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Citations sur Carnets du vieil écrivain (43)

Bien des gens ne lisent que pour éloigner l'ennui, comme ils écoutent la radio, regardent la "télé", les images, ou feuillettent les journaux. L'imprimé pullule et on pourrait dire, après tout, que les gens n'ont jamais tant lu.

Mais il y a lire et lire. La vraie lecture commence quand on ne lit plus seulement pour se distraire et se fuir, mais pour se trouver. Il y a un jour où tout inconsciemment on passe de l'un à l'autre.

Ce peut n'être pas volontaire, mais l'effet du plaisir même, d'une sorte d'envoûtement dont un livre, qu'on tient dans sens mains et qu'on ne peut plus le quitter, est la cause. Ce n'est pas non plus encore lire que de lire pour apprendre, pour savoir, pour s'informer et pour des raisons professionnelles.

Joubert disait que "notre sort est d'admirer et non pas de savoir." La vraie lecture est la chose la plus intime et la plus désintéressée, encore qu'il ne s'y agisse que de nous-mêmes.

C'est un temps qu'on se donne pour ne plus vivre par influence, par contagion, mais pour reconnaître, choisir son propre chemin et devenir soi-même.

Un livre est un outil de liberté. Nous y découvrons la vie d'un autre, soit l'auteur, soit l'un des personnages qu'il a crées, et nous l'examinons avec une bien autre instance et une bien autre loyauté que la nôtre propre, et ainsi devenons-nous un peu autres que nous-mêmes sans y prendre garde.

Un livre est un objet devant soi, quelque chose sur quoi on peut réfléchir, à quoi on peut revenir, qu'on peut corriger, contredire, discuter, quelque chose qu'on juge. Les images, les sons passent aussi vite que les moments successifs de la vie.

Un écrit, un livre reste. Il faut devant lui dire oui ou non. Il fallait autrefois, pour former un homme, le tirer de son silence et lui faire entendre le chant du monde autour de lui. Il faut peut-être autant aujourd'hui le ramener à son silence, le sauver du bruit et le reconduire à la solitude...

Un livre est une conversation et tout l'ensemble cependant un exercice de solitude. Je veux ici écarter l'anecdote personnelle, mais je repense souvent à ces nuits de mon adolescence, durant lesquelles je me battais avec le destin et découvrais dans les livres ce que je pouvait être une vie libre par opposition à celle que je subissais.

Lit-on un grand roman? On s'identifie à son héros. On y vit par procuration. Et cela devient plus conscient, et vient le moment où on ne lit plus pour aucun intérêt, pour aucun profit, rien que pour "admirer", en toute gratuité et dans une joie indéfinissable, au-delà de soi-même.

Dès lors, on devient de plus en plus difficile. On ne supporte plus les fantômes d'auteurs, les fantômes d'ouvrages. Mais un vrai livre est devenu la chose la plus précieuse. Un home vous parle et il vous semble qu'il dise précisément ce que vous attendiez, ce que vous vouliez dire mais n'auriez jamais su dire. C'est tout simple et merveilleusement étrange.

Ces mots, qui sont aussi vos mots, comme par l'effet d'un charme, sont doués soudain d'un nouveau pouvoir, et vous êtes curieusement débarrassé de vous-même et devenu un autre, plus fin, plus délicat, plus profond que vous-même. Vous êtes dans le monde où vous aimeriez vivre, mais vous n'aviez jamais imaginé qu'il pût être si beau.

348 - [Livre de poche Biblio n° 3005, p. 162/3/4]
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La sagesse n'est bien souvent qu'une résignation.
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Toutes les vraies richesses echappent aux distraits.
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La liberté n'est que le fruit de la connaissance et nous devenons plus libres à mesure que nous savons d"avantage et distinguons mieux dans l'ensemble des choses le vrai et le faux.
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Je ne vois que deux formes de servitude, soit que la liberté fasse oublier la justice, soit que la justice fasse oublier la liberté.
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Les propagandes politiques et publicitaires qui s'emparent brutalement des esprits sont bien plus fortes que les patients efforts de la pensée réfléchie.
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Je suis né aussi loin de toute littérature qu'il est possible. Il n'y avait pas de livres dans la maison où j'ai grandi, à peine quelquefois un journal. Mon père aimait parler mais n'aimait pas lire. Il se faisait dire les nouvelles par ses camarades. Ma mère, toujours à sa "machine" ou à son fourneau, n'avait pas de temps à perdre, et personne autour de nous, ni de nos parents, ni de nos voisins, n'eût pu seulement concevoir ce que pouvait être un livre. Je n'ai, avant quatorze ans, jamais lu que par utilité pour apprendre mon catéchisme ou mes leçons. Je mourrai sans connaître Mme de Ségur. J'étais devenu homme quand j'entendis parler des Trois Mousquetaires et de tous ces romans d'Alexandre Dumas qui ont été pour tant de gens comme une première réserve de songes. Ce n'était plus le temps de les lire, je ne le trouverai jamais, et j'ai senti souvent quelle perte cela a été dans ma vie de n'avoir que si tard lu gratuitement et seulement pour le rêve et la délectation. Quand j'eus quatorze ans et que la bibliothèque de la ville me fut ouverte, j'y entrai comme dans un temple, le premier dimanche qui suivit mon anniversaire, et dès lors je n'ai plus cessé d'aimer passionnément les livres.

528 - [Livre de poche Biblio n° 3005, p. 118/9]
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Chaque écrivain n'a que peu de chose à dire ; l'important est qu'il le dise bien.
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Rien n'est faux comme la critique dénigrante qui cherche les faiblesses de la vie d'un écrivain pour avilir ses livres et son message. Sa vraie vie, c'est son oeuvre, ses écrits. Ils sont ce qu'il a voulu. Tout le reste peut n'être que ce qu'il a subi.
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Les prolétaires, depuis cinquante ans, ont rêvé de devenir des bourgeois, comme les bourgeois d'il y a deux cents ans de devenir nobles. Leur imagination n'est pas allée plus loin que celle du premier bourgeois qui passe. On affecte de le mépriser, mais on ne cesse pas de l'imiter. L'imitation est d'abord toute extérieure. Cela commence par le costume, la cravate, le chapeau, mai, et ce la ne tarde guère, on pense bientôt comme lui. Dans ce monde d'argent, du haut en bas, de degré en degré de fortune, de classe en classe, c'est imitation d'imitation, ambition ridicule et misérable envie, copie de copie, et ainsi s'est établie, cette société confuse et satisfaite, à la fois snob et conformiste dans laquelle nous vivons. Le plus mauvais de chacun définit son snobisme qui, par l'imitation des autres, tend à se généraliser. Tout respect de la nature vraie et profonde se perd et s'oublie dans cette dégradation peut-être inévitable.
Comment empêcher cet avilissement insidieux ? Il se fait en nous tous, inconsciemment. La plus ferme volonté d'être fidèle à cette simplicité, à cette pureté de pauvre dans laquelle on est né, se défait, sans qu'on y pense, et au bout du compte, quand on a longtemps vécu, il vient un jour où il faut bien s'avouer et reconnaître sa défaite. On n'est pas resté soi.

370 - [Livre de Poche Biblio n° 3005, p. 8]
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