AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Gruizzli


J'avais lu une première fois cette BD sans rien connaitre de Brassens que des chansons passant parfois à la radio. J'avais bien apprécié sans plus, ne cherchant pas à l'acheter ou le relire. C'est cependant des années plus tard, devenu très fan de l'auteur-compositeur-interprète grâce à une compilation de ses chansons que mon frère a eu la bonne idée de prendre, je me suis replongé dans cette BD avec un oeil neuf. Et finalement, je me suis retrouvé très touché par celle-ci, malgré des défauts assez visibles qui m'empêchent de la considérer comme excellente.

Le gros souci, que je veux éliminer d'office, c'est que cette BD est surtout faite pour les personnes fan de Brassens ou connaissant déjà bien son oeuvre et son style. Elle ne sert pas vraiment d'introduction à sa carrière, faisant plutôt le choix de montrer ce qu'il était comme homme via une astuce scénaristique fantastique qui permets d'englober différents aspects de sa personnalité. J'ai vécu personnellement la lecture en tant que néophyte et en tant qu'initié, et malheureusement je dois dire que la BD parle bien plus aux seconds. C'est le gros point négatif de cette BD, selon moi, puisqu'elle restreint d'office son public.

Pour le reste, sous des aspects de dessin comique, la BD est en fait une lettre d'amour ouverte à Brassens, dans laquelle l'auteur nous présente le moustachu gratteur de guitare dans la société de l'époque. La plupart de l'humour vient surtout des interactions entre Brassens et ses contemporains, qui permettent de comprendre (en tout cas pour ceux qui, comme moi, sont nés bien après ces années 50) l'état d'esprit de ces années-là. Bien sur, nous aurons le droit à l'autorité morale, judiciaire et policière, ceux-là même dont Brassens se moque à longueur de chanson par des pieds de nez parfois méchant, parfois drôle, mais toujours incroyablement juste. C'est là que l'intérêt de lire cette BD en tant que connaisseur des chansons du grand Georges réside, puisqu'on retrouve ce qui a façonné l'homme qu'il fut, ses luttes et ses combats, ses envies et ses démons. Rien de plus jouissif que d'écouter à nouveau "Hécatombe" en pensant à quel point flic, gendarme, maréchaussée et autres gardiens de la paix (qui feraient mieux de nous la foutre, dixit Coluche) étaient -ou sont- des gardiens d'un ordre moral avant tout. A quel point vouloir l'émancipation sexuelle des femmes (sur "95 %" par exemple) était considéré comme vulgaire. Lorsque j'entends aujourd'hui que Brassens fut qualifié de pornographe, terme qu'il arborait fièrement, je comprends mieux à la lecture de cette BD et des avis que l'on avait sur la morale à l'époque. Une période qui n'a pas encore connu Mai 68 ou les années Mitterrand. Et pourtant, c'est si proche ...

Je parle beaucoup de Brassens, mais la BD est aussi très mignonne sur cette mort qui ne veut pas emporter le chanteur parce qu'elle aime la façon dont il chante. C'est une idée mignonne et qui permets de rappeler que Brassens parlait souvent de la camarde, la grande compagne qu'il invoquait dans ses chansons comme une amie, une camarade ou une amante. La mort était aussi bien présente dans ses chansons, alors autant la faire réelle. Bref, ça foisonne de référence à l'oeuvre de Brassens, en tout sens. Parfois glissant d'ailleurs dans la citation juste pour la citation, ce qui est dommage à mon sens.

En somme, la BD est avant-tout une BD pour les fans de Brassens qui vont trouver ici une histoire à leur gout, une très sympathique BD qui charrie moult références à ses chansons et continent aussi une très belle déclaration d'amour à l'oeuvre de ce poète. Pour ma part, j'aime beaucoup tout en reconnaissant les faiblesses d'une oeuvre qui se limite dans son public. Je ne peux pas la considérer comme essentielle, mais personnellement j'ai un petit coup de coeur pour elle !
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}