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Critique de Titania


Tout du long de ma lecture, je me suis demandée ce que Barack Obama avait bien pu trouver d'intéressant à ce roman de Lauren Groff, pour en dire autant de bien , et puis finalement j’ai compris.

La première partie est longuette et laborieuse, il faut faire des efforts pour supporter le vide abyssal des conversations de nos héros de fêtes en fêtes avec les gueules de bois et l'hypocrisie sociale qui va avec...classique, banal, ordinaire, tout comme le langage cru, habituel chez les auteurs réalistes américains.
Entre crochets, beaucoup de remarques, d'apartés, une impression de brouillon inachevé, comme dans la rédaction de synopsis. C’est agaçant autant qu’intrigant, inhabituel en tout cas.

Une simple histoire de couple, lui riche, mais déshérité, elle, belle et ambitieuse pour deux, chronique de la réussite à partir de rien et d'une ascension sociale à l'Américaine, à l'arrachée, dans l'adversité. Pour faire bonne mesure, notre héros est écrivain, arrogant, dépressif, brouillé avec le quotidien. L'auteur semble nous raconter quelque chose comme une histoire de pygmalion à l'envers, avec la création artistique au centre du projet, dans un petit microcosme new-yorkais d'intellectuels déjantés.

Puis tout s'accélère ...on a la fin au milieu, puis une succession de changements de perspectives, avec des relectures de ce qui vient d'être raconté, la chronologie bousculée, et là, ça devient bigrement intéressant et assez jubilatoire. Ce n’est pas un roman chorale, c’est différent, la narration est toujours extérieure. On va de surprise en surprise. Les personnages gagnent en profondeur et complexité.

« Les livres la laissaient sur sa faim. Elle était tellement lasse de cette façon conventionnelle de raconter des histoires, ces schémas narratifs éculés, ces intrigues touffues sans surprise, ces gros romans sociaux. Il lui fallait quelque chose de plus désordonné, de plus affuté, comme une bombe qui explose ».

En prêtant cette émotion de lecteur à Mathilde qui façonne Lancelot le dramaturge, comme elle sculpte son propre personnage, Lauren Groff nous donne les clés de son roman social affûté à elle . Tout est dans la forme et c'est réellement innovant . Il faut juste aller au delà des apparences. Une belle réflexion sur la création à plusieurs niveaux , sur le théâtre de la vie, avec son côté très imprévisible et incontrôlable.
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