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Critique de Merik


Merik
22 novembre 2023
Abdulrazak Gurnah, on en parle ?
À vrai dire il ne faudra pas vraiment compter sur moi, je le connais à peine. Prix Nobel traduit depuis peu par ici, je n'ai lu de lui que « Près de la mer » avant de me plonger dans ces «  vies d'après », qui sont plutôt des vies d'avant à l'échelle temporelle de notre modernité, mais qui font ressentir beaucoup de choses via les traumas géopolitiques, et leur cohorte de scories transgénérationnelles.
Nous sommes en Tanzanie au début du siècle dernier, en pleine crise d'hégémonie européenne tournée vers les colonies. Allemands, britanniques, portugais, belges (pas trop de français de ce côté-ci de l'Afrique de l'Est) se livrent à des combats sans merci, entre eux ou envers les habitants. Les locaux seront le plus souvent écrasés par les askaris dans les rebellions freinant les avancées, ou plus simplement affamés par les pénuries et les razzias allemandes orchestrées dans les villages. Parmi eux il y a Ilyas, enlevé tel un simple fétu de paille par un soldat allemand sur le quai d'une gare, pour simplement l'avoir à portée de main d'esclavagiste. Ilyas ne reverra pas sa famille, même s'il finira par retrouver sa jeune soeur Afiya expédiée en famille d'accueil au décès de ses parents. Avant de repartir au combat, volontaire cette fois dans la Schutztruppe. Il y a aussi Hamza, empêtré dans la servitude envers un officier allemand, lui même empêtré dans la guerre envers les locaux ou les britanniques. Hamza sera lui aussi libéré, une vilaine blessure en souvenir. L'occasion de retrouver la grande ville où il a vécu et je n'en dirai pas plus, contrairement à la 4ème de couv qui prend ses aises en résumant les grandes lignes. Même s'il peut être bon de savoir que le reste naviguera plus souvent entre espoir et amour que précédemment, par le biais de personnages marquants tel Khalifa au grand coeur camouflé, « bourru sentimental attentif aux autres et aux torts qui leur sont faits »
LA grande force de ce roman me paraît être sa facilité à nous immerger dans un monde éloigné qui nous deviendra familier et sensible, à travers une écriture sans flonflon ni fioriture, essentiellement factuelle, pouvant même paraître neutre. Pas de détours ni de doutes, Abdulrazak Gurnah entre essentiellement dans ses personnages par leurs actions, mais il ressort de son art de conter une maîtrise et une forme de détermination, on embarque sans retenue dans ses destinées d'avant augurant celles d'après, en éprouvant leur sensibilité. le genre d'auteur qui ne perd pas son temps, car il a tout simplement des choses à nous dire, et nous faire ressentir.
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