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Critique de Aline1102


Henry et de Junior, son fils de 8 ans, vivent dans un pick-up.

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, nous ne sommes pas dans l'Amérique des années 50, mais en 2016.

A travers l'histoire d'Henry, Jakob Guanzon nous conte l'envers du rêve américain, cet idéal bien vivace outre-Atlantique qui n'est qui n'est qu'un mirage inaccessible pour de nombreux laissés pour compte.

Le récit est scindé en deux et alterne les chapitres. D'une part, on en apprend plus sur le passé d'Henry, sur sa révolte d'adolescent et sur les mauvais choix et la malchance qui l'ont mené là où il est, dans un pick-up Ford F250, dernier rempart contre une société de consommation qui ne veut pas de lui, et dont il a du mal à remplir le réservoir, vu son état d'extrême pauvreté. Et d'autre part, on suit les pas du jeune papa et de son enfant le jour du 8e anniversaire de Junior. Une journée qui aurait dû être joyeuse, mais qui va tout faire basculer.
Les Etats-Unis sont un pays de contraste, capable du meilleur, mais aussi du pire. Pays de la libre-entreprise par excellence, chacun y est responsable de lui-même, ce qui est un énorme avantage lorsque vous êtes nanti : vous jouissez alors d'une liberté énorme. Mais lorsque, comme Henry, vous êtes issu des classes les plus modestes de la société, la simple survie devient compliquée.

C'est le message que Guanzon tente de faire passer, et il y parvient magistralement à travers plusieurs techniques.
Tout d'abord, au lieu de se contenter de numéroter ses chapitres ou de leur donner un titre classique, il les chapeaute par l'argent disponible sur le compte en banque ou simplement dans la poche d'Henry. Jusqu'à un très douloureux 0,38 $, où il devient compréhensible que la situation du jeune homme et de son fils est désespérée.

Ensuite, alors qu'au bord des larmes ou de la crise d'angoisse (et je ne plaisante même pas) le lecteur attend une amélioration de la situation, celle-ci ne fait qu'empirer. Pas de happy end pour Henry et Junior, juste une course désespérée contre le destin.

Enfin, Guanzon nous procure un dernier (mais immense) choc émotionnel avec les deux derniers chapitres du roman. Dans l'ultime chapitre de l'histoire, Henry et Junior prennent la route après avoir été expulsés de leur domicile. Si les conditions ne sont pas idéales, Henry est toutefois assez optimiste : il se voit bientôt revenir vivre là avec Junior, avec une belle réserve d'argent en poche ou à la banque. Mais on n'y croit pas car, avant cela, il y a eu l'avant-dernier chapitre… Celui qui scelle le destin du père et de son fils et qui rend l'innocence et l'optimisme du dernier chapitre encore plus douloureux.

Abondance est un livre dur qui, à bien des égards, m'a rappelé A Little Life d'Hanya Yanagihara (Une vie comme les autres) et We Begin at the End de Chris Whitaker (Duchess qui, comme Abondance, parle de l'Amérique des paumés et du peu d'espoir que peuvent nourrir les pauvres dans ce pays).

Si vous ne craignez pas d'avoir le coeur brisé, Abondance, ce très grand premier roman, vaut la peine d'être lu.
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