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Critique de gabb


gabb
07 février 2024
À l'écran, il parait que c'est un chef d'oeuvre (mais honte sur moi, voilà encore un film incontournable que j'ai lamentablement réussi à contourner...).
Et le bouquin alors ? Est-il à la hauteur de sa prestigieuse adaptation cinématographique ? Qu'y a donc trouvé le grand Sergio Leone pour motiver la réalisation de son dernier long (très long ! 4h25 !) métrage ?

Pour le savoir une seule solution : ouvrir le bel ouvrage - gentiment offert par Babelio et les éditions Sonatine que je remercie au passage - et faire enfin connaissance avec le dénommé Noodles et ses quatre acolytes.
L'effet est immédiat : dépaysement instantané dans les bas fonds du Lower East Side et immersion totale dans ce New York mal famé des années 20, celui des gangs de voyous, de la prohibition et des speakeasies, des luttes de pouvoirs entre mafias rivales.
C'est là, au coeur du ghetto juif, que grandissent notre narrateur et ses turbulents compères, tous pressés d'en finir avec l'école et de goûter aux ivresses interdites de la rue, des petites combines et des magouilles plus ambitieuses.

Le temps passe, quelques séjours en prison retardent leurs projets, mais la petite bande d'inséparables ne perd pas de vue ses objectifs : de casses en intimidations et d'assassinats en manoeuvres de corruption, elle finit par accéder aux plus hautes sphères du crime organisé. ("Et puis merde, le monde est une jungle, c'est chacun pour soi. le meilleur qui gagne, la loi du plus fort, tout ça. Et on est forts. OK, notre audace et notre énergie excessive pourraient trouver des voies plus nobles pour s'exprimer, mais qui a la patience ? On veut atteindre le sommet de l'échelle le plus vite possible. On a notre claque de cette pauvreté.")

Chaque étape de leur ascension est soigneusement détaillée, et grâce au témoignage précis de Noodles (mêlé à celui de l'auteur lui-même, puisque Harry Grey est un ex-mafieux repenti !) le lecteur se trouve comme "intégré" au clan. Il assiste ainsi de l'intérieur aux différentes phases de leur redoutable montée en puissance, aux fusillades et aux exactions, aux descentes dans les bars et casinos clandestins, aux nuits de débauche dans les clubs interlopes ou les fumeries d'opium.

Tous les ingrédients semblaient donc réunis pour faire de ce roman un petit bijou de littérature noire ... hélas en ce qui me concerne le compte n'y est pas tout à fait.
Peut-être est-ce dû au style (assez quelconque), ou bien à la surabondance de dialogues, sans doute très efficaces sur grand écran mais un peu plus rébarbatifs à l'écrit. À moins que ce ne soit la multiplicité des missions confiées à nos crapules par le chef de la Coalition (hydre tentaculaire fédérant les diverses organisations criminelles du secteur) qui à la longue a un peu tempéré mon enthousiasme initial.
Toujours est-il que 600 pages de braquages, de contrebandes de whisky, de règlements de compte et de prise de contrôle de ces fameux syndicats alors en plein essor, c'était pour moi un tantinet trop long.

Aussi, à mon grand regret, je n'ai pas réussi à éprouver beaucoup d'intérêt (et encore moins de sympathie) pour ces  truands sans morale dont les portraits m'ont semblé manquer de nuances et de profondeur.
Évidemment, en tant que héros et narrateur de l'histoire, le personnage de Noodles est un brin plus "consistant", et dans les derniers chapitres il se révèle enfin un peu moins manichéen. Ses tristes compagnons quant à eux, comme l'ensemble des seconds rôles, sont beaucoup moins convaincants : leurs caricatures sont à ce point grossières que j'ai fini par les confondre les uns avec les autres. C'est dommage, car cette histoire d'indéfectible amitié courant sur plusieurs décennies avait pourtant tout pour me plaire.

Que les fans du genre se rassurent : cette lecture reste plutôt plaisante, et on y croise avec sidération quantité de mafiosos célèbres (Al Capone évidemment, mais aussi Charles Luciano dit "Lucky", Franck Costello ou encore Mickael Coppolo dit "Mike la Gâchette").
Bien qu'il ne soit pas évident de distinguer la part autobiographique de l'ouvrage (issue du vécu de Harry Grey et de son expérience au sein de la pègre) et celle plus romancée que l'auteur attribue à Noodles, le fait que les évènement relatés dans ces pages soient plus ou moins avérés confère au récit une dimension tout à fait particulière ! Quelle époque !
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