La confiance est également une hypothèse sur la conduite future de son prochain.
Excédent de Bagages
"Si on me laissait prendre tout ce qui me manque
Si on me laissait emporter l'île et le miracle
Je n'aurais nulle part où rentrer .
Je ne reviendrai pas vers moi
Ni vers tes souvenirs."
La faculté qu’a la littérature de voler, de voyager seule, de naviguer libre, est incroyable, même si je l’emprisonne entre mes mains nerveuses aux veines apparentes et l’étrangle, elle refuse de devenir une de mes multiples chaînes à perpétuité, vole avec sa personnalité propre, prend son indépendance vis-à-vis de moi, de mes bâillons, et si elle revient, c’est avec un autre accent.
J’étais le dernier témoin du groupe de vacanciers de la plage à être resté dans la ville désertée, aussi racontai-je chaque minute de mes derniers jours là-bas pour décrire ce qui se passait à Cuba. Achevant ma fable, entre larmes et baisers, je me sentis comme une héroïne de la résistance cubaine. Aucun d’entre eux n’était capable de supporter ce que nous supportions tous les jours, à quoi bon, je lisais dans leurs yeux, là-bas il n’avait plus que les résidus, les vestiges, le crépuscule, les figurants et de ce film raté. Nous étions les bêtes de somme destinées à avancer vers l’abîme né de la douleur, de la brutalité, la sottise incohérente et la vulgarité, supportant le peu qu’il nous restait de cette utopie née dans les années 1960.
Personne ne devrait rester très longtemps dans un endroit où on le rejette, mais je navigue en cercles, sombrant dans l'étang de ma propre défaite sociale. Je me sentais sur le point de me noyer dans mes larmes, mes propres vers, écœurée par ma propre écriture blablabla, étranglée dans la brume surveillée de l'éternelle touffeur de l'été. Une main apparut dans l'obscurité. Je la pris sans poser de questions et sortis résolument de l'eau.
Je suis seule et j'ai la responsabilité de me guider. Ma force c'est d'être seule, de me guider, moi : être ma propre vigie me permet de rester déterminée.
L’enfance est la saison la plus solitaire et injuste du monde, tout le monde dispose, décide et intervient dans ton existence.
Ils n'ont pas compris la plaisanterie, la seule chose que leur avait ôtée l'exil était la capacité à rire du malheur, qui représentait un affront à la douleur.
"Je suis un spécimen en exposition
Je vis dans un zoo inhumain où on nous
Soigne et nous surveille
La réalité est muséable, martiale, effrontée
Et je ne suis qu'une espionne dans la jungle
De l'art .."
... je vais me chercher là-bas, j’appartiens à cette terre. C’est mon odeur et ma lumière.