AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de lecoindesmots


Le père était un oncologue respecté. Père de plusieurs enfants issus de deux fratries différentes. Aujourd'hui, alors que son cerveau est grignoté par une dégénérescence, il ne reste plus grand chose de la prestance de cet homme autrefois élégant et mystérieux aux yeux de son fils cadet, le narrateur. Ce trentenaire a décidé d'accompagner son père dans ses derniers jours, à domicile, dans la demeure que ce dernier occupait avec son épouse officielle.

Avec la dégénérescence, c'est tout ce qui faisait de son père l'homme qu'il était qui est entrain de s'envoler sous ses yeux. La fin de vie, c'est une succession de perte : le langage, la mobilité, la continence, la vitalité. le narrateur fait face, du mieux qu'il le peut. Pour lui, c'est aussi l'ultime occasion de se rapprocher de son père, de lui pardonner ses nombreuses absences tout au long de sa vie et puis, aussi, de décrocher cette reconnaissance qu'il n'a eu de cesse de chercher chez son géniteur. Mais il n'a, comme réponse, que le mutisme incessant de son père et ses besoins d'être mis au propre.

Au fil des jours, les frères et soeurs passent en coup de vent. Tous bien trop préoccupés par leur quotidien pour s'arrêter plus de quelques minutes. A moins que ce ne soit leur façon de prendre leur revanche sur un père qui n'a jamais réussi à choisir entre ses deux familles. Malgré la présence continue du narrateur au chevet de ce vieil homme, l'absence règne en maitre au sein du foyer et du récit.

Alors, pendant que son père somnole, pendant que l'on attend une mort qui, bientôt, se fera désirer, pendant que l'on s'en veut d'espérer qu'elle arrive plus vite que prévu, le fils se questionne sur le sens de la vie, la vieillesse, la perte de repère, la mort. Ainsi, dans cette maison où le temps n'a plus que peu d'importance, la vie et la mort s'entremêlent, se côtoient et s'apprivoisent pour finalement poser une question fondamentale : et si l'urgence de vivre, c'était aussi, et justement, de profiter des derniers instants qui nous sont donnés auprès de ces êtres aimés devenus vieux ?

C'est un premier roman à l'écriture saisissante, maitrisée à la perfection et magistrale. Malgré un sujet délicat et difficile à traiter en littérature, Pierre Guerci signe un récit empli d'humanité et d'amour pour cet homme qui, à n'avoir pas su choisir, n'aura jamais véritablement été complètement présent auprès des siens.
Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}