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Critique de Titania


On ne sort pas indemne d'une telle plongée en enfer.

Affronter l'histoire de l'ange de la mort d'Auschwitz, c'est comme regarder le diable en face, le mal absolu, la négation de l'Homme. J'ai pensé très fort à ceux qui l'ont croisé, pour leur plus grand malheur, Violette en particulier, tous ceux qui ne sont plus là maintenant pour témoigner.

Olivier Guez nous emmène à la chasse au nazi dans l'Amérique du sud complaisante de l'après guerre où se cache le sinistre Mengele, mais aussi un nombre impressionnant de ses compatriotes, dont Barbie ou Eichmann. Il nous détaille réseaux et complicités. Mengele s'est abrité derrière ce mur de solidarité et de silence et a survécu grâce à l'armée d'avocats et la fortune de sa famille dans des dictatures peu regardantes. Incroyable qu'il ait pu revenir se balader en Europe et visiter ses parents !

L'auteur nous livre ce récit avec un style dépouillé et une structure simple. Il est précis sur les faits et la seule concession faite au romancier c'est quand Il entre dans le cerveau de son personnage arrogant, dépourvu d'émotion et de regret seulement préoccupé de sa personne, imbu de lui-même.

c'est la chronique de l'inhumanité incarnée, un discours raciste porté jusqu'à la tombe, la rencontre entre une idéologie mortifère et un psychopathe, un homme froid qui ne se réfugie pas dans l'excuse de l'obéissance aux ordres.

Inquiétant que personne n'ait songé à trahir quelqu'un de si détestable. Ces ambiguïtés et ces silences en disent long sur les fidélités fondées sur des convictions partagées. le Mal n'est peut-être qu'endormi…

Les contingences géopolitiques, la guerre froide, puis les conflits du Proche Orient, ont ralenti la justice internationale, et Mengele est mort bêtement à la plage . Toutefois, s'il n'a pas été jugé comme Eichmann, il a vécu dans une prison à ciel ouvert, de plus en plus mal au fur et à mesure de ses changements d'identité, misérable paranoïaque se brouillant avec tout le monde, ressassant son passé et justifiant ses crimes.

Les prix littéraires me laissent perplexe la plupart du temps, je ne vois pas trop les raisons de leur subite promotion. Pour ce récit simple et fort, j'approuve le choix du jury. Au moment où des nazis entrent au Bundestag, Olivier Guez interpelle notre présent à la lumière d'un passé terrible.

Méfions nous, les vieux démons mutent comme les virus, leurs habits neufs ne sont que des leurres.

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