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4.02/5 (sur 104 notes)

Nationalité : États-Unis
Biographie :

Jakob Guanzon est né à New York et a grandi dans le Minnesota. Il est titulaire d'une maîtrise en beaux-arts de la School of the Arts de l'Université de Columbia et vit à New York.
L'Abondance est son premier roman

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Sortie le 11 mai 2021 Celebrity Interviews with Paul: Jakob Guanzon, author of the critically acclaimed novel Abundance.


Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
…s’il arrive un jour à refaire du confort une constante dans leur vie, observera-t-il toujours son environnement avec la même admiration naïve ? Ou est-ce que ce n’est que passager ? Un sursaut dans la poisse des temps difficiles, une bouffée de fumée de noyer au loin dans la toundra. Finira-t-il comme tous ces inconnus bouffis de leurs privilèges  : le regard vide dans les embouteillages, ronchonnant dans la queue au supermarché, avachis sur leur caddie ? Se fondra-t-il dans ce troupeau  blasé ?
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Nique ta mère. Le patriarche de toutes les insultes. Henry avait toujours supposé que le venin de l’expression, le coup de couteau qu’elle infligeait, était évident  : elle jetait une lumière crue sur la pulsion œdipienne de l’autre. Mais, il le comprenait désormais, il avait tout faux. Il fallait avoir les idées courtes pour croire que la personne à qui elle était lancée était censée être blessée par une invitation reposant sur cette perverse supposition freudienne selon laquelle tout ce dont rêvait n’importe quelle bite était de retourner dans la fente par laquelle elle était sortie. Pourtant, le Viennois coké jusqu’aux yeux avait vu juste pour la deuxième partie, le parricide. La haine du père devait être plus répandue que le désir pour la mère. En vertu de cette logique, il était passé à côté de la véritable racine de la phrase. Elle avait clairement été créée en référence à la figure la plus universellement honnie, à la fois source et cible légitime de la fureur de tout fils. Le père, celui qui a niqué la mère.
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Le guichetier avait ce vernis d'imposture des gamins pauvres qui essaient de le cacher. Le genre à qui on a réussi à faire croire que bien se tenir et avoir des bonnes notes pourrait leur offrir un accès à un échelon supérieur, voire les conduirait un jour sur l'une des deux côtes, n'importe où loin des sables mouvants cramés qu'étaient les plaines sur lesquelles une invraisemblable injustice les avait fait naître. L'inclinaison de son menton boutonneux et ses yeux plissés par la suspicion en disaient assez long. Il croyait sincèrement que sa cravate à deux balles et le gel dans ses cheveux le rendaient meilleur qu'Henry.


Page 138, La Croisée 2023.
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L'espoir, c'est peut-être trop demander mais du confort, ça semble raisonnable. Il se pose la question : s'il arrive un jour à refaire du confort une constante dans leur vie, observera-t-il toujours son environnement avec la même admiration naïve ? Ou est-ce que ce n'est que passager ? Un sursaut dans la poisse des temps difficiles, une bouffée de fumée de noyer au loin dans la toundra. Finira-t-il comme tous ces inconnus bouffis de leurs privilèges : le regard vide dans les embouteillages, ronchonnant dans la queue au supermarché, avachis sur leur caddie ? Se fondra-t-il dans ce troupeau blasé ? À tous marcher d'un même pas traînant vers la seule chose qui leur reste : toujours plus.

Pages 25-26, La Croisée 2023.
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Henry verrouilla les portes du pick-up avant de prendre la sortie qui menait à la zone industrielle, là où les immeubles tout en verre cédaient la place aux cheminées d'usines abandonnées depuis longtemps. Alors qu'ils passaient des pâtés de maisons délabrées, Henry imaginait les anciens occupants qui avaient pointé dans ces usines. Des vies entières sur la chaîne de production. Une monotonie de seconde main. Le train-train quotidien vers l'obsolescence. Ça devait être pour ça qu'Itay avait tenu à ce qu'Henry fasse des études, pour le voir plus tard dans un bureau en costume plutôt qu'avec une ceinture à outils, à boire dans un mug à logo plutôt que dans un thermos, penché sur un ordinateur et pas à quatre pattes.

Mais Henry n'aurait jamais échangé la paisible désolation de l'ouest contre cette ruche de béton. Ici, entassé avec les autres dans cette ville si dense, la contagion parasitique du plus — plus de biens, plus de statut, plus d'achats de produits de marque — aurait été inévitable. Même si les styles de vie hors du boulot pouvaient varier, tout travail était au service de l'insatiable puits sans fond de l'industrie et du commerce. Ça revenait au même en fin de compte. Que ce soit avec une pelle ou une feuille de calcul, tout le monde devait creuser.

