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Critique de lillou


Le Journal d'une bipolaire, ma dernière découverte graphique, porte sur un sujet peu évident : la bipolarité (nouvelle appellation de la maniaco-dépression) de Camille.
Au tout début du livre, la jeune fille revient de vacances au Canada et, entre la pression que lui met son petit ami québécois et les partiels qui arrivent, elle « craque ». La bipolarité – pour résumer, des fluctuations anormales de l'humeur – se déclare souvent autour de la vingtaine, fréquemment à la suite d'un déclencheur : un stress important, un événement traumatisant. En l'occurrence, la maladie n'est pas diagnostiquée de suite : on croit à une déprime, un chagrin d'amour, etc., mais la gravité de la situation s'impose à Camille et à son entourage assez rapidement.

Camille oscille entre fatigue chronique, moments d'euphorie intense, idées noires et tentatives de suicide… Multipliant les expérimentations diverses, tombant dans l'excès (d'alcool, d'aventures d'un soir), elle enchaîne les rechutes plus ou moins graves et fait de fréquents séjours en centres psychiatriques. Les médecins tentent alors de trouver – et de doser – un traitement adéquat qui permettrait à la jeune fille d'être plus sereine et de mener une vie « normale ».
Car c'est aussi de cela qu'il s'agit : Camille arrête évidemment ses études, s'éloigne de ses anciens amis, reste souvent enfermée chez elle, ou en clinique comme dans une bulle (entourée de jeunes malades, isolée du monde réel).
Dès lors, quand elle décroche un CDD de six mois à Eurodisney, c'est un véritable défi qui se pose : mener quelque chose jusqu'au bout, rester six mois sans retourner à l'hôpital, se faire de nouveaux amis en dehors du circuit des cliniques…
Quant à ses parents, divorcés, ils sont très présents, mais également désemparés et parfois épuisés, presque poussés à bout. Il est intéressant de voir leurs réactions et l'acceptation progressive de son état par son entourage.

Si cette BD est tellement juste et authentique, c'est qu'elle est autobiographique : aidée par son père Patrice Guillon (pour les amateurs de BD, il est connu comme scénariste sous le nom de Pierre Henri), Emilie raconte la bipolarité au quotidien, les débuts de la maladie, ses conséquences pratiques, comment il faut apprendre à vivre avec.
La postface écrite par un psychiatre vient intelligemment compléter et expliciter de nombreux éléments évoqués dans ce témoignage.

Impossible de finir ce billet sans parler du dessin. Je ne suis pas très calée en la matière : il me suffit que le trait serve avec justesse le propos (et encore). C'est le cas ici puisque Sébastien Samson offre des dessins vifs, efficaces et empreints de jeunesse.

Le Journal d'une bipolaire est une BD touchante, un récit sans complaisance d'une jeunesse contrariée. Emilie Guillon nous ouvre une fenêtre très humaine pour découvrir une pathologie psychiatrique, certes connue de nom, mais rarement incarnée.
Une très belle lecture, utile.


Lien : http://monbaratin.blogspot.c..
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