AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de berni_29


Oyez, oyez, chers lecteurs ! Approchez-vous un peu que je vous conte l'existence de l'aventurier Don Pablos de Ségovie !
Les Indes Fourbes est une bande dessinée commise par Alain Ayroles au scénario et Juanjo Guarnido au dessin. Elle conte les aventures de Don Pablos de Ségovie au XVIe siècle en Amérique du Sud et en Espagne.
Nous sommes ici au Siècle d'or. En cette période, l'Amérique s'appelait encore les Indes et l'Espagne régnait en maître sur une bonne partie de ce continent...
Mais qui est Don Pablos de Ségovie ? Comment résumer en quelques mots sa personnalité ?
L'histoire débute en Castille. Dès les premières pages, nous voyons se dessiner le destin atypique que lui assignent ses parents. Né dans une famille de gueux, il va entrer dans la vie en en faisant le moins possible, du moins de manière honnête, avec le dessein d'en en tirer le plus grand profit. Voilà ! Tout est à peu près dit dans ce curriculum vitae d'un partisan du moindre effort et totalement vénal.
Si la misère en Espagne est le sort de tous les gueux de son espèce, qu'importe ! Don Pablos quittera les bas-fonds qui l'ont vu naître et ira forger son destin vers le Nouveau Monde...
Ses tribulations vont le mener, par tous les moyens, à la recherche de ce lieu mythique qu'est l'Eldorado, la fameuse cité d'or qui hanta les rêves de tous les conquistadors.
C'est l'itinéraire d' un vaurien, un lève-tard, qui va traverser l'océan et côtoyer les abimes, visiter les entrailles de la terre, se hisser jusqu'à la cime des montagnes les plus escarpées.
Incroyable de voir comment ce misérable mal né va renier son sang, changer tant de fois de nom et de visage, côtoyer les plus grands, les palais royaux, devenir gentilhomme à son tour, connaître la gloire...
Don Pablos de Ségovie, c'est une crapule, fripouille à la fois sympathique et peu recommandable, autant rusé que maladroit, qui sait se déjouer des mauvais tours que lui sert son existence avec une capacité incroyable pour se sortir des situations les plus désespérées...
J'ai été ébloui, emporté, chaviré dans ce récit picaresque, immense par son ampleur et sa qualité d'émerveillement, touché par les contrastes, les images dignes d'un tableau de Velázquez, mêlant les contrastes, nous sommes tour à tour parmi la gueusaille, la ripaille et les putains des bas-fonds et brusquement nous plongeons dans le vertige d'une forêt équatoriale arborescente, ivre de couleurs et d'odeurs.
J'ai adoré ce récit jubilatoire, démesuré, cruel, totalement rebelle et canaille, semé d'invraisemblables rebondissements quasiment à chaque page.
Le dessin est époustouflant, tout en mouvement. Les mots sont dignes des tirades du Cid.
Le plaisir de conter se ressent dans chaque planche dont les auteurs semblent avoir été touchés par la grâce. Sans doute eux aussi ont su trouver l'Eldorado de l'inspiration...
Les images sont somptueuses, magiques, fourmillant de détails... Les personnages sont truculents. Les dialogues recèlent de pépites d'humour. Certains scènes aussi sont drôles, décrivant Don Pablos plutôt en anti-héros, que les chiens, les chevaux, les lamas n'apprécient guère et le lui font comprendre...
Don Pablos est en fait la continuation d'un roman phare de la littérature espagnole : El Buscón, la vie de l'aventurier Don Pablos de Ségovie, une oeuvre de Francisco de Quevedo du XVIIe siècle, qui avait promis un deuxième volume à son oeuvre, qui ne vit jamais le jour.
Cette lecture a été pour moi un immense coup de coeur.
Commenter  J’apprécie          615



Ont apprécié cette critique (58)voir plus




{* *}