Page 161, La Croisée 2023.
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Tout à coup, Henry se retrouva dévoré par les mêmes flammes que celles du lit d'hôpital, lorsque l'infirmière lui avait pour la première fois déposé Junior dans les bras. Un fardeau sans poids ou presque, une pierre en plumes. Des lèvres du bébé à ses orteils, tous ses traits plissés étaient d'une humanité si irréfutable, d'une fragilité si terrifiante. Les quatre minuscules doigts de singe s'étaient accrochés à l'index d'Henry. Et là, la combustion. La plaie qui le démangeait sur son crâne et le brouillard post-commotion furent balayés par un gigantesque embrasement, tandis qu'une prise de conscience nouvelle et terrifiante se répandait sur lui et en lui comme un seau de goudron brûlant. Cet amour défiait la logique. Il allait au-delà de la raison, il anéantissait son intérêt personnel. La dévotion aveugle à cette personne miniature était dangereusement absolue. En un instant, il découvrit une capacité horrifiante, celle d'être tout à fait prêt à faire n'importe quoi d'aussi bas et vicieux que nécessaire pour un autre être humain.
(p.199)
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Comme dans la lunette d'un sniper, il se regarda pleurnicher à l'arrêt de bus. Elle l'avait oublié, l'avait planté, l’avait laissé attendre en ce jour dont il avait cru - au sujet duquel il n'avait pas douté une milliseconde - qu'il serait prodigieux pour tous les deux. Bien sûr, il s'était montré un peu insistant avec elle, mais au nom de la passion. Un peu dur avec Junior, au nom de l'éducation. Il était désolé. Il essayait. Mais que pouvaient-ils espérer de plus ? Il était une hyène en cage, tout juste libérée, affamée, la bave aux lèvres, que l'on venait de tranquilliser et qui avait succombé, et avec le sourire. Son museau s'allongea, aspirant de l'air pour un hurlement ou un rire, mais à la place, il bâilla. Sa langue passa sur ses lèvres et sur ses dents, toucha une canine et décoinça un morceau de saucisse. Il l’avala.
Atteindre la chambre fut une épopée. Ces cinq années avaient fait baisser son seuil de tolérance. Ce qui avait été un brouillard serein lorsqu'il était assis se gélifia en un marécage humide qu'il dut traverser sur un sol spongieux qui se dérobait à chaque pas. Le crâne rempli d'hélium mais des enclumes aux pieds, il trébucha et tituba jusqu'à ce que l'encadrement de la porte le rattrape et le redresse. Il serra la moquette avec ses orteils, stabilisant sa vue pour déchiffrer le mirage qui ondulait dans la chambre. En fermant un œil, il parvenait à superposer les deux formes opaques qui ressemblaient à Michelle en l'unique et merveilleuse femme qu'elle était vraiment.
(p.236)
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Aucune importance. Toute sa résistance d'adolescents endurci façon crachat-à-la-gueule-de-l'autorité, avait de toute façon été étouffée dès la première séance de thérapie de groupe. Ses camarades de cercle avaient pissé sur sa flamme autodestructrice avec toutes les histoires d'abus, d'abandon, de viol et d'inceste qu'ils avaient partagées. Au milieu de cette assemblée de toxicos, survivants et psychotiques, sans oublier la fille effacée avec ses drôles de chicots, la peine d'Henry avait rétréci jusqu'à l'insignifiance. Une bille noire, un jouet de gamin. Son vernis rebelle s'était étiré jusqu'à craquer comme de la cellophane bas de gamme, ne révélant qu'un minuscule grain de solitude amère. […]
Si le lavage d'estomac n'avait pas siphonné son identité profonde, la captivité thérapeutique assurait l'extraction et l'exposition de toute sa claire sentimentale. Au fond, il n'était qu'un banal gamin en colère, incapable de se contrôler. Un petit con automédicamenté et auto-apitoyé avec une mère morte et un connard de père immigré. Envoyez les violons. Lancez la marche de la pitié. À côté des autres gamins internés, chacun parfaitement familier de souffrances abjectes et d'une cruauté entérinant l'inexistence d'un Dieu quelconque, Henry n'avait pas le droit de se plaindre. Au moins, Itay avait-il eu la clémence de ne pas lui faire subir des coups de clé à molette et une bite dans la bouche.
(p.31-32)
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Se fondra-t-il dans ce troupeau blasé ? À tous marcher d'un même pas traînant vers la seule chose qui leur reste : toujours plus.
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Si loin à l'ouest, des maisons de plain-pied condamnées ont rampé du bord du trottoir à l'orée de la forêt comme des cadavres abandonnés en pleine autopsie. Séparées de la route par des étendues désolées de prairie pelée. La jambe meurtrie d'un château d'eau. Des versets de la Bible sur des panneaux cloqués. De poteau en poteau tordu, des lignes à haute tension qui rétrécissent, clopin-clopant, vers l'horizon glacial. Ils passent bientôt devant une série de petites galeries marchandes entourant des parkings déserts au béton gonflé et brisé comme une verrue vue au microscope. Les vitrines de magasins sont vides et poussiéreuses, hormis, ça et là, des magasins familiaux qui vendent encore Dieu sait quoi pour garder l'enseigne allumée et les huissiers à distance. Les quelques vitrines éclairées évoquent plus des braises au fond d'un cendrier qu'une invitation à entrer. (p.27)
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