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Critique de jostein


J'avais découvert Catherine Gucher avec son premier roman, Transcolorado. Roman largement récompensé et primé lors du Festival du premier roman de Chambéry en 2018. Dan, orpheline sauvage et volontaire, nous emmenait sur les routes du Colorado aux ciels changeants. Après un second roman autour de la révolution cubaine, l'auteure nous replonge dans l'ouest américain au coeur d'une tribu navajo.

Une grande héroïne
Hokee fait partie du clan de L'Homme qui marche, une tribu navajo de la réserve de Black Mesa. Cependant, elle vit à l'écart dans un abri rocheux comme tout enfant issu du viol de femmes indiennes par les Blancs du Bureau des Affaires Indiennes. Au cou, elle garde une pochette contenant le bouton doré de la veste du général qui a violé sa mère. Elle sait qu'un jour sonnera l'heure de la vengeance.
Dans les montagnes, les Blancs fouillent la terre sacrée pour en extirper le charbon, polluant la terre et la rivière.
Avec des cadeaux, de l'alcool et du tabac, les Blancs parviennent à tourner la tête d'une partie du clan. Mais les anciens, les « nés de semences perdues » et quelques valeureux indiens refusent les propositions malhonnêtes du BIA.
Leurs hogans (habitations) sont détruites pour construire une route permettant de faire circuler les camions de la Black Soul Coal Company, chargés des trésors de la terre des indiens.
Le chef Always, Hokee, Gini et Doli, Gad et Kilchii partent sur la route vers Moab, une autre ville de l'Ouest américain. Mais là non plus ils ne sont pas les bienvenus . Ils habiteront cinq ans dans des grottes. Jusqu'à se rapprocher du seul travail possible, pour les mines d'uranium de la Black Soul Coal Company!

Catherine Gucher nous plonge dans la culture, l'esprit navajo. Son récit dėploie les rites et légendes d'une tribu indienne et résume parfaitement la spoliation des terres indiennes et l'anéantissement d'un peuple. Toujours attentive à l'environnement, elle sait décrire une nature si chère au coeur des indiens.

La voix de cette jeune indienne, souillée par un sang étranger, porte la grandeur de ce roman. Elle clame ce langage imagé des indiens, utilisant la langue de la terre, de la nature pour décrire les activités des Blancs.

D'abord Hokee, une enfant isolée, mise au ban de la tribu sous la bienveillance de ses chefs, elle deviendra Fille du vent lorsqu'elle atteint l'âge de réintégrer son camp puis June quand elle travaillera au dispensaire de Moab. Mais au fond d'elle-même, elle sera toujours la même. Celle qui défend et honore son peuple et celle qui porte en elle la possibilité d'une vengeance.
Et cette force, cette origine, nous la ressentons dans chaque phrase.
Catherine Gucher donne à cette réalité brutale de l'histoire des États-Unis une dimension épique et sensible grâce à la grandeur et l'humanité de son personnage principal. Une humanité qui va jusqu'à me décevoir dans sa confrontation ultime avec son pire ennemi. J'aurais aimé plus de force, de rage dans ce face à face. Toutefois, June n'a pas la sauvagerie de Kilchii, son frère d'arme ou la folie de Doli. Mais ce point ne saurait remettre en cause mon coup de coeur pour ce roman.

Car l'auteur n'oublie aucun détail. Au-delà des morts, par les armes ou l'alcool, c'est toute une culture qui disparaît. Les enfants nés dans les réserves, américanisés ne connaissent plus les rites funéraires de leur peuple.

Heureusement, elle laisse aussi une voie vers l'espoir en commençant et terminant son roman avec le rappel de la nomination de Deb Haaland, une femme amérindienne, à la tête d'un ministère chargé des territoires et des ressources naturelles aux Etats-Unis. Puis de Wahleah Johns, une femme navajo, au poste de directrice du bureau de la politique et des programmes énergétiques indiens du Département de l'énergie des Etats-Unis.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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