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Critique de latina


latina
30 décembre 2012
Ouf ! Oui, je le redis : après la lecture de ce pavé de 780 pages, ouf !
Et pourtant ! Que j'ai aimé accompagner Ora dans son cheminement à travers ce beau pays d'Israël et jusqu'aux tréfonds d'elle-même !

Au départ, elle agit sur un coup de tête : son fils Ofer s'est engagé dans l'armée pour mener une opération d'envergure alors qu'il venait à peine de terminer son service militaire. Elle est hors d'elle-même et se dit incapable de rester chez elle, d'attendre LA nouvelle insoutenable de sa mort.
Et elle se jette sur les sentiers de Galilée, mais pas seule ! Elle va déloger Avram, son grand amour de jadis, son grand ami, de son taudis et de son mutisme pour le forcer à l'accompagner et à l'écouter.

C'est alors que commence sa longue pérégrination, c'est alors que tout doucement, Ora va prendre vie en moi…
Et je vais apprendre, je vais reconstruire au fil des pages, au fil des kilomètres, la vie de cette famille ô combien ordinaire et extraordinaire. Reconstruire, car les souvenirs, les anecdotes sont jetés en vrac, sans lien chronologique. Depuis la jeunesse d'Ora et sa rencontre dans un hôpital avec les 2 amis Avram et Ilan, superbement racontée dans le prologue intensément poétique, en passant par son hésitation continuelle entre eux deux, l'engagement après « tirage au sort » d'Avram dans l'armée et dans la guerre, la naissance d'Adam, le fils d'Ora et d'Ilan, le terrible retour d'Avram, torturé par les Egyptiens, la naissance d'Ofer, le fils d'Ora et d'Avram…jusqu'à sa séparation d'avec Ilan…

Je me rends bien compte que je ne donne ici que des faits, alors que le roman entier déborde de sensations, de sentiments, de pleurs et de rires, de révolte et de soumission au destin.
Ora est une femme, et je suis persuadée que, comme moi, toutes les femmes se retrouveront en elle : elle vit pour ses enfants, et à travers une multitude de tendres anecdotes, elle passe en revue leur enfance, leur complicité de frères, leurs difficultés aussi. Elle souffre pour eux car la guerre est là, omniprésente. Elle a peur, elle a encore peur au moment où elle raconte tout cela à Avram.
Ora est une femme, et vit avec un homme… difficile à vivre, torturé par la culpabilité de voir Avram, son meilleur ami, supplicié.
Ora est une femme et relève Avram, pour en révéler un être infiniment touchant. Ecouter les confidences d'Ora va le transformer et il devient par là-même celui qui l'accompagne, qui la soutient. de l'adolescent enchanteur devenu l'adulte muet nait Le Sage dépositaire de ses souffrances et de ses peurs.

Ora est une femme, et par le fait qu'elle donne la vie, rejette de toutes ses forces la mort, la guerre, la haine.
Moi qui vis dans une partie du monde épargnée, je ne peux que penser, après la lecture de ce roman, à toutes les mères angoissées par la guerre, cherchant à protéger leur enfant par-dessus tout.
En cette fin d'année, je formule un voeu sincère : que toutes ces mères puisent en elles le courage de continuer, qu'elles trouvent, comme Ora, un soutien indéfectible pour marcher dans la vie avec cette horreur au coeur : leur enfant en danger à cause de la guerre.


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