AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Artaud / Joyce, le corps et le texte (130)

Le peintre du corps humain, c'est Van Gogh qui trace des paysages hallucinés comme des
visages : "Paysages de convulsions fortes, de traumatismes forcenés, comme d'un corps que la
fièvre travaille pour l'amener à l'exacte santé./Le corps sous la peau est une usine surchauffée, et,
dehors/le malade brille, /il luit,/ de tous ses pores,/ éclatés. / Ainsi un paysage / de Van Gogh / à
midi" (XIII, 54).
Commenter  J’apprécie          00
Une logique qui rappelle celle de ces termes indécidables (on les dira plutôt soumis à une logique borderline) que
Derrida repère chez Platon (le pharmakos) ou Mallarmé (l'hymen) : termes où se joue cette limite du dedans et du
dehors qu'ils tracent et retracent sans cesse. Ainsi le pharmakos, "origine de la différence et du partage" représente
"le mal introjeté et projeté"; il est à la fois angoissant et apaisant, sacré et maudit (J. Derrida, La Dissémination, op.
cit., p. 153).
Commenter  J’apprécie          00
C'est la loi de succession des événements dans l'ordre temporel qu'Artaud refuse. Il est l'homme
sempiternel non soumis à l'ordre linéaire des générations et des successions dans le temps312: "Je
suis toujours là, je me refais à chaque instant, autre ailleurs, le même et non ailleurs, / c'est
l'essence du perpétuel" (XIX, 51).
Commenter  J’apprécie          00
"Je dis / de par-dessus / le temps" (XII, 100).
Commenter  J’apprécie          00
Ainsi,
au centre même de la Lettre à Peter Watson du 27 juillet 1946, l'interruption brutale de
l'énonciation redouble le creusement que dit et accomplit, dans l'acte performatif de son tracé
brisé, l'écriture :
"[...] et je n'ai jamais écrit que pour fixer et perpétuer la mémoire de ces coupures, de
ces scissions, de ces ruptures, de ces chutes brusques et sans fond
qui
...
mais figurez-vous, cher Mr Peter Watson, que je n'ai jamais été qu'un malade et que
je ne vous en dirai pas plus long" (XII, 235).
Commenter  J’apprécie          00
Ni Artaud ni Joyce ne se bornent à un simple mouvement régressif vers nos origines
pulsionnelles et narcissiques. Si Artaud entend, comme il le soulignait déjà dans son projet
théâtral, refaire "poétiquement le trajet qui a abouti à la création du langage" (IV,106), ce qui
suppose une trajectoire infiniment plus complexe qu'un retour à l'archaïque ou aux mythes
d'origine. Son écriture, comme celle de Joyce, est une exploration des territoires incertains où le
sujet perd ses limites. L'un et l'autre cherchera pour son compte à façonner une écriture
transsubjective qui ne se sépare pas de son destinataire mais invente avec lui une autre relation,
ouverte, sans cesse à recréer, in progress.
Commenter  J’apprécie          00
Peu d'écrits sont capables comme certains textes d'Artaud de communiquer une telle
ivresse du hors-sens; le danger sans doute pour l'interprète est d'y rester inclus, victime d'un effet
de sidération qui inhibe toute pensée tentant de le penser.
Commenter  J’apprécie          00
"Appeler des formes en soi niées qui ne sont que de l'auto-destruction, /
appeler âme être par une forme corps non-être qui la nie et se forme âme corps, [...] / le visible
n'étant que la destruction de l'invisibilité / car l'invisible devient visible par la destruction du
visible"(XVIII, 212).
Commenter  J’apprécie          00
La
lecture qu'Artaud requiert pour ses propres textes est cette lecture symbiotique qu'il applique à
Nerval : lecture pénétrante qui se laisse contaminer par le texte et s'approprie ses symptômes pour
les traduire dans une écriture qui les prolonge et les déploie sans jamais s'en séparer. Une lecturediction qui interprète le texte corporellement comme le fait l'acteur ou le musicien; pas une
explication de texte ("les vers ne s'expliquent pas"): "Car la première transmutation alchimique
qui s'opère dans le cerveau d'un lecteur de ses poèmes est de perdre pied devant l'histoire [...],
pour entrer dans un concret plus valable et plus sûr, celui de l'âme de Gérard de Nerval luimême" (XI,190).
Commenter  J’apprécie          00
L'illisible que l'on affronte dans les derniers textes d'Artaud n'est pas le même. Paule
Thévenin le soulignait avec raison, la lecture qu'Artaud proposa dans une lettre à Georges Le
Breton, de l'Antéros de Nerval est une indication de la manière dont il entendait lui-même être
lu302. A ceci près, convient-il d'ajouter, que la lecture à laquelle se livre Artaud est
volontairement délirante - lecture de poète qui se laisse affecter par le texte, s'y inclut pour y
tisser sa voix et parler en lieu et place de Nerval -, et qu'à vouloir l'imiter trop fidèlement
l'exégète risque de délirer avec lui, ou à sa place. Artaud proteste, on s'en souvient, contre les
lectures alchimistes, hermétiques ou cabalistiques que beaucoup font de Nerval : "Je crois que
l'esprit qui depuis maintenant cent ans déclare les vers des Chimères hermétiques est cet esprit
d'éternelle paresse qui toujours devant la douleur, et dans la crainte d'y entrer de trop près, de la
souffrir lui aussi de trop près, je veux dire dans la peur de connaître l'âme de Gérard de Nerval
comme on connaît les bubons d'une peste, [...] s'est réfugié dans la critique des sources, comme
des prêtres dans les liturgies de la messe fuient les spasmes d'un crucifié" (XI, 187-188).
Commenter  J’apprécie          00




    Acheter ce livre sur
    Fnac
    Amazon
    Decitre
    Cultura
    Rakuten


    Lecteurs (2) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Savez-vous la vérité sur l'affaire Harry Quebert ?

    Que sont Harry et Marcus ?

    père et fils
    frères
    amis
    collègues de travail

    24 questions
    2491 lecteurs ont répondu
    Thème : La Vérité sur l'affaire Harry Quebert de Joël DickerCréer un quiz sur ce livre

    {* *}