Le soir même, mon nez pisse tellement le sang qu'on pourrait y faire du rafting.
Je n'ai aucun souvenir de mes premières années. Ma théorie, c'est que nos souvenirs, c'est comme quand la douleur est trop forte : un voile descend sur nos yeux et on tombe dans les pommes. C'est ce qui a dû se passer.
Aimer à ce point quelqu’un ça donne l’impression d’être un drap suspendu à une corde à linge en plein soleil, ça fait de petits mouvements lents dans le bide et c’est chaud. Aimer à ce point, c’est avoir quelque chose dans la peau dont on voudrait se débarrasser. Cacher les preuves, changer son sang, partir loin, ne plus revenir vers soi, juste pour changer de disque. Aimer à ce point, ça prend un temps fou sur l’existence, la vraie, celle que je ne joue plus.
L'enfance, elle se brise pas forcément quand on se sent adulte, y en a qui la perde plus tard que d'autres.
Et la tienne, où est-elle? Je veux dire, maintenant toi, il est où ton cœur de môme? Tu le laisses se trimballer tout seul sans surveillance? Ça ne m'étonne pas. Personne n'y fait attention, peut-être que si on connaissait le moment où ça va basculer on serait différent.
Il ne faut jamais donner son cœur entièrement. Le corps, c'est un autre problème.