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Critique de Notecuivree


Cet ouvrage, d’une taille d’envergure, est un beau livre bilingue français-anglais alternant textes et jolies photos du Carnal Hall et de sa construction.

Divisé en deux parties, il nous présente le projet ambitieux de cette école un peu particulière. Un pensionnat innovant, dont on rêverait tous, je suis sure ! Vieux de 135 ans, il a toujours cherché à construire un programme éducatif de qualité, un enseignement différent, loin des sentiers battus et des conventions.

Aujourd’hui encore, cette école (du primaire au lycée), nommée le Rosey et située à Rolle en Suisse, vise le meilleur programme possible pour ses élèves. L’idée de ses directeurs actuels est alors d’y intégrer l’art, au sens large, afin de développer la créativité, la sensibilité, l’ingéniosité… des élèves. C’est pourquoi, le 27 juin 2014 a été inauguré en son sein le Carnal Hall : un lieu destiné à l’art dans toute sa pluralité : « salles de dessin, sculpture, peinture, photographie, art de la main, fabrication de décors et costumes ; des salles de musique pour chaque type d’instrument, de travail pour les orchestres classiques et rock, de répétition pour les chœurs, de danse, de classes ; une Black Box pour le théâtre et les techniques de son et lumière ; une cuisine d’apprentissage et son restaurant d’application. Une salle de concerts qui accueille 900 personnes et, sur scène, un orchestre symphonique et un chœur au complet. Lieu qui peut aussi devenir salle de conférences, de théâtre, de cinéma, de réunion, de fêtes. Mais sans compromission : l’acoustique et les installations techniques sont d’abord celles d’une salle de concerts ». Un lieu qui permet donc aux élèves de découvrir l’art, de s’y exercer, de se présenter sur scène en public… mais aussi d’assister régulièrement à des spectacles d’envergure.

Ce projet, c’est celui de Philippe Gudin et de sa femme, les directeurs actuels du Rosey depuis 1980. Au sein d’une école voyant déjà les choses en grand, ils ont souhaité aller encore plus loin en construisant sur le campus, un lieu destiné à l’art et au développement des élèves par l’art.

Dans la première partie, Philipe Gudin nous présente ce projet, tout en nous expliquant sa vision, l’importance d’un tel bâtiment au sein d’un campus éducatif, ses enjeux, sa modernité… . Au fil des pages, nous découvrons donc en même temps la pensée remarquable de cet homme, résolument tournée vers la culture et sa valorisation dans le milieu scolaire, tout comme vers une prise en compte des différences de chaque enfant – cela est vraiment passionnant. J’ai adoré découvrir ce projet qui vient parfaire le beau programme de cette école : prendre en compte l’apprentissage de l’enfant dans sa globalité, pas seulement la construction d’une future carrière mais aussi le développement de sa sensibilité, de son esprit critique… . Comme cela est souligné dans l’ouvrage en citation à Montaigne : non plus « une tête bien pleine mais une tête bien faîte ».

Cela fait tellement plaisir de voir une école qui donne enfin à l’art toute la place qu’elle mérite au sein du milieu scolaire. Pas seulement une initiation à certains de ses domaines, mais bien un enseignement au même niveau que les autres matières, tout au long de la scolarité : permettre à chacun des élèves d’acquérir des connaissances artistiques poussées, tout en pouvant les expérimenter, s’y former, laisser libre cours à son côté artistique… (voire d’envisager son futur professionnel grâce à cette pratique).

Tout en plaidant en faveur de l’art, Philippe Gudin démontre en quoi l’art est bien plus sérieux qu’un simple divertissement et qu’il est grand temps de considérer pratiques artistiques à leur juste valeur : comme des pratiques permettant de former des hommes plus imaginatifs, dotés d’esprits critiques et d’une meilleure vision du monde… et qui pourrait peut-être bien être, grâce à elles, bien plus épanouis tout au long de la vie (car pour former les futures adultes de demain et les futurs acteurs de notre monde, c’est tout de même aussi important, non !?)… .

Après avoir questionné l’art, une sous-partie nous dévoile aussi ses questionnements tournés cette fois-ci vers le numérique et les chamboulements qu’ils pourraient bien entrainer au sein de l’enseignement. Une autre partie très intéressante et toujours très bien, et très justement, pensée.

Vous en apprendrez également un peu plus sur les prémisses d’un tel lieu d’enseignement !

La deuxième partie de cet ouvrage, conçue sous forme d’une interview avec l’architecte lui-même - Bernard Tschumi -, se focalise sur ce talentueux architecte et sur son travail entrepris pour la réalisation de ce splendide lieu destiné au projet. Une partie également très intéressante qui nous dévoile les coulisses de sa construction, l’idée folle d’un lieu si moderne à côté de l’architecture magistrale des années 1880 des bâtiments dédiés à l’enseignement, un lieu si beau et si bien pensé, un lieu qui innove autant qu’il rassemble.

Si le gros point négatif de cette école est qu’elle n’est malheureusement pas réservée à tous, cet ouvrage reste vraiment très intéressant puisqu’il questionne notre système scolaire traditionnel autant qu’il imagine celui du futur.
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