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Critique de Fleitour


Il est bien difficile de parler de l'absence, de ce sentiment si impalpable, de ce vide qui apparaît quand l'on quitte l'être aimé, quand celui-ci s'en va et vous quitte, quand ce sentiment s'agrège à l'abandon définitif de l'être aimé, ou encore de la mère qui vous a porté.
Dans ce livre les Vaisseaux du Coeur, rythmé par les souvenirs de Benoîte Groult, ceux qui s'aiment, réussissent à combler ces vides, à venir à bout de l'absence, à vivre leur amour par intermittence, un discontinu amoureux alors explosif et flamboyant.


Par les mots de Benoîte Groult, cet amour défie toutes les gravités, balaye toutes les embûches, s'inscrit dans un secret, construit un bonheur connu d'eux seuls, mais étincelant, pour éclairer deux vies la sienne ou celle de George et celle de Gauvain d'un feu perpétuel où l'absence se dissout dans les souvenirs sans cesse rehaussés.

C'est l'émerveillement des premiers jours qui restera intact, George est bien la petite fille puis l'adolescente, qui fût troublée par ce garçon si différent des autres ce pêcheur breton, aux yeux bleus, à la tignasse en cordée. Elle revoit page 72, ses premières émotions, "le soleil baissait rapidement sur l'horizon, c'était le bref moment où depuis des temps immémoriaux l'homme sent passer un frisson quand le jour va mourir pressentant que cette banalité est un miracle."


Le récit de Benoîte Groult, n'est pas l'accumulation de rencontres fortuites, hasardeuses, qui par la magie des amants, la force du désir, deviendrait de simples rencontres charnelles, violentes, douloureusement enivrantes, une cascade d'orgasmes féeriques et partagés.
S'il y a de la magie dans ces pages, c'est la magie de la rencontre, hésitante, timide, de deux personnalités trop différentes pour qu'elles se comprennent aisément. Leur culture leur assise charnelle, jusqu'à la façon qu'elles ont de s'habiller et de se mouvoir, les rendent incompatibles.
Ne dit-elle pas, "il y a un certain déhanchement dans sa démarche et une béatitude idiote sur son visage qui ne trompe pas."


Ce sont justement toutes ces improbables différences, qui aiguisent leur curiosité, et qui rendent chaque rencontre, un peu plus surprenante. Ils n'auront jamais fini de se comprendre, mais ils n'auront jamais fini de s'émerveiller, de ne pas tout savoir de l'autre. Ce sont ses maladresses qui l'émeuvent. "Un silence. George promène sa main sur les poignées trop larges de Gauvain qui l'attendrissent toujours. le contact de ses poils l'électrise délicieusement".


Et si benoîte a choisi de faire revivre la plus minuscule impression laissée par cet homme, c'est qu'il n'en finit pas d'aimer, peu à peu chaque parcelle de son corps. George, elle n'en finit pas d'apprendre sa façon d'aimer.

Elle n'en finit pas de s'émerveiller des mots simples, et combien toute sa personne la fait chavirer. Elle n'en finit par d'être émue en regardant son visage, ses yeux bleus, où elle peut voir tant de nuances de la mer. Georges avoue page 143 que parfois, "ils se taisent savourant le crépuscule, leur liberté, le luxe qu'ils s'offrent. Ils ont plusieurs nuits devant eux, tout un océan de tendresse pour y tirer des bords."


Car Georges n'en finit pas de voir dans cet homme, venir à elle tant de paysages marins, tant de chalutiers, tant de voiliers et tant d'épreuves. C'est toute la banalité de l'amour qu'elle décrit avec une tendresse incroyable pour celui qui lui a fait découvrir son corps. Car à mots couverts, ses autres amants sont de piètres amants à côté de cette carcasse qui vibre et qui la fait vibrer de tous ses sens, par sa façon brutale ou éphémère, tendre ou souriante de la toucher.

C'est un être en dehors de tout préjugé, son désir est direct sans aucune réticence, sur quoi que ce soit, il aime seulement la vie ? Il aime le regard de Benoîte Groult, et le dit J'ai tellement envie de toi, ça ne finira donc jamais ?
Il ne demande rien, il n'exige rien, il est simplement dans le bonheur de la rencontre et le bonheur du regard, que l'autre lui donne et cela le grandit. Il demande page 163 : "je voudrais te tenir dans mes bras, seulement... Tu veux bien ?"

Benoîte Groult signe là un plaidoyer unique sur la beauté de l'Amour, sur la plénitude de se donner à l'autre et de vibrer charnellement le corps et l'âme. Un grand roman d'amour, servi par un style magique sur la musique des corps, sans oublier que la vie est un long chemin semé d'embûches .

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