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Critique de Bibliotekana


Tout d'abord merci à Babelio pour son opération Masse Critique et aux éditions de l'atelier pour l'envoi du livre.
Bernadette Groison est professeur des écoles et depuis 2010, secrétaire générale de la FSU (Fédération syndicale unitaire), première organisation syndicale de l'Éducation nationale et deuxième de la fonction publique d'État.
Les Éditions de l'atelier est un éditeur indépendant qui a été créé en 1929 sous le nom de « Éditions Ouvrières ». Leur credo : « mettre en valeur les expériences humaines afin d'analyser les grandes questions de société, décrypter le passé, inventer le présent. Les ouvrages visent à accroître la capacité de chacun à être acteur et à favoriser la transformation du monde vers plus de démocratie, de justice, de fraternité. » (voir leur site : http://www.editionsatelier.com/)

L'ouvrage est donc édité par Les Éditions de l'Atelier, en partenariat avec La FSU. Il vise à contrecarrer toutes les idées fausses qui circulent à propos de la Fonction Publique et des fonctionnaires. Pour se faire, il les prend une par une, en prenant appui sur des sources fiables et spécifiques (enquêtes, statistiques, rapports, comparaisons internationales,…).
Il est organisé par thèmes. Premièrement, les idées reçues sur les fonctionnaires ; deuxièmement, les fausses solutions. La première partie se décompose elle-même en sous-catégories : sur les agents de la fonction publique, sur les enseignants (point plus développé qui se comprend quand on connaît la profession de l'auteur…), sur le rôle du secteur public, sur les finances publiques et sur l'État et les collectivités territoriales.
Avant toute chose, on remarque que c'est un syndicat qui a participé à l'écriture du livre. Ce dernier est donc orienté dès le début, en prenant forcément la défense des fonctionnaires. Ce qui m'a un peu gêné c'est cette « présence » implicite du syndicat dans l'ouvrage. Pour citer un exemple : sur l'idée fausse n°31, concernant l'échec scolaire, l'auteur fait remarquer que les jeunes vont en moyenne à l'école jusqu'à 19 ans. Elle ajoute : « C'est pour tenir compte de cette réalité que la FSU propose de fixer l'âge de scolarité obligatoire à 18 ans […]). On retrouve au fil du livre, disséminées çà et là, des propositions syndicales pour faire évoluer et dynamiser la fonction publique et défendre les fonctionnaires. Évidemment, c'est la secrétaire générale de ce syndicat qui a écrit le livre. Soit. Mais j'aurais préféré un livre plus impartial, même si ce n'est pas non plus un manifeste syndical, loin de là.
Autre détail perturbant pour moi, l'intitulé des idées fausses. Je me doute bien qu'il y a un tas de clichés répandus sur les fonctionnaires et la fonction publique, comme le « mille-feuille » administratif (rappelons tout de suite qu'il n'y a en fait que 6 feuilles…), la sécurité de l'emploi, les avantages par rapport au privé, etc. mais il y en a d'autres que je trouve un peu exagérés… Par exemple : « Les enseignants-chercheurs ne travaillent que quatre à huit heures par semaine d'octobre à avril » (idée fausse n°27) ; « Les contrôles incessants des inspecteurs du travail empêchent les entreprises de travailler » (idée fausse n°38) ; « On devrait augmenter les droits d'inscription dans les universités pour que leur budget soit équilibré » (fausse solution n°79),… Mais bon, il y a aussi, comme partout, certains fonctionnaires qui ne sont pas à la hauteur de leurs missions et qui du coup servent de généralités aux personnes qui les ont côtoyées et ces dernières pensent ensuite que tous les fonctionnaires sont comme ça...

Par ailleurs, certaines idées fausses me semblent redondantes, autant dans l'idée même qu'elles véhiculent que dans la réponse apportée par Bernadette Groison. Exemple : « Avoir son salaire gelé le temps que la crise passe, c'est acceptable pour un fonctionnaire parce que son emploi est garanti » (idée fausse n°9) et « Au vu de la situation économique de la France, il est normal que tout le monde, y compris les fonctionnaires, fassent des sacrifices » (idée fausse n°44). Autre exemple : « Dans le système actuel, un fonctionnaire incompétent peut rester à son poste même si tout le monde sait qu'il est inefficace » (idée fausse n°19) et « On devrait, comme dans le privé, pouvoir licencier les fonctionnaires qui sont inefficaces et incompétents » (idée fausse n°78).
Les réponses se rejoignent d'une certaine manière, puisque l'auteur rappelle très souvent les principes inhérents de la fonction publique : adaptabilité et donc innovation permanente, service au public (donc égalité, neutralité, équité et solidarité), primauté de l'intérêt général sur les intérêts particuliers,… Peut-être que certaines auraient pu être regroupées.

Malgré ces quelques points moins plaisants pour moi, j'ai trouvé des qualités à ce livre. Pour les fonctionnaires qui le lisent, cela leur permet de se remettre en mémoire leurs missions fondamentales (voir les principes cités ci-dessus), et de pouvoir répondre aux attaques de manière argumentée afin de tordre le cou pour de bon aux poncifs. Pour les autres, cela permet d'éclaircir leur pensée, de revoir leurs idées (fausses !) concernant la fonction publique et de comprendre la différence fondamentale entre public et privé : pas de recherche de profit dans le public, richesse mesurée différemment, comme par exemple en terme de bien-être et d'émancipation des citoyens (voir idée fausse n°3 comme quoi les fonctionnaires coûtent cher aux contribuables et ne créent pas de richesses ou l'idée fausse n°67 qui propose de réduire les personnels de la culture puisqu'ils n'auraient pas d'utilité directe).

Au final, ce petit ouvrage redore le blason de la fonction publique en montrant que ce n'est pas une charge pour la société mais bien un atout pour faire évoluer les citoyens dans le bon sens, en répondant à leurs besoins et en luttant contre les inégalités.
Je pense qu'il peut permettre d'endiguer l'hostilité envers les fonctionnaires, puisque tout le monde ne sait peut-être pas que certains fonctionnaires vivent en-dessous du seuil de pauvreté et que un sur cinq est contractuel donc n'a pas un emploi « définitif ». Quelques phrases à méditer donc…
Un livre orienté en faveur des fonctionnaires donc, mais très utile pour mieux les comprendre et implacable puisque quasiment chaque idée fausse est démontée avec des chiffres et des rapports qui viennent réfuter complètement le cliché. A lire !
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