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Critique de berni_29


Deux femmes et un jardin est l'histoire simple d'une rencontre entre une femme d'un certain âge et une adolescente timide. Entre les deux, comme un trait d'union, il y a un jardin ou plutôt une vieille maison qui abrite ce jardin.
Nous sommes dans la campagne normande, dans un village retiré de l'Orne. Au hasard d'une mystérieuse généalogie, Mariette une femme de ménage fatiguée par des années de labeur, habitant et travaillant à Paris, hérite d'une vieille bicoque perdue dans un village de Normandie. Mariette habite déjà dans ce village, elle a quatorze ans, elle est timide et rebelle, un peu voleuse, elle entre dans ce jardin comme un chat à la fois curieux et à l'affût...
Mais ce jardin est en friche, on ne s'en aperçoit pas trop l'hiver, mais au printemps quand la nature commence à exprimer toute sa joie et sa liberté, cela devient une évidence. Ce jardin en friche, il faudra bien s'en occuper, l'entretenir. Mariette qui vient de la ville est un peu désemparée... Seule elle ne sait pas trop comment s'y prendre.
Ce sont trois êtres qui vont se rencontrer puisqu'ici le jardin est un personnage à part entière. Il est le lieu,- et sans doute bien plus encore qu'un lieu, qui réunit et lie ses deux personnes qui n'étaient pas faites a priori pour se connaître.
Toutes deux vont s'apprivoiser...
Voilà deux femmes dont les vies semblaient vouées à la solitude ! Et sans doute aussi ce jardin à l'abandon livré aux mauvaises herbes... Mais qu'est-ce qu'une mauvaise herbe tant qu'on ne lui a pas donné un nom, tant qu'on ne l'a pas contemplé avec d'autres mauvaises herbes pour y voir une harmonie ?
Anne Guglielmetti, l'auteure de ce livre est au plus près d'une émotion tout en retenue dans ce récit. Son écriture est délicate, sobre, faite de poésie, même si on sait peu des personnages, si on sait peu de leurs ressentis. Parfois son écriture est déstabilisante aussi, un peu comme un jardin rebelle.
Ici bien sûr les thèmes évoqués me sont chers, tels que la mémoire, la transmission, l'amitié aussi.
La force du texte tient aussi à cette narration originale qui donne la parole successivement à chacune des femmes, elles deviennent tour à tour narratrices, spectatrices et actrices de l'histoire qui les unit presque malgré elles.
Et puis il y a au milieu de ce jardin ce vieux marronnier dans toute sa splendeur. J'ai pensé alors au châtaigner du jardin de mon enfance. Enfant, j'avais planté une châtaigne. Au fil des années elle avait donné un petit arbre, mes parents avaient respecté cela, on était fier de cet arbre. On y revenait avec plaisir sous son ombre grandissante à chaque été retrouvé. Plus tard mon père est mort, la maison a été vendue il y a près de vingt-cinq ans maintenant ... Tout récemment, passant dans cette ville où ma famille avait habité autrefois, j'ai eu envie de revenir sur les lieux. Je suis allé dans la rue qui donne sur l'arrière de la maison côté jardin. Il n'y avait plus d'arbre... Ou du moins, je ne parvenais pas à voir grand-chose avec cette humidité dans mes yeux. C'est bête un jardin qui pleure...
Malgré le sujet, je suis toujours resté un peu en lisière de ce jardin sans jamais vraiment y pénétrer. Je crois par ailleurs n'avoir jamais pu vraiment entré dans le coeur de Mariette ni celui de Louise. J'aurais aimé mieux les connaître. Mais parfois c'est peut-être aussi aux lecteurs que nous sommes de construire l'histoire au gré de notre imagination...
Cette lecture fut cependant un instant bucolique et délicat comme je les apprécie en ce moment.

LU DANS LE CADRE DU PRIX DU ROMAN CEZAM 2022.
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