AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de jean_reve


Avec un recul déjanté, drôle et loufoque, la narratrice - qui parle d'elle à la deuxième personne – raconte sa migration et celle de Dora de la Bulgarie à la France.
Elitza Gueorguieva est étudiante en cinéma, elle a choisi librement de migrer en France dans les années 2000 avec son "grand Larouse illustré" et son "Petit Larousse du savoir-vivre". Elle veut devenir "libre", avoir son récépissé qu'elle nomme "laissez-pisser"
L'autre s'appelle Dora, elle qui "est de là d'où elle ne vient pas", n'a pas choisi son travail ni sa migration. Elle exerce le métier de prostituée "dans le quartier délabré de la gare de Perrache" pour gagner l'argent qu'elle envoie à ses enfants en Bulgarie, à moins que ce ne soit à son souteneur dont elle va finir par se débarrasser. Elles subit des "passe express (...) qui réveille des horreurs enfouies (...) qui fait mal au cul" parce qu'elle n'a pas trouvé d'adéquates techniques de "débarrassagement".
La narratrice fait des listes d'objectifs, de vocabulaire, de ce qu'elle voit de "merveilles", collectionne des articles de journaux, lit des citations du Grand Larousse pour apprendre à bien articuler le français. Elle fait souvent dans l'autodérision donnant "7 raisons de ne pas sortir avec une fille de l'Est".
L'étudiante en cinéma utilise sa caméra art pour décrypter la mythologie des "Filles de l'Est", pour montrer "celles qu'on ne montre pas (...) celles qu'on évite de voir". Elles ne sont pas ce que les hommes français ont transformé en choses virtuelles, elles ont une vraie réalité humaine. Elles sont des Bulgares qui parlent ou ne parlent pas le français, elles ont des turques forcées à devenir bulgares et à changer de nom, elles font des études ou ont un emploi, elles ont des amis et des ennemis, elles ont une vie bien à elles.
Ce petit roman plein de fantaisie mélange le mythe et la réalité. C'est un roman d'exilées à Lyon en 2001, qui joue avec les préjugés sur ces filles toutes jolies quand elles sont jeunes, qui vieillissent en devenant laides. Il mélange les origines et les langues, les conseils du Petit Larousse du savoir-vivre et les articles du journal le Monde, et bien d'autres choses, la nostalgie du pays et de la famille qui y reste vivre.
Derrière le burlesque, le loufoque et les quiproquos langagiers, ce roman quasi-documentaire met en scène des femmes qui veulent échapper à l'identité qu'on leur impose et qui marchent vers leur liberté.
Lien : https://lecturesdereves.word..
Commenter  J’apprécie          10



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}