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Critique de gill


Encore des fumées d'opium ? Des histoires de petites alliées toulonnaises ?
C'est par une préface en forme d'un souriant clin d'oeil à Claude Farrère que Louis Guichard entame ce récit "Bleu Marine" des souvenirs de quelques officiers du torpilleur "la Cordelière".
En quelques pages, en quatre lettres et en autant de saisons, les présentations sont faites.
L'enseigne de vaisseau Legac, le lieutenant de vaisseau Dormeuil, le capitaine de corvette Mesquer et, commandant le bâtiment, le capitaine de vaisseau de Saint-Molfe seront, durant ces douze chapitres, nos plus proches confidents.
Ce sont, au lendemain de la grande guerre, des hommes tels que ceux que l'on a pu voir se battre dans les livres de Paul Chack.
Ils ont cessé d'être épiques.
Mais qu'ils viennent de Bretagne, de Beauce, du Ponant ou du Levant, un seul point commun les rassemble : le désir d'échapper au rythme obsédant de la vie quotidienne.
C'est par les marins seuls qu'existe ce bleu marine et Louis Guichard se propose d'étudier les reflets de cette couleur dans l'existence de ces quelques officiers.
Au point de vue littéraire, le marin est un garçon bien fait, sorte d'intermédiaire entre un berger contemplatif et un astronome penché sur ses calculs, qui sait se conduire sur l'eau mais qui, à terre, est généralement en passe de se perdre...
Son prestige est en baisse.
Car son monde se rétrécit en même temps que s'accélère la vitesse de ses croisières.
Le "pacha" toujours maître à bord après Dieu, ne l'est plus aussi qu'après ce commandant en chef à qui la T.S.F. permet d'envoyer des ordres à l'autre bout du monde.
Au lendemain de la première guerre mondiale, notre société est en pleine mutation et la "Marine", dont les ponts ne sont plus en bois, dont les crédits ne sont plus aussi généreux, semble en plein marasme....
Paru en 1927, rehaussé de quarante images dessinées par Pierre le Conte, cet ouvrage est d'une haute tenue littéraire.
Louis Guichard est aussi l'auteur du formidable "Au large", paru en 1919.
Peut-être n'aimez-vous pas la mer ?
Dans ce cas, vous pourrez débarquer au premier soupir d'ennui, fermer ce livre et le laisser aux marins, à ceux qui s'apprêtent à le devenir ou à ceux qui regrettent de ne pas l'avoir été.
Sinon, lisez-le plus avant car la plume de son auteur est fine et élégante.
Elle n'est pas, non plus, dénuée d'humour.
Les officiers de marine n'ont plus grand avenir dans la littérature et Louis Guichard nous prévient que, chassés des romans, ils préparent leur revanche et se mettent tous à en écrire !
Puissent-ils, comme lui, raconter aussi bien la pluie et le beau temps, le quart et la vie à la mer...





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