteur nous explique, de l'intérieur, cette mafia new-yorkaise avec les combines, la préparation, le réseau, le crime organisé, l'adrénaline, l'alcool, l'amitié, la drogue, la luxure, la corruption, la hiérarchie, le faste, le rêve et les illusions. C'est un grand roman. Dense, passionnant, palpitant. C'est un angle de vue très intéressant sur l'Histoire de l'Amérique. Les dynamiques économiques des années 20, ont permis l'émergence d'une monarchie de l'ombre, et grâce à cette traduction, nous en avons l'essence. Si votre coeur palpite, il ne faudra pas le réduire en charpie, ce n'est qu'un pur instant de vie. Vivez-le, comme eux, avec flamboyance!
Lien : https://fairystelphique.word..
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