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Critique de viou1108_aka_voyagesaufildespages


« Personne ne devrait rester très longtemps dans un endroit où on le rejette, mais je navigue en cercles, sombrant dans l'étang de ma propre défaite sociale. Je me sentais sur le point de me noyer dans mes larmes, mes propres vers, écoeurée par ma propre écriture blablabla (...) ».
Tel est le destin cornélien de Cleo, la narratrice, poétesse et écrivaine cubaine, publiée et primée à l'étranger, mais censurée dans son propre pays. Pourquoi ? On ne sait pas trop, mais ses écrits sont sans doute jugés trop subversifs. Pourquoi alors ne quitte-t-elle pas définitivement son île-prison, puisque apparemment elle arrive de temps à autre à obtenir des visas pour l'Espagne, le Mexique ou les Etats-Unis ? Probablement parce que, d'une part, à l'étranger, les Cubains exilés la suspectent d'être une espionne du régime castriste (sinon pourquoi finit-elle toujours par rentrer à Cuba?). Et d'autre part, parce qu'on devine qu'elle est viscéralement attachée à sa patrie, quitte à passer pour une masochiste. Peut-être aussi parce qu'elle semble profondément dépressive et n'a pas la force de volonté nécessaire pour s'arracher une fois pour toutes à cette dictature où les vexations, les menaces, les perquisitions et les violations de vie privée sont pourtant insupportables.
Peut-être aussi parce que c'est le pays de ses parents, elle qui est dévastée par leur mort dans un accident de voiture un an auparavant. Enfin, ça c'est la version officielle. Parce qu'un beau jour débarque à La Havane un certain Geronimo, acteur d'Hollywood qui prépare un film. Et qui révèle à Cleo que son père n'est pas son père, qu'elle est née aux USA et que l'accident de voiture de ses parents n'en était donc peut-être pas un. D'où tient-il ces informations, qui connaît-il en (très) haut lieu pour obtenir ce genre de quasi secret d'Etat ? Entre la paranoïa ambiante et les manipulations à tout-va, on s'étonne que Cleo ne se pose pas plus de questions. Comme on s'étonne qu'elle admire à ce point Gabriel Garcia Marquez qui, tout prix Nobel qu'il soit aujourd'hui, n'en a pas moins fait copain-copain avec Fidel dès 1959.

Tout cela aurait pu être très intéressant, mais, comme Cleo elle-même, j'ai été « écoeurée par [son] écriture blablabla ». Rien n'est clair, tout n'est que sous-entendus et faux-semblants, « apocryphe » même, selon Cleo. Comment voulez-vous tirer ça au clair ? Trop lyrique et elliptique, ce récit, en plus, ne provoque pas d'empathie envers Cleo, qu'on observe se vautrer dans ses pleurnicheries et sa dépression.
Bref, beaucoup de questions que l'auteure ne se donne pas la peine de résoudre. Evidemment, me direz-vous, dans un régime aussi insécurisant, déclinant et absurde que la dictature cubaine, il n'y a peut-être pas de réponses. Possible, mais d'autres en ont beaucoup mieux parlé.

Merci aux éditions Buchet-Chastel et à Masse critique de Babelio pour cette découverte.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